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Finance
Communiqué de presse24 mai 2011

Scandale Glencore/Mopani : plus de 50 députés demandent un moratoire sur les financements européens aux mines en Afrique

Suite aux révélations accablantes sur les impacts de la mine de Mopani, en Zambie, qui a bénéficié de fonds européens pour le développement via la BEI, plus de cinquante députés européens interpellent aujourd’hui la Commission et la Présidence de l’Union européenne (UE).

Leur demande : un moratoire sur les financements publics de l’UE aux projets miniers en Afrique 1. Les Amis de la Terre France soutiennent cette démarche et exhortent les institutions européennes à engager un débat sérieux sur la dépendance de l’Europe aux matières premières et sur ses politiques vis-à-vis des pays du Sud.

Le géant Suisse Glencore réalise aujourd’hui une entrée en Bourse record à Londres alors qu’un scandale a récemment éclaté au sujet des activités de sa filiale en Zambie, Mopani Copper Mine (MCM). En 2005, Mopani a bénéficié d’un prêt de 48 millions d’euros sur les ressources de l’aide au développement européenne, via la Banque européenne d’investissement (BEI) pour la construction d’une nouvelle fonderie sur le site de la mine de Mufulira.

Enquêtant sur le projet, les Amis de la Terre France et l’ONG zambienne CTPD ont mis à jour les pratiques controversées qui l’entourent : évasion fiscale 2, pollutions massives à l’acide, dégradation des conditions de vie des mineurs, expulsions forcées 3… Savior Mwambwa, directeur de l’ONG zambienne CTPD, commente : « Mopani délocalise ses profits en Suisse pour éviter de payer des impôts en Zambie. La compagnie paie des salaires très bas aux mineurs, et est responsable de pollutions graves autour du site de Mufulira, notamment d’émissions très toxiques d’acide sulfurique dans l’air. Dans ces conditions, il est difficile de soutenir que le projet contribue au développement. »

Pour les députés européens signataires de la lettre ouverte rendue publique aujourd’hui, Mopani pourrait n’être « qu’un exemple parmi tant d’autres ».

Anne-Sophie Simpere, des Amis de la Terre, explique : « La BEI a investi dans de multiples projets miniers en Afrique, dans des pays souvent sensibles, alors que les industries extractives sont une activité extrêmement risquée 4. La banque n’a aujourd’hui ni les normes, ni les procédures, ni les capacités de les évaluer et de suivre leur réalisation. Nous soutenons donc l’appel des députés à un moratoire sur les financements publics de l’Union européenne aux projets miniers – y compris via la BEI – tant que des normes et procédures strictes et contraignantes ne sont pas en place pour garantir que des cas comme Mopani ne se reproduiront pas. »

Cette demande intervient alors que les initiatives pour les matières premières de la Commission européenne semblent au contraire vouloir augmenter les prêts de la BEI aux mines en Afrique, pour assurer l’accès aux minerais de l’Europe.

Anne-Sophie Simpere conclut : « Au lieu de nous accaparer les gisements africains, il faudrait questionner notre dépendance aux minerais. Ce sont des ressources finies dont l’extraction a un coût environnemental et social lourd. Les exploiter pour alimenter la surconsommation d’une partie du monde est irresponsable. »

Contact presse :

Caroline Prak – 06 86 41 53 43 / 01 48 51 18 96

Le documentaire, “Zambie, à qui profite le cuivre ?” peut être visionné en avant première sur le site de Télérama.

Notes
1

Voir les documents ci-dessous

3

Voir le rapport de CTPD et des Amis de la Terre « Projet Mopani : l’Europe au cœur d’un scandale minier ».

4

Une liste de projets financés par la BEI de 2000 à 2006 est par exemple disponible dans le rapport : « BEI : six ans de financement du pillage minier en Afrique ».