Thématique

Climat-Énergie

Pour enrayer le réchauffement global sous le seuil crucial de 1,5 °C et pour que la France, en accord avec sa responsabilité historique, soit exemplaire en matière de lutte climatique, nous oeuvrons au quotidien pour construire un mouvement climat radical, populaire et non-violent à même de proposer des solutions à la hauteur du défi.

Contexte

La question climatique est à la croisée de tous nos combats. Que ce soit notre façon de nous nourrir, de nous loger, de nous déplacer, de nous chauffer, de consommer : le dérèglement du climat est provoqué par de nombreux secteurs de l’activité humaine. Il met sur la sellette des millions de vies sur Terre et risque de générer des effets en chaîne qu’on ne peut ni anticiper ni contrôler. C’est le défi posé à notre génération. Un défi unique qui n’est pas encore perdu. Et surtout : qu’au nom de la solidarité et de l’équité entre les peuples et les générations, nous nous refusons de perdre. 

Enjeux

Un défi systémique

Le dérèglement du climat ne tombe pas du ciel : son origine anthropique fait aujourd’hui consensus parmi les scientifiques. Les émissions de gaz à effet de serre, responsables du dérèglement du climat, sont provoquées par différents secteurs de l’activité humaine. 

Nous consommons des énergies fossiles pour chauffer nos habitats, pour produire nos aliments via une agriculture mécanisée gourmande en intrants et décentralisée, pour nos transports ou celui de nos marchandises lorsque nous utilisons cargos, voiture ou avions, pour nos habits, produits loin et en dérivés de pétrole, pour nos appareils électriques et électroniques. 

Au coeur de cette consommation débridée des énergies fossiles ne se niche pas un enjeu technique, mais un choix de société : celui d’un modèle basé sur l’accumulation des richesses (et donc des ressources) au profit de quelques uns. Un modèle capitaliste, productiviste, consumériste qui ne subsiste qu’en poussant à toujours plus de consommation, toujours plus de vitesse, toujours plus de production de richesses. Imputer à l’humain la responsabilité du dérèglement climatique ne suffit pas : il faut préciser que c’est bien son mode d’organisation économique et sociale dominant qui en responsable. Pourquoi ? Parce que cela permet de ne pas s’égarer, lors de la recherche de solutions, du côté de palliatifs techniques, mais de s’attaquer à la véritable racine du problème : le système. Comme le dit le slogan devenu célèbre : c’est le système que nous devons changer, pas le climat. 

Des conséquences potentiellement irréversibles

Les effets du dérèglement climatique, déclenché par la révolution industrielle de la fin du XIXe siècle, se font déjà sentir dans de nombreux endroits du globe. Avec  un réchauffement global par rapport à l’ère pré-industrielle d’approximativement 1 °C en 2017 (soit situé entre 0,8 °C et 1,2 °C) selon le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), un certain nombre de phénomènes ont été constatés : augmentation des catastrophes naturelles (sécheresses, incendies massifs), fonte des glaciers et montée des eaux entraînant modifications et perte de territoires, paupérisation des ressources… 

Pourquoi 1,5°C ?

Le Rapport spécial du GIEC sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C, paru en octobre 2018 a mis en évidence la nécessité de cantonner ce réchauffement global sous le seuil crucial de 1,5 °C d’ici 2100 car les conséquences -déjà colossales- resteraient moins dramatiques qu’avec un réchauffement de 2 °C. Ainsi, le niveau de la mer en 2100 serait de 10 centimètres inférieur avec un réchauffement à 1,5°C qu’il ne serait avec un réchauffement de 2 °C. 70 à 90 % des récifs coralliens disparaîtraient dans un monde à +1,5 °C, contre la totalité dans un monde à +2 °C. A 1,5 °C, les conséquences sont donc déjà désastreuses : non seulement sur les écosystèmes, mais également sur les communautés humaines qui voient les migrations forcées, les conflits pour l’accès aux ressources et les famines se décupler. A +2 °C, elles seraient pires, et pourraient déclencher des changements pérennes et irréversibles. 

Un combat pour l'équité et la justice

Les pays du Sud et les communautés les plus vulnérables sont les premières victimes du dérèglement climatique. Amer paradoxe : ce sont celles et ceux qui ont le moins contribué au dérèglement du climat qui en subissent en premier lieu les conséquences. En effet, c’est le mode de développement des pays du Nord qui est à l’origine des émissions de gaz à effet de serre provoquant le dérèglement du climat .

