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Climat-ÉnergieFinance
Communiqué de presse21 mai 2014

Assemblée Générale du Crédit Agricole : la banque soutient toujours la destruction des Appalaches

Montreuil – le 21 mai 2014 - L’Assemblée générale (AG) des actionnaires de Crédit Agricole a lieu aujourd’hui à Paris. Les Amis de la Terre y participent en interpellant la direction de la banque sur ses investissements aux impacts environnementaux et sociaux désastreux dans le domaine du charbon.

L’association demande à Crédit Agricole de s’inspirer de l’exemple de BNP Paribas qui a rompu ses liens avec les principales entreprises actives dans le domaine du « mountaintop removal », une technique extrême d’extraction du charbon employée dans les Appalaches aux États-Unis.

Réaction des Amis de la Terre à l’Assemblée Générale du Crédit Agricole 2014, le 23 mai

Après la BNP Paribas la semaine dernière et la Société Générale hier, les Amis de la Terre interpellent aujourd’hui le Crédit Agricole sur ses investissements dans l’industrie du charbon, et plus précisément sur ses soutiens à Arch Coal et Alpha Natural ressources, deux producteurs de charbon qui s’adonnent au Mountain top removal – ou « étêtage de sommets montagneux » (1) – une technique d’extraction du charbon aux conséquences environnementales, sanitaires et sociales désastreuses. Présents à l’Assemblée générale de la banque, les Amis de la Terre appellent le Crédit Agricole à suivre l’exemple de la BNP Paribas qui a black-listé les principales entreprises pratiquant le MTR de ses services financiers.

En effet, l’an dernier, et suite aux pressions des Amis de la Terre, notamment au cours de leur Assemblée générale (2), les deux banques publiaient chacune une politique sectorielle qui visait en partie les projets et entreprises qui pratiquent le MTR (3). Mais, « la politique sectorielle mines et métaux du Crédit Agricole ne fait pas exception parmi les politiques sectorielles des banques : le vocabulaire et les formulations adoptés manquent presque toujours de précision et laisse une marge d’interprétation énorme aux banques qui les ont formulées. Il n’est donc pas étonnant qu’avec l’adoption de politiques apparemment similaires, le Crédit Agricole et la BNP Paribas arrivent à des conclusions totalement opposées, l’une s’interdisant de fournir des services financiers aux principales entreprises actives dans le MTR et l’autre continuant tout bonnement à les financer et soutenir leurs émissions d’obligations ! » explique Lucie Pinson, chargée de campagne Responsabilité des acteurs financiers aux Amis de la Terre.

« En soutenant notamment Arch Coal et Alpha Natural Ressources, qui comptent dans le top trois des entreprises minières actives dans le MTR, le Crédit Agricole participe à la destruction de l’une des plus belles chaînes de montagnes au monde et . L’industrie du charbon utilise quotidiennement plus de 3 000 tonnes d’explosifs pour faire sauter nos montages, ensevelissant ainsi des milliers de kilomètres de cours d’eau et répandant des pluies de poison sur nos communautés. Le MTR n’est pas seulement un crime environnemental mais constitue un véritable danger pour les populations qui voient les cas de cancer se multiplier et dont l’espérance de vie est près de vingt ans inférieure à la moyenne états-unienne » témoigne Paul Corbit Brown de l’association Keepers of the Mountains, qui accompagnait les Amis de la Terre à l’Assemblée Générale de la banque.

Ces problèmes ne sont pas passés inaperçus auprès du Groupe de travail des Nations Unies sur les Entreprises et les droits de l’homme qui, après s’être lui-même rendu en Virginie Occidentale pour recueillir les témoignages des populations victimes de la pratique du MTR, a mandaté une enquête sur les allégations de violations de droit de l’homme (3).

Les producteurs et leurs financeurs sont aujourd’hui rattrapés par les coûts réputationnels, réglementaires et financiers de cette pratique très controversée. De nombreuses entreprises impliquées dans le MTR, y compris des clients du Crédit Agricole, font aujourd’hui face à de grosses difficultés financières, et la banque poursuivait le mois dernier Trinity Coal, une filiale de l’entreprise minière indienne Essar, pour faillite involontaire (4).

« Au-delà de la question du MTR, le Crédit Agricole doit prendre le chemin de la transition énergétique et progressivement substituer ses investissements dans les énergies fossiles par d’autres dans l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables. Le MTR n’est que la partie émergée de l’iceberg et le Crédit Agricole a soutenu à hauteur de plus de 2 milliards d’euros le secteur des mines de charbon depuis 2005. Il ne suffit donc pas de prévenir l’exploitation toujours plus profond et plus coûteuse du charbon, mais d’exclure dès à présent l’ensemble de ce secteur de leurs services financiers » conclut Lucie Pinson.

Contact presse :

Caroline Prak – les Amis de la Terre – 06 86 41 53 43 – caroline.prak@amisdelaterre.org

(1) le MTR consiste à détruire aux explosifs jusqu’à 300 mètres du sommet des Appalaches pour atteindre les veines de charbon qui se trouvent en dessous.
(2) Assemblée Générale du Crédit Agricole en 2012
Assemblée Générale de la BNP Paribas en 2013
(3) Politique Minières de la BNP (en anglais) : http://www.bnpparibas.com/sites/default/files/ckeditor-upload/files/PDF/RSE/CSR-Sector-Policy-Mining.pdf
(4) http://www.bloomberg.com/news/2013-02-20/trinity-coal-creditors-file-involuntary-bankruptcy.html