Climat-ÉnergieFinance
Communiqué de presse14 octobre 2010

Medupi (Afrique du Sud) : le Crédit Agricole finance un projet charbonnier climaticide

En dépit de la campagne mondiale d'opposition de la société civile, le Crédit Agricole a approuvé récemment un prêt de 63,7 millions d'euros à la compagnie Eskom en Afrique du Sud, pour la construction de la gigantesque centrale à charbon de Medupi.

Les Amis de la Terre avaient déjà condamné en avril 2010 la décision de la Banque Mondiale (1) de financer ce même projet aux impacts très lourds pour le climat et l’environnement, et qui n’améliorera en rien l’accès à l’électricité de la population sud-africaine. Les Amis de la Terre condamnent donc cette transaction et demandent le retrait immédiat du Crédit Agricole de ce projet.

Depuis de nombreux mois, une coalition de plus de soixante organisations sud-africaines, ainsi qu’une centaine d’organisations de la société civile internationale, dont les Amis de la Terre, dénoncent les effets dévastateurs que causera la méga-centrale à charbon de Medupi (4800 MW). Une fois construite, cette centrale émettra 25 millions de tonnes de CO2 par an, le charbon étant le combustible fossile le plus nocif pour les changements climatiques via d’importantes émissions de CO2 et de méthane.

Ce projet a été conçu pour répondre aux besoins du secteur industriel, et profitera en premier lieu aux multinationales étrangères tournées vers l’exportation, principalement les compagnies minières. Ainsi, d’une part, la mise en marche de cette centrale impliquera la nécessité d’ouverture de 40 nouvelles mines de charbon en Afrique du Sud. D’autre part, l’énergie générée viendra alimenter l’industrie minière qui se reconnaît comme l’un des plus importants consommateurs d’énergie du pays, et bénéficie de plus de tarifs préférentiels. Juliette Renaud, chargée de campagne Responsabilité des Acteurs Financiers aux Amis de la Terre, dénonce : « On en arrive à un constat de la plus grande absurdité : les compagnies extractives du secteur du charbon exploitent ce combustible afin d’alimenter les centrales d’Eskom, qui vont à leur tour approvisionner en énergie les différents projets miniers de ces mêmes multinationales. Le Crédit Agricole doit immédiatement cesser de financer ce cercle vicieux aux conséquences environnementales et sociales plus que désastreuses« .

De plus, la population sud-africaine devra supporter la charge de ce nouvel investissement : Eskom prévoit d’ores et déjà une augmentation des tarifs mensuels de l’électricité de 48 à 130 dollars pour les foyers sud-africains entre 2009 et 2012, ce qui rendra l’énergie inabordable pour les plus pauvres et pèsera lourdement sur tous les particuliers. Par ailleurs, les populations locales verront leur santé lourdement affectée en raison de l’exposition aux résidus de mercure liés à la production d’électricité à base de charbon, ainsi que des différentes pollutions provoquées par l’extraction de charbon dans les nouvelles mines.

L’Afrique du Sud a pourtant un fort potentiel de développement des énergies renouvelables, notamment l’énergie éolienne et solaire. Ces ressources permettraient à ce pays d’effectuer une transition vers un secteur énergétique et une économie sobres en carbone. Yann Louvel, référent de la campagne Responsabilité des Acteurs Financiers aux Amis de la Terre conclut: « Pour reprendre un slogan du Crédit Agricole lui-même :  »It’s time for green banking » et non pour le greenwashing (2). Les banques devraient déclarer un moratoire des financements de nouvelles centrales à charbon et soutenir à la place les opportunités d’amélioration de l’efficacité énergétique et de renforcement du secteur des énergies renouvelables« .

Contact presse : Caroline Prak, Les Amis de la Terre, 01 48 51 32 22 / 06 86 41 53 43

(1) Le Panel d’Inspection de la Banque Mondiale a accepté la plainte de deux ONG sud-africaines, et donc ouvert une enquête.
(2) Les Amis de la Terre viennent d’ailleurs de nominer le Crédit Agricole dans la catégorie « Greenwashing » des Prix Pinocchio : www.prix-pinocchio.org.