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Agriculture
3 mars 2016

Autorisation du glyphosate : les Amis de la Terre Autriche portent plainte contre Monsanto

Les Amis de la Terre Autriche (Global 2000) ont annoncé mercredi à Vienne qu’ils déposaient une plainte relative à l’herbicide glyphosate, contre le producteur de semences Monsanto, l’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) et l’Office fédéral allemand d’évaluation des risques (BfR). L’association écologiste constate que de graves manquements dans la procédure ont amené à la conclusion que ce produit « ne serait pas cancérigène ».

Une nouvelle autorisation pourrait provoquer 500 cancers du système lymphatique par an dans l’Union européenne.

Les Amis de la Terre Autriche (Global 2000) ont annoncé mercredi à Vienne qu’ils déposaient une plainte relative à l’herbicide glyphosate, contre le producteur de semences Monsanto, l’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) et l’Office fédéral allemand d’évaluation des risques (BfR). L’association écologiste constate que de graves manquements dans la procédure ont amené à la conclusion que ce produit « ne serait pas cancérigène ».

Les Verts aussi examinent les voies à saisir pour un recours. Pour leur porte-parole sur l’Agriculture, Wolfgang Pirklhuber : « Une chose est claire, si l’on respecte le principe de précaution, l’autorisation du glyphosate ne peut tout simplement pas être prolongée de 15 ans ».

L’évaluation des risques de cancers est fondamentalement entachée d’erreurs

Dès la semaine prochaine (semaine du 7 au 12 mars 2016), le premier pas vers une autorisation par la Commission du glyphosate pour 15 années supplémentaires pourrait être voté par les Etats-membres. Pour le chimiste des Amis de la Terre Autriche Helmut Burtscher : « L’Office fédéral allemand pour l’évaluation des risques a violé ses propres principes de base », et il évoquait de nouveau les études menées sur des souris qui apportent la preuve que ce pesticide est cancérigène. A cause de cette publication, le Centre international de recherche sur le cancer (IARC) de l’Organisation mondiale de la santé concluait au printemps 2015 que le glyphosate « était probablement cancérigène ». L’Agence européenne, pour sa part, considérait tout en tenant compte de l’étude de l’IARC, que le risque de cancer de ce pesticide très largement utilisé était « improbable ». L’agence européenne se basait sur une analyse de l’Office fédéral allemand.

Les Amis de la Terre Autriche (Global 2000) rappellent que l’évaluation produite par l’Office allemand sur les risques de cancers doit servir de base scientifique pour le vote imminent de l’Union européenne sur le glyphosate, alors qu’elle est qualifiée par 96 experts comme étant « scientifiquement inacceptable », « fondamentalement incorrecte » et « induisant en erreur ».

« Lever les doutes et assurer la transparence »

L’association écologiste constate que dans la procédure, le droit a été violé à plusieurs reprises. Elle a donc demandé à l’avocat Josef Unterweger de déposer plainte devant les procureurs de Vienne et de Berlin. Plusieurs associations de protection de l’environnement européennes se sont jointes à la plainte. Comme motifs, l’avocat expliquait que Monsanto et divers organismes sont soupçonnés « d’avoir essayé de maintenir le glyphosate sur le marché européen, bien qu’il ait probablement une action cancérigène sur les humains ». Le but de la plainte est de « lever les doutes et d’assurer la transparence », pour remplacer la situation actuelle où des études qui entrainent une autorisation demeurent secrètes. Il s’agit pour les autorités et les citoyens d’une façon de procéder « indigne ».

Le délai pour la plainte est très court, car comme l’explique Burtscher, on s’attendait à une décision en juin. Pour le chimiste des Amis de la Terre Autriche /Global 2000, le comportement des autorités européennes est dicté par de très puissants intérêts commerciaux : « Si le pesticide n’était pas ré-autorisé en Europe, de nouvelles valeurs maximales devraient être fixées ». Le maïs et le soja que l’Europe importe d’Argentine et des Etats-Unis pour nourrir ses élevages seraient touchés par cette mesure. « Sans compter que les obstacles à la commercialisation de produits qui contiennent du glyphosate provoquerait des revers sensibles pour le traité de libre échange TAFTA ».

Augmentation des risques de cancers

Hanns Moshammer de l’association Doctoresses pour un environnement sain (ÄGU) explique les conséquences négatives qu’entraînerait une ré-autorisation : « Les études épidémiologiques qui ont été validées par l’Organisation mondiale de la santé concluent que les humains qui utilisent professionnellement le glyphosate ont un risque accru de 50 % de développer personnellement un cancer du système lymphatique. Si l’on transpose cela à l’Union européenne, on peut s’attendre, avec une estimation très prudente, à ce qu’un prolongement de l’autorisation du glyphosate provoque de 250 à 500 cas nouveaux de cancer du système lymphatique par an ».

KURRIER, Vienne, le 02.03.2016