C’est pourquoi, dans les négociations sur le climat organisées  au sein de la Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques (CNUCCC ou UNFCCC en anglais), le principe de “responsabilité commune mais différenciée des Etats” a été reconnu. Si tous les Etats doivent faire leur part d’effort, celle-ci doit être établie de façon équitable en fonction de leur responsabilité historique. Cette question de justice internationale et d’équité est le gouvernail de nos mobilisations pour le climat au niveau international. 

Malheureusement, les négociations internationales peinent à contraindre les Etats à se mettre sur la bonne trajectoire. En 2015, lors de la 21ème conférence des parties de la CNUCCC (la “COP21”), les Etats ont signé l’Accord de Paris se fixant pour objectif de contenir l’élévation de la température de la planète nettement en dessous de 2 °C et de poursuivre l’action menée pour limiter l’élévation des températures à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels. Mais la somme des efforts individuels que les Etats concèdent à faire conduit à un monde à +3 °C voire + 4°C, et rien dans le dispositif onusien ne peut contraindre les Etats pollueurs à faire leur part de l’effort. Parmi eux, la France, qui malgré ses déclarations d’intention et le visage qu’elle veut présenter au niveau international, ne remplit pas sa part équitable de l’effort.   

Tous responsables ?

Mais qui n’en fait pas assez ? Les citoyen·ne·s ? Face à l’ampleur du défi, il ne faut pas nier qu’une grande partie de la population va devoir revoir ses pratiques de consommation : en premier chef, les plus privilégiés dont le mode de vie empiète aujourd’hui sur la possibilité pour les autres de satisfaire leurs besoins fondamentaux. Les “petits gestes” ne suffiront plus : c’est un changement en profondeur des habitudes de consommation qu’il va falloir enclencher, accompagné d’un système de soutien et de solidarité pour les plus démuni.e.s. Cependant, même si la population adoptait massivement des changements drastiques dans son mode de vie, cela ne suffirait pas à ce que la France reste sur la bonne trajectoire. Sans volonté politique ferme de décarbonation de l’économie, impliquant une régulation forte des entreprises, les changements individuels resteront insuffisants. 

Les responsables contre lesquels nous devons nous mobiliser, nous les connaissons : ce sont ces grandes entreprises énergétiques comme Total, EDF ou Engie, ces champions de l’agro-business comme Cargill ou Monsanto, ces géants de la vente en ligne comme Amazon. Au niveau mondial, 90 entreprises sont responsables de 50% des émissions. Derrière eux, les financeurs : les banques privées comme Société Générale, BNP Paribas ou Crédit Agricole, mais aussi les institutions financières publiques nationales ou européennes comme la Banque publique d’investissement ou la Banque européenne d’investissement. Le manque de décisions politiques de la part de décideurs pour contraindre l’activité de ces acteurs économiques et fixer des objectifs collectifs ambitieux est la clé de voûte du problème. L’influence des lobbies à tous les niveaux (nationaux, européens ou internationaux) gangrène le système et contribue à ce que les décideurs placent les intérêts privés avant ceux des peuples. 

Notre vision

Vers un mouvement climat de masse, non-violent et déterminé

Face à l’urgence climatique, nous devons contraindre les décideurs à prendre leurs responsabilités, empêcher les multinationales d’agir en toute impunité et construire d’ores-et-déjà les alternatives concrètes au système défaillant.  Pour enclencher un changement radical du système, nous devons nous appuyer sur un mouvement de masse non-violent et déterminé. De masse car c’est avec toute la population que doivent se construire des sociétés soutenables qui soient justes et équitables afin que les plus précaires ne soient pas les éternels laissés pour compte. Radical car il ne s’agit pas de colmater les brèches du système défaillant à coups de solutions techniques et de pansements verts, mais bien de repenser la façon dont s’organisent l’ensemble des pans de notre société. Non-violent car c’est la stratégie qui, selon nous, permet d’enclencher des changements massifs et pérennes. 

