La Global Coal Exit List (GCEL) rassemble les plus grands producteurs de charbon et opérateurs de centrales à charbon [4], les entreprises qui tirent plus de 30% de leurs revenus ou de leur production d’électricité du charbon, et toutes les entreprises qui prévoient de se développer dans le secteur. Elle dresse ainsi une liste de 746 entreprises et plus de 1 400 filiales, qui attisent la crise climatique, et auxquelles l’industrie financière doit de toute urgence refuser d’accorder ses soutiens. Au total, celles-ci représentent 89% de la production de charbon thermique et 87% des capacités de production d’électricité à partir de charbon dans le monde.
Heffa Schücking, directrice d’urgewald, explique : “Nos recherches ont démontré que l’extraction, le transport et la production d’électricité à partir de charbon se développent main dans la main et partout dans le monde. Les banques, les assureurs et les gestionnaires d’actifs doivent cesser de jeter de l’huile sur un feu déjà incontrôlable, et exclure immédiatement de leurs soutiens tous ceux qui étendent leurs activités sur l’ensemble de la chaîne de valeur du charbon. Le temps de l’engagement patient avec ces entreprises infréquentables est révolu”.
Plus de 400 entreprises des 746 entreprises listées dans la GCEL prévoient toujours de nouveaux projets de mines, centrales et infrastructures de charbon. Alors que la communauté scientifique alerte depuis déjà trop longtemps sur la nécessité de mettre un terme à l’expansion du charbon, des projets de centrales sont prévus dans 60 pays, pour une augmentation de 29% de la flotte existante. Or, hormis Crédit Agricole qui a pris l’engagement de ne plus financer ou investir dans ces entreprises expansionnistes, les autres banques françaises soutiennent le développement du secteur [5].
Lorette Philippot, chargée de campagne finance privée aux Amis de la Terre France, analyse : “La politique charbon de Crédit Agricole s’est imposée comme la meilleure pratique, actant la fin de ses soutiens à l’expansion du secteur et fixant pour elle et ses clients un calendrier précis de sortie du charbon [6]. Mais elle n’a pas pour autant été suivie par ses concurrentes. Société Générale a publié début juillet une politique qui n’acte pas même la fin totale de ses soutiens aux développeurs de charbon [7]. BNP Paribas n’a pour sa part annoncé aucune révision de sa politique à ce jour. Alors que tous les acteurs financiers français ont jusqu’à mi-2020 pour publier des stratégies de sortie du charbon, ils doivent se saisir de l’outil de la GCEL comme l’ont déjà fait de nombreuses institutions financières [8], et blacklister les entreprises qui démontrent dès aujourd’hui leur incapacité à s’aligner avec l’Accord de Paris