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Climat-ÉnergieFinance
25 avril 2017

AXA fait un pas de plus contre le charbon mais continue d’assurer le chaos climatique

La veille de son Assemblée générale et de la sortie d’une note par les Amis de la Terre France dénonçant le maintien de soutiens d’AXA au développement de nouvelles centrales à charbon, le géant de l’assurance prend les devants.

Il annonce l’application de sa politique en matière de désinvestissement aux actifs gérés pour tiers par AXA IM, une des deux filiales de gestion d’actifs du groupe AXA. Les Amis de la Terre saluent cette annonce qui répond en partie à une de leurs demandes, mais regrette le fait que les actifs gérés pour tiers par leur autre filiale de gestion d’actifs, AllianceBernstein ne soient pas concernés. L’association, qui maintient son intervention demain lors de l’Assemblée générale d’AXA, rappelle aussi qu’à défaut de bons critères de désinvestissement, AXA continue de soutenir le développement de nouvelles centrales à charbon.

AXA vient d’annoncer l’application de sa politique de désinvestissement des entreprises qui tirent plus de 50% de leur chiffre d’affaires à partir de charbon aux actifs gérés pour compte de tiers par AXA IM 1. Jusqu’à présent, seuls les actifs gérés pour compte propre étaient concernés par cette politique. Cette annonce arrive la veille de l’Assemblée générale du groupe à laquelle les Amis de la Terre France ont prévu de participer afin d’interpeller son PDG Thomas Buberl sur trois enjeux. Les Amis de la Terre, qui avaient prévenu AXA de leur présence demain et des thèmes qu’ils allaient soulever saluent donc cette annonce qui répond, bien que de manière insuffisante, à une des trois questions qu’ils s’apprêtent à poser 2.

Lucie Pinson, chargée de campagne Finance privée des Amis de la Terre France commente :

« Ne pas appliquer sa politique à tous les actifs gérés était non seulement incohérent mais aussi très lourd de conséquences pour le climat puisque cela permettait à AXA de continuer d’investir dans des entreprises exclues par ailleurs en raison de leur responsabilité dans l’aggravation de la crise climatique. Nous saluons donc cette mesure qui constitue une première parmi les grandes sociétés d’assurance au monde 3, mais nous déplorons qu’elle ne s’applique qu’à AXA IM et non à AllianceBernstein, l’autre filiale de gestion d’actifs d’AXA qui gère pourtant 41% des encours du groupe 4 ».

Malheureusement, il en faudra aussi bien plus à AXA pour reprendre le leadership qu’il avait acquis en mai 2015 avec sa première annonce de désinvestissement du charbon. Car comme le souligne la note « Assurer le chaos climatique » que les Amis de la Terre publieront demain 5 et dont AXA a connaissance, le seuil de 50% retenu il y a bientôt deux ans par le groupe a depuis lors été dépassé par de nombreux d’investisseurs, dont Allianz qui a retenu le seuil de 30% 6, et est loin de répondre à la première urgence climatique : cesser d’investir dans des entreprises qui continuent de construire de nouvelles centrales à charbon quel que soit leur taux d’exposition au charbon 7.

« En tant que gestionnaire ultime du risque dans nos sociétés, AXA, comme les autres assureurs, doit cesser d’investir mais aussi d’assurer les entreprises qui continuent de développer le charbon car celui-ci reste une menace majeure pour l’humanité. Or, au cœur même de l’Union européenne, le géant de l’assurance français continue d’investir dans des entreprises qui prévoient toujours la construction de nouvelles centrales à charbon. Nous nous inquiétons notamment des soutiens à RWE ou aux entreprises polonaises PGE, Energa ou encore Tauron. L’annonce d’aujourd’hui pourrait entraîner la fin des soutiens à ces entreprises polonaises mais sans aucune certitude car a priori, elles ne sont pas couvertes par le critère de 50% retenu par AXA et qui est calculé sur le chiffre d’affaires des entreprises et non sur la production d’électricité générée à partir de charbon » poursuit Lucie Pinson.

En effet, le charbon étant de moins en moins rentable, de nombreuses entreprises comme celles-ci produisent plus de 50% de leur électricité à partir de charbon mais tirent moins de 50% de leur chiffre d’affaires à partir du charbon. Les Amis de la Terre ne manqueront pas d’interroger AXA sur ces points demain lors de son Assemblée générale, et attendent des réponses à la hauteur de l’enjeu climatique.

Contact : Lucie Pinson, chargée de campagne Finance privée aux Amis de la Terre France, 0679543715, lucie.pinson@amisdelaterre.org

Notes
1

Voir le communiqué d’AXA sur cette page : https://www.axa-im.com/en/news-archive/-/news/axa-investment-managers-divests-from-companies-most-exposed-to-coal/maximized/2wCz

2

Les Amis de la Terre France poseront trois questions à AXA, une sur les critères généraux de désinvestissement, une sur la légitimité d’assurer les secteurs des énergies fossiles et une était prévu sur l’application de ces politiques aux actifs gérés pour compte de tiers. Celle-ci portera désormais sur le critère de référence à retenir pour le secteur de la production d’électricité où AXA devrait exclure les entreprises qui produisent plus de 50% de leur électricité à partir de charbon et non celles qui tirent plus de 50% de leur chiffre d’affaires du charbon. Pour plus d’informations, contactez Lucie Pinson au 06 79 54 37 15

3

D’autres acteurs plus petits appliquent déjà leurs critères d’exclusion à la fois aux actifs gérés pour compte propre et à ceux gérés pour tiers. On peut notamment citer AMP Capital qui applique sa politique de désinvestissement armes et tabac à l’ensemble de leurs encours.

4

En 2016, sur un total de 1 152 milliards d’euros d’encours sous gestion, Axa IM en gérait 679 milliards d’euros et AB 473 milliards.

5

La note qui est sous embargo jusqu’à mercredi 26 avril 00.01, sera téléchargeable ici : « Assurer le chaos climatique : AXA soutient toujours le développement du charbon« 

6

Avec un seuil de 30 % Allianz se désinvestissait du charbon pour un montant de 4 milliards d’euros. Avec un seuil de 50%, AXA s’était désinvesti pour un montant de 0,5 milliard d’euros. Aujourd’hui, AXA se désinvestit de 177 millions d’euros supplémentaires.

7

Les Amis de la Terre demandent à AXA de cesser d’investir dans des entreprises exposées à plus de 30% au charbon, qui produisent ou consomment plus de 20 millions de tonnes de charbon et qui continuent de développer de nouveaux projets charbon.