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Climat-ÉnergieFinance
21 novembre 2013

Fin du charbon : la France doit s’inspirer des Etats-Unis, du Royaume-Uni et des pays scandinaves

Après l'annonce hier du Royaume-Uni de la fin des financements publics aux centrales à charbon, les Amis de la Terre demandent à la France de s'engager.

A Varsovie, où se tiennent les négociations sur le climat, le charbon est au cœur des discussions. La provocation de la Pologne qui a organisé en marge de ces négociations un sommet international sur le charbon montre la puissance et la crainte des entreprises qui s’accrochent à cette énergie du passé. Le sujet est en haut de l’agenda politique suite aux annonces de plusieurs institutions internationales (Banque mondiale et Banque européenne d’investissement) et pays majeurs (Etats-Unis, Norvège) de désengagement de ce secteur controversé. A présent, c’est le Royaume-Uni qui annonce la fin de son soutien public au charbon et comme l’explique Lucie Pinson, chargée de campagne aux Amis de la Terre : « La France est sous pression car sa position est de plus en plus isolée et son soutien au secteur du charbon fait tâche alors que notre pays souhaite accueillir la conférence sur le Climat de 2015 à Paris ».

Même si la France a mis fin aux prêts au charbon de l’Agence française de développement (AFD) au printemps dernier, elle est loin d’avoir transformé l’essai. La COFACE, l’agence de crédit à l’exportation française, a soutenu depuis 2010 à hauteur de 1,3 milliards d’euros les deux mégacentrales à charbon de Medupi et Kusile en Afrique du Sud, et son soutien au charbon dépasse de plusieurs dizaines de millions la majorité des banques de développement internationales. Par ailleurs, étant actionnaire à 85 % d’EDF, elle cautionne ainsi les velléités d’investissement de l’entreprise dans des centrales à charbon en Serbie (Kolubara) et en Croatie (Plomin C).

La France est également l’un des actionnaires majoritaires de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), qui vote sa politique énergétique le 10 décembre. En s’engageant dès à présent dans l’arrêt du financement au charbon, la France pourrait faire partie des pays leaders votant pour que la BERD interrompe ses investissements charbon. Celle-ci s’apprête pourtant à financer au Kosovo une centrale dont les émissions de GES sur toute sa durée de vie seront 400 fois supérieures aux émissions annuelles de l’ensemble du pays.

Les tensions autour de la question du charbon sont révélatrices de la faiblesse des négociations sur le changement climatique (COP) qui se tiennent à Varsovie : la fédération internationale des Amis de la Terre, et de nombreux mouvements de la société civile, ont organisé aujourd’hui une sortie symbolique 1. Si la France ne veut pas être mise dans la catégorie des pays ayant contribué à saper le processus, des déclarations fortes sont attendues de sa part.

MalikaPeyraut

« La France dit vouloir s’affirmer en leader de la transition énergétique. Elle accueille la prochaine COP en 2015 à Paris : si elle veut être crédible, il lui faut faire preuve de volontarisme dès aujourd’hui et rediriger les investissements dans les énergies fossiles vers la réduction de la consommation énergétique, des mesures d’efficacité énergétiques et le développement d’énergies renouvelabl

Malika Peyraut
Chargée de campagne, les Amis de la Terre

Contact presse : Caroline Prak – 06 86 41 53 43 – 01 48 51 18 96

Notes
1

http://www.foei.org/en/what-we-do/land-grabbing/latest-news/polluters-talk-we-walk-mass-walk-out-of-corporate-captured-climate-talks-in-poland