centrale à charbon
Climat-ÉnergieFinance
Communiqué de presse20 mars 2019

Rapport international : depuis la COP21, les banques continuent de financer le chaos climatique

Au lendemain d’une mobilisation inédite de la jeunesse pour le climat, le rapport international Fossil Fuel Finance Report Card 2019 révèle que les 33 principales banques mondiales ont accordé 1688 milliards d’euros de financements aux énergies fossiles depuis la COP21.

Parmi elles, les Françaises BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et Natixis ont financé le charbon, le pétrole et le gaz à hauteur de 124 milliards d’euros depuis 2016. Face à l’urgence climatique, les Amis de la Terre France et leurs partenaires appellent les banques à aligner l’ensemble de leurs activités sur l’objectif de limiter le réchauffement global à + 1,5 °C.Ils étaient plus d’un million de jeunes à travers le monde ce vendredi 15 mars à dénoncer l’inaction des décideurs politiques et économiques [1].

Quelques jours seulement après, le Fossil Fuel Finance Report Card 2019 « Banking on Climate Change » publié par 6 organisations internationales et soutenu par plus de 160 autres [2] rappelle la dramatique responsabilité du secteur financier dans la crise climatique. Passant au crible les soutiens des 33 plus grands groupes bancaires mondiaux à plus de 1800 entreprises des secteurs du charbon, du pétrole et du gaz, le rapport permet d’établir que 1688 milliards d’euros de financements ont été accordés à ces industries polluantes depuis l’adoption de l’Accord de Paris en décembre 2015, soit plus que le PIB du Canada ou de l’Espagne.

Alison Kirsch, chercheuse Climat et énergie au Rainforest Action Network, réagit : « Ce rapport est une alerte rouge. L’échelle massive à laquelle les banques internationales continuent à injecter des milliards de dollars dans les énergies fossiles est totalement incompatible avec un avenir viable. Les financements aux industries fossiles ont même continué d’augmenter depuis l’Accord de Paris sur le climat. C’est une insulte à la logique, à la science et à l’humanité. Si les banques ne cesse pas de toute urgence de soutenir ces secteurs sales, les catastrophes attendus d’un emballement climatique ne seront plus seulement probables, mais imminentes ».

Dans leur note « Financer le chaos climatique » [3] qui présente les conclusions de ce rapport, les Amis de la Terre France ont analysé précisément l’implication des banques françaises. Malgré leurs déclarations d’intention lors de et depuis la COP21 en 2015, celles-ci ont financé le charbon, le pétrole et le gaz à hauteur de plus de 124 milliards d’euros au cours des trois dernières années. La France est ainsi le 6ème pays d’origine de ces flux financiers aux énergies fossiles dans le monde.

La note se penche en outre sur le pétrole et le gaz non-conventionnels, des secteurs qui se distinguent autant par leurs impacts extrêmes sur le climat que par leur développement très inquiétant. Les banques françaises ont accordé 19,4 milliards d’euros aux sables bitumineux, hydrocarbures de schiste, gaz naturel liquéfié, forages en eaux très profondes et en Arctique depuis 2016. Société Générale se place une nouvelle fois en tête des banques françaises en matière de soutiens à ces secteurs, avec 6,5 milliards d’euros de financements depuis l’adoption de l’Accord de Paris.

« Alors que les conséquences des dérèglements climatiques se manifestent déjà sous nos yeux, le dernier rapport du GIEC nous dit qu’il nous reste une décennie pour réaliser une réduction drastique des émissions mondiales de gaz à effet de serre et espérer éviter une dégradation complète du climat. Au lieu de cela, le secteur bancaire est au volant d’un véhicule qui nous mène droit dans le mur, et des banques comme Société Générale appuient sur l’accélérateur en soutenant l’expansion d’industries toujours plus polluantes, comme les gaz de schiste aux Etats-Unis. Face à l’urgence de la situation, il n’est plus temps pour les banques françaises de se satisfaire d’effets d’annonce et d’ajustements politiques mineurs. Elles doivent dès aujourd’hui aligner l’ensemble de leurs activités sur l’objectif de limiter le réchauffement global à 1,5 °C », conclut Lorette Philippot, chargée de campagne Finance privée aux Amis de la Terre France.

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