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Climat-ÉnergieFinance
Communiqué de presse19 novembre 2015

BNP Paribas, dernière banque française à réduire ses financements au charbon

Montreuil, le 19 novembre 2015 - Alors que la COP21 approche à grands pas, BNP Paribas, dernière grande banque française à ne pas s’être engagée à réduire ses soutiens au charbon vient tout juste d’annoncer, à la suite du Crédit Agricole, de Natixis puis de Société Générale hier, de nouveaux critères qui restreignent ses financements à l’énergie la plus carbonée (1). Les Amis de la Terre saluent ces mesures qui restent toutefois loin de répondre à l'urgence climatique et aux demandes portées dans l'Appel de Paris.

Au lendemain de la publication par Société Générale de mesures visant la réduction de ses soutiens au charbon, c’est enfin au tour de BNP Paribas d’en faire de même. BNP Paribas arrête tous les financements de projets de mines de charbon dans le monde et de centrales à charbon dans les pays à hauts revenus de la Banque Mondiale ; elle arrête également le financement des entreprises minières spécialisées dans le charbon n’ayant pas de stratégie de diversification, ainsi que des entreprises productrices d’électricité qui ont une stratégie de réduction de la part de charbon dans leur production au moins aussi ambitieuse que celle de leur pays.

Lucie Pinson, chargée de campagne finance privée/Coface aux Amis de la Terre, analyse: “Bien que très insuffisants, ces engagements de la part de la première banque française en matière de financements au secteur du charbon depuis 2005 sont les bienvenus (2). Sur les financements de projets, BNP Paribas fait un peu mieux que Société Générale hier et s’aligne sur Crédit Agricole, mais se place derrière Natixis qui est la seule à avoir passé le test en ayant arrêté tous ses financements de projets charbon partout dans le monde, comme le requiert l’exigence de limiter le réchauffement de la planète en-dessous des 2°C (3). BNP Paribas est donc le dernier élève de la classe à rendre sa copie mais celle-ci est loin d’être à la hauteur des espérances”.

Sur les financements de projets de centrales, qui demeurent une partie infime des soutiens au charbon des banques, BNP Paribas ne fait qu’exclure comme le Crédit Agricole les pays à hauts revenus de la Banque Mondiale, soit 6,5% du marché seulement (4). Mais elle annonce dès maintenant plusieurs critères supplémentaires que la banque devra retranscrire et préciser dans ses politiques sectorielles afin d’éviter une large marge d’interprétation. Pour les Amis de la Terre, l’obligation pour toute centrale de réduire au maximum ses émissions de gaz à effet de serre implique par exemple de limiter leurs financements aux centrales les moins polluantes, dites ultra-supercritiques.

Concernant le financement d’entreprises actives dans le secteur du charbon, qui constitue l’essentiel des soutiens financiers de BNP Paribas (5), la banque s’aligne sur le Crédit Agricole et Natixis concernant les entreprises minières. L’exclusion concernant les entreprises productrices d’électricité à base de charbon est plus énigmatique et nécessitera d’être également explicitée dans son application.

Lucie Pinson conclut: “ Après plus d’un an de campagne des Amis de la Terre et de leurs partenaires pour que BNP Paribas mette un terme à ses soutiens au secteur du charbon, nous nous félicitons des ses premiers engagements. Mais nous sommes encore loin de nos demandes portées dans l’Appel de Paris (6). Les Amis de la Terre et leurs partenaires internationaux dresseront un bilan complet des engagements des banques françaises et internationales pendant la COP21. Nous publierons à cette occasion de nouvelles données sur les financements charbon qui montrent que les banques, et en particulier BNP Paribas sont encore loin de répondre à l’urgence climatique et qu’elles doivent passer à la vitesse supérieure. Pour les y aider, il est encore temps de voter pour BNP Paribas qui est nominée aux Prix Pinocchio du climat (7)”.

Contact presse :

Pierre Sagot, chargé de communication, les Amis de la Terre, communication@amisdelaterre.org 0686415343

Contact interviews :

Lucie Pinson, chargée de campagne Finance privée, Les Amis de la Terre, 06 79 54 37 15, lucie.pinson@amisdelaterre.org

1. http://www.bnpparibas.com/actualites/presse/bnp-paribas-va-consacrer-15mds-au-financement-energies-renouvelables-renforcer-son

2. Rapport des Amis de la Terre et BankTrack « Charbon : l’argent sale des banques françaises » et voir le classement des banques internationales sur le site internet de Banktrack : www.coalbanks.org

3. https://europeanclimate.org/expertises/power/

4. Selon la base de données Global Coal Plant Tracker, 6,5% des centrales à charbon annoncées, en demande de permis ou permises depuis le 1er janvier 2010 se trouvent dans des pays dits à hauts revenus selon la nomenclature de la Banque mondiale.

5. http://dotheparispledge.org/

6. http://www.prix-pinocchio.org/

7 D’après BNP Paribas, cette politique couvrira à la fois les financements aux entreprises et les services financiers (émissions d’actions et d’obligations, conseil, etc)