Assumer la réduction de la consommation 

Pour rester sous le seuil de 1,5 °C, il ne sera pas possible de maintenir notre niveau global de consommation actuelle. Il ne suffit pas de chercher, par exemple, à substituer toutes les voitures thermiques par des voitures électriques et de continuer à faire la promotion de la voiture individuelle et de l’augmentation constant du parc : ce modèle resterait fortement énergivore et supposerait l’exploitation constante de ressources finies (notamment de métaux rares pour les batteries), sans parler du risque de recours à l’énergie nucléaire, qui est tout aussi insoutenable que risquée. L’enjeu collectif est donc de consommer mieux, et de consommer moins. 

Efficacité énergétique des bâtiments, limitation stricte de la voiture individuelle, diminution de l’apport carné,… : le rapport B&L évolution propose dans son rapport “Comment aligner la France sur une trajectoire de 1,5 °C” des hypothèses de mesures qu’il serait bon de prendre pour réduire la consommation énergétique en France, hypothèses qui ont le mérite d’ouvrir le débat public sur la façon dont nous devons adapter nos modes de vie. 

Une énergie 100% renouvelable entre les mains des citoyen·ne·s 

En matière énergétique, par exemple, la solution réside dans la réduction de la consommation et le recours à une énergie 100 % renouvelable entre les mains des citoyen.ne.s. Pour réduire la consommation, il s’agit de prioriser la satisfaction des véritables besoins, c’est la sobriété : par exemple, cela suppose de se passer de panneaux de publicité lumineux, éteindre les vitrines des magasins fermés, … Il s’agit également de diminuer la quantité d’énergie nécessaire pour un même besoin : c’est l’efficacité : elle s’obtient en isolant mieux les bâtiments, en améliorant les rendements des appareils. Ni nucléaire, ni énergies fossiles : une énergie 100% renouvelable est la solution pérenne et sûre sur laquelle nous devons miser. Il est primordial que celle-ci soit entre les mains des citoyen.ne.s : la maîtrise de l’énergie est en effet clé pour permettre un accès équitable à tou.te.s, et non pas le recours à des modèles fortement centralisés entre les mains de multinationales en recherche de profits.

Refuser les fausses solutions 

Mais tout le monde n’est pas favorable avec l’idée d’un changement de système. Les partisans de la “croissance verte” considèrent qu’il serait possible de poursuivre le mode de vie des classes privilégiées des pays développés en s’appuyant sur un certain nombre d’innovations techniques. Ces “fausses solutions” non seulement ne s’attaquent pas à la racine du problème mais, pire, peuvent avoir des conséquences dramatiques. 

Par exemple, le secteur de l’aviation promeut actuellement un doublement du trafic aérien en s’appuyant, pour soi-disant limiter son impact carbone, sur le recours à la compensation carbone et aux agrocarburants. Deux fausses solutions dont les impacts sociaux et environnementaux sont majeurs (accaparement des terres, déforestation,…). 

La lutte contre les lobbies et pour la transparence est l’une des conditions pour mettre un terme aux fausses solutions et à la “croissance verte”.

Bâtir de vraies alternatives 

La solution ne viendra pas que d’en haut : si nous devons mener bataille pour contraindre dirigeants et entreprises à aller dans la bonne direction, en parallèle doivent se construire sur les territoires les alternatives qui permettent d’ores-et-déjà de poser les bases des sociétés soutenables. Relocalisation de l’économie grâce aux circuits courts ou aux monnaies locales, transformation de la géographie des transports pour favoriser la mobilité douce, travail sur l’emploi et convergence avec les travailleur.se.s pour des transitions justes, solidarités concrètes avec les plus démuni.e.s, production d’énergie renouvelable citoyenne,… autant d’alternatives concrètes qui s’expérimentent déjà à l’échelle de certains territoires.  

Demandes

01

Aucun euro de plus ne doit être versé aux énergies fossiles.

Les financements privés et publics doivent être réorientés en priorité vers les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique

02

La France doit être cohérente avec l’objectif de 1,5 °C

Des mesures structurelles doivent être prises pour que la France fasse sa part équitable de l’effort en matière de lutte contre le dérèglement climatique, dans une perspective de justice sociale et en assurant la transition juste des travailleurs

03

Solidarité envers les pays les plus impactés

Des mécanismes de solidarité doivent être mis en place avec les pays et les populations les plus défavorisés : financement de l’adaptation, accueil des migrants environnementaux