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Multinationales
4 mars 2016

Berta Cáceres, la militante hondurienne bien connue, a été assassinée

Berta Cáceres, lauréate 2015 du Prix Goldman pour l’Environnement a été assassinée dans la nuit du 2 au 3 mars dans sa maison. Les assassins ont attendu bien après la tombée de la nuit pour pénétrer dans la maison où elle dormait.

Les Amis de la Terre présentent toutes leurs condoléances à sa famille, ses amis et à tous ceux et celles qui travaillaient à ses côtés.

Pour Jagoda Munić, la présidente de la Fédération internationales des Amis de la Terre, « C’est un triste jour pour le Honduras et le monde. Compte tenu de la situation du Honduras où les militants de la cause des Peuples indigènes, des Droits humains ou écologistes, comme Berta Cáceres, sont la cible du gouvernement et des milices des multinationales, il est nécessaire de faire pression pour que les assassins comparaissent en justice et pour protéger ceux qui ont assez de courage pour parler au nom de leurs concitoyens et de l’environnement. »

Son héritage

Berta Cáceres avait mobilisé les membres de son peuple, les Lenca, et lancé une campagne partant de la base, qui réussit à exercer suffisamment de pression sur le premier constructeur mondial de barrages pour l’obliger à se retirer du projet de barrage « Agua Zarca ».

Extrait du site du Prix Goldman de l’Environnement :

« Depuis le coup d’état de 2009, le Honduras assiste à une explosion de mégaprojets très destructeurs pour l’environnement qui vont déplacer les communautés indigènes. Près de 30 % de la surface du pays est réservée à des concessions minières, ce qui augmente la demande en énergie bon marché pour faire fonctionner les futures exploitations minières. Pour satisfaire cette demande, le gouvernement a autorisé des centaines de projets de barrages partout dans le pays, en privatisant les rivières, les terres et en expulsant les communautés rurales.

Le barrage de Agua Zarca est un de ces barrages. C’est un projet conjoint entre la compagnie hondurienne Desarrollos Energéticos SA (DESA) et la société d’état chinoise Sinohydro, le plus grand bâtisseur de barrages au monde. Il est prévu sur la rivière sacrée Gualcarque et a été imposé sans consultation du peuple Lenca, ce qui est une violation des traités internationaux définissant les droits des Peuples indigènes. Le barrage couperait l’approvisionnement en eau, en nourriture, en médicaments de centaines de membres du peuple Lenca, et viole leur droit à gérer leur territoire et d’y vivre de façon durable. »

On ne sait pas encore qui est derrière l’assassinat de Berta Càceres, mais en tant que militante écologiste pour les droits humains et des Peuple indigènes, elle connaissait les risques qu’elle courait. En 1993, elle avait co-fondé le Conseil national des organisations populaires et indigènes du Honduras, le COPINH, pour s’opposer aux menaces croissantes que représentaient pour les communautés indigènes, la déforestation illégale, pour lutter pour leurs droits et améliorer leurs conditions de vie.

On a cruellement besoin du travail du COPINH. Le Honduras, ce pays où la corruption, est reine, a été baptisé « le lieu le plus meurtrier pour les militants écologistes ». D’après un rapport de l’ONG Global Witness, rien que l’an dernier, douze militants y ont été tués parce qu’ils défendaient des territoires et l’environnement, ce qui est, proportionnellement à la population, le taux le plus élevé au monde, un record que le Honduras tient depuis 5 ans.

Les Amis de la Terre admirent depuis longtemps Berta Càceres et le travail du COPINH et nous avons travaillé avec eux. En 2013, les adhérents des Amis de la Terre firent entendre leurs voix partout dans le monde lorsqu’elle était menacées avec d’autres militants d’être condamnée à la prison.

Information importante : Durant l’attaque, le militant des Amis de la Terre-Mexique (Otros Mundos Chiapas), Gustavo Castro Soto, a été blessé, mais a pu survivre. Il devient ainsi un témoin clé pour l’enquête qui doit déterminer les circonstances de l’assassinat. Vous pouvez signer la pétition demandant au gouvernement Hondurien de prendre toutes les mesures légales et politiques possible pour protéger Gustavo Castro Soto : « Action urgente : nous demandons la protection de Gustavo Castro, blessé lors de l’assassinat de Berta Càceres »

Un rassemblement aura lieu ce samedi 5 mars à 18H30, devant l’ambassade du Honduras à Paris (8 rue de Crevaux – Métro ligne 2 Victor Hugo).