En octobre de l’an dernier, le Centre international de Recherche sur le cancer (CIRC), l’agence spécialisée de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a classé la pollution de l’air comme cancérigène certain chez l’homme. Depuis, cette dernière institution a produit, au début de cette année, un rapport très impressionnant indiquant que 7 millions de personnes sur la planète décédaient chaque année du fait de la pollution de l’air (soit 1 décès sur 8 !). Le Dr Maria Neira, directrice du département OMS Santé publique, déterminants sociaux et environnementaux de la santé indiquait d’ailleurs : « Peu de risques ont un impact supérieur sur la santé mondiale à l’heure actuelle ».
Si l’essentiel de ces décès surviennent
dans les pays en voie de développement,
en France, ses effets sont déjà considérables.
Ainsi, dans notre pays, rien que pour les
particules fines (PM2,5 et PM10) 41 000
décès surviendraient prématurément
chaque année…
Bien sûr, ces morts ne sont pas identifiables
individuellement, il s’agit de statistiques…
De ce fait, ces décès de maladies
cardio-vasculaires ou respiratoires sont
« noyés » dans le flot de la mortalité… Les
chiffres en deviennent presque « acceptables
». Pourtant, ces 41 000 morts sur
les 530 000 décès annuels, cela n’ont rien
de secondaires : 1 décès sur 13 !
Comparativement, les accidents de la
route provoquent 10 fois moins de morts.
Asthme, cancer, diabète, etc.
Dans un monde qui considère l’économie en premier lieu, il serait bon de citer le coût considérable de la pollution de l’air sur notre système de soin. Ce coût a été évalué de 0,7 à 1, 7 milliard d’euros par an ! (selon un document d’octobre 2013 du Commissariat général au développement durable). Les maladies incriminées dans cette somme sont principalement l’asthme mais aussi les bronchites aiguës, les bronchites chroniques, et les broncho-pneumopathies chroniques obstructives.
Pour autant, on oublierait presque qu’audelà
de ce bilan désastreux sur notre
santé respiratoire, la pollution de l’air
favorise aussi de nombreuses autres
maladies.
Ainsi, les particules fines largement
émissent par nos véhicules diesel (mais
aussi par l’industrie, les cheminées à
foyer ouverts ou l’agriculture) sont si
petites qu’elles peuvent, au niveau de nos
alvéoles pulmonaires (tout au fond de
l’appareil respiratoire), passer dans le système
sanguin et de là rejoindre tous les
organes.
Ces particules, classées cancérigènes, sont aujourd’hui connues ou soupçonnées de favoriser un grand nombre de pathologies : en épaississant la paroi artérielle, elles sont fortement soupçonnées de favoriser des accidents vasculaires cérébraux, elles favoriseraient aussi l’apparition du diabète de l’adulte. Chez les nouveaux nés, elles seraient responsables d’une diminution du poids de naissance, voire même d’autisme…
Une politique ambitieuse de réduction de ces émissions polluantes est urgente sur un plan international comme national : rappelons que nous avons eu des épisodes très préoccupants de pollution de l’air au début de cette année dans de nombreuses régions françaises.
Cette politique ambitieuse permettrait de favoriser les déplacements doux, l’activité physique (et les très nombreux bénéfices pour la santé qui y sont associés), de réduire notre dépendance aux énergies fossiles (et de pacifier ainsi les relations internationales !) et enfin de réduire dans le même temps nos émissions de CO2 et donc de protéger notre climat… Motivant !
> PHILIPPE PERRIN
www.ecoinfirmier.com
photo : Frederic Dinh