arton1926
Climat-ÉnergieFinance
Communiqué de presse20 mai 2015

AG du Crédit Agricole : la banque met fin à ses financements aux mines de charbon !

Interpellé par les Amis de la Terre lors de son Assemblée Générale et en pleine Climate Week sur ses soutiens au secteur du charbon, le Crédit Agricole vient d’annoncer sa décision de mettre un terme à ses financements aux projets de mines de charbon et aux exploitants spécialisés dans cette activité. A moins de 7 mois de la conférence des Nations-Unies sur le changement climatique, le Crédit Agricole est ainsi la deuxième banque au monde, après Bank of America (1), à réduire ses financements à ce secteur. Les Amis de la Terre et BankTrack se félicitent de cette avancée et appellent le Crédit Agricole à transformer l’essai en signant l’Appel de Paris pour arrêter tous ses soutiens à l’industrie du charbon.

« Après leur engagement à ne pas financer les projets miniers du bassin de Galilée (2), le Crédit Agricole paraît bien parti pour s’affirmer en tant que leader du secteur financier en matière climatique ! Sa réponse à notre interpellation est beaucoup plus convaincante que celles données par la Société Générale (3) ou BNP Paribas (4) lors de leur Assemblée Générale ces derniers jours. En arrêtant les mines de charbon, le Crédit Agricole prend acte qu’il faut laisser plus de 80% des réserves de charbon dans le sol pour maintenir le réchauffement de la planète en dessous de 2°C. » commente Lucie Pinson, chargée de campagne Finance privée / Coface aux Amis de la Terre.

« Le Crédit Agricole va même plus loin que Bank of America qui a récemment annoncé qu’elle réduisait et non coupait ses financements aux mines de charbon. Et surtout sa décision couvre l’ensemble de ses soutiens financiers, que ce soit des financements de projets, d’entreprises ou des émissions d’actions et d’obligations » ajoute Paul Corbit Brown, de l’organisation « Keepers of the Mountains » aux Etats-Unis venu demander à la banque de réellement mettre un terme à ses soutiens au MTR, une technique barbare d’extraction du charbon pratiquée dans les Appalaches. Car la banque qui avait annoncé en 2013 la fin de ses financements au MTR était en réalité toujours impliquée dans le financement des entreprises les plus actives du secteur, via les émissions d’obligations (5).

Cependant, si les militants saluent l’annonce du Crédit Agricole, ils en notent les limites. La première est que la politique du Crédit Agricole ne concerne que les entreprises qui sont spécialisées dans l’extraction de charbon. Ainsi la banque continuera de financer l’extraction de charbon à travers ses soutiens à des multinationales comme BHP Billiton, Glencore, ou encore Anglo American. Et la deuxième est que le Crédit Agricole n’a rien annoncé sur les projets des centrales à charbon et les producteurs d’électricité à partir de charbon qu’elle a soutenu à hauteur de 4,7 milliards d’euros entre 2005 et avril 2014 (6).

« Il n‘y a pas de petit soutien ni de projets à faibles impacts lorsqu’on parle de charbon. Partout, de son extraction à sa combustion dans des centrales à charbon, le charbon détruit le climat et les ressources dont dépendent des communautés entières. En 2009, le Crédit Agricole a participé au financement des énormes centrales de Medupi et Kusile en Afrique du Sud qui ne feront que renforcer les inégalités dans le pays. Aujourd’hui, je lui demande de ne pas refaire la même erreur et de s’engager à ne pas financer de nouveau projet de centrale et notamment celui de Thabametsi développé par Engie en Afrique du Sud, alors que nous avons un des meilleurs potentiels au monde en matière d’énergies renouvelables » ajoute Thomas Mnguni un sud-africain venu rappeler à la banque que le charbon était une énergie dépassée, au sud comme au nord.

« Nous saluons l’avancée du Crédit Agricole qui arrive après plus de 10 ans de campagne des Amis de la Terre et de BankTrack. Nous l’appelons dès maintenant à transformer l’essai en étendant son engagement à l’ensemble de ses soutiens au secteur du charbon en signant l’Appel de Paris (7). Cela doit commencer par son retrait du projet de centrale à charbon de Pomin C en Croatie et sa décision de ne plus financer tout nouveau projet de centrale. Il lui reste 7 mois pour en finir avec le charbon » conclut Yann Louvel, coordinateur de la campagne Climat et Energie de BankTrack.

Contact presse :
Lucie Pinson – lucie.pinson@amisdelaterre.org – 0679543715
Yann Louvel – yann@banktrack.org – 0688907868

(1) Bank of America a annoncé le 6 mai dernier la mise à jour de sa politique charbon incluant désormais un engagement à réduire ses crédits aux entreprises de mines de charbon à travers le monde. Voir le communiqué de Rainforest Action Network sur cette page.
(2) Fin mars 2015, les banques BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale se sont engagées à ne pas financer les projets de mines de charbon et les infrastructures associées du bassin de Galilée, deuxième zone de développement potentiel du charbon au monde. Voir notre communiqué de presse sur cette page.
(3) Voir les notes écrites par BankTrack et les Amis de la Terre sur les soutiens au charbon de BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale disponibles sur cette page.
(4) Voir la réaction des Amis de la Terre et BankTrack à l’Assemblée générale de BNP Paribas sur cette page.
(5) Voir l’article des Amis de la Terre « Une politique pour mettre un terme au MTR ? Le Crédit Agricole nous enfume ! » sur cette page.
(6) D’après l’étude « Banking on Coal 2014 » de BankTrack parue en octobre 2014 et disponible sur cette page.
(7) Voir cette page concernant l’Appel de Paris.