A deux jours du Climate Finance Day, AXA a annoncé qu’il réduira à zéro l’exposition de ses portefeuilles d’assurance et d’investissements au charbon d’ici 2030 dans les pays de l’UE et de l’OCDE et d’ici 2040 ailleurs.
L’assureur mondial appelle les entreprises auxquelles il est exposé d’adopter d’ici 2021 d’un plan de sortie, et si possible de fermeture, de leurs infrastructures charbon, aligné avec l’objectif de limiter le réchauffement en-dessous de la barre des 1,5°C.
Dès à présent, et en s’appuyant sur la Global Coal Exit List (GCEL), AXA exclut de tous soutiens près de 400 entreprises en raison de leurs projets de développement de nouvelles mines ou centrales à charbon. De plus, il annonce qu’il ne renouvellera pas les contrats autres que ceux dédiés à des projets d’énergies renouvelables, pour ses clients très exposés au charbon (1).
AXA fait donc une nouvelle fois preuve d’un leadership climatique à faire pâlir BNP Paribas, SCOR et les autres acteurs financiers internationaux. Et pourtant les mesures annoncées sont les seules défendables dans un contexte d’urgence climatique :
- une tolérance zéro à l’égard des entreprises qui comme Adani ou KEPCO misent sur le développement du charbon ;
- un durcissement des conditions de soutiens à l’égard des autres entreprises du secteur. RWE, grand client de BNP Paribas, ne pourra bénéficier par exemple que de couvertures dédiées à des projets d’énergie renouvelable.
- La politique d’AXA n’a pas d’angle mort et même Engie et EDF sont appelées à adopter un plan de sortie du charbon d’ici 2021”.
Ces mesures doivent devenir la norme minimale sur le charbon pour toute institution financière qui s’engage à respecter l’objectif de 1,5°C de l’Accord de Paris. Les Amis de la Terre France appellent donc les autres institutions financières à adopter a minima les mesures annoncées par AXA.
Quant au géant de l’assurance, l’heure n’est pas au repos. Car si AXA impose son leadership climatique en matière de sortie du charbon, presque tout reste à faire sur le gaz et le pétrole.
Aujourd’hui, AXA a annoncé l’émissions d’une obligation de transition avec Crédit Agricole. Plusieurs projets, qui seront financés à travers cette obligation, sont des projets gaziers. Or, les obligations de transition ne se valent que si elles sont alignées avec les objectifs climatique de l’Accord de Paris. AXA n’aidera pas la transition ni les populations en soutenant, à travers ces obligations, le développement massif de nouveaux projets gaziers.
D’une part, comme reconnu par le directeur exécutif de l’AIE à plusieurs reprises, le budget carbone ne laisse pas de place à de nouveaux projets émetteurs de CO2 et le gaz, même, pour le trafic maritime, sera loin de garantir la réduction des émissions nécessaire. D’autre part, produire de l’électricité à partir de renouvelables est déjà moins cher que de le faire à partir de gaz en Asie.
BNP Paribas déclarait l’année dernière que exporter du gaz de schiste nord américain, sous forme liquéfié, est pire pour le climat que le charbon.
Cela ne veut pas dire que les obligations de transition ne doivent financer que du vert. Mais pour être sincères, ces obligations de transition doivent aller à des entreprises qui s’engagent à aligner progressivement leurs activités sur une trajectoire 1, 5°C, adoptent des objectifs de décarbonation de court, moyen et long terme fondés sur la science comprenant notamment un plan de sortie des énergies fossiles.
Enfin le problème reste moins les obligations de transition mais toutes les obligations mainstream ou dites "vanilla bonds" qui continuent de financer des activités du monde d’hier, très carboné et qui détruit les écosystèmes.
En conclusion, dans un contexte d’urgence climatique, il est indispensable qu’AXA s’attelle dès maintenant au secteur gazier et pétrolier et annonce notamment > un arrêt de toutes couvertures d’assurance à de nouveaux projets d’énergies fossiles > une suspension de tous soutiens, côté investissement et assurance, aux entreprises qui continuent de développer de nouveaux projets fossiles et n’auraient pas de plan de sortie aligné avec l’objectif de 1,5°C. > une exclusion immédiate des entreprises très actives dans les gaz et pétrole de schiste, forages en eaux profonde et en Arctique et gaz naturel liquéfié.
Contacts :
Lucie Pinson, référente de la campagne finance privée des Amis de la Terre France et coordinatrice de la campagne Unfriend Coal, +33 (0)679543715, lucie@sunriseproject.org.au ; lucie.pinson@amisdelaterre.org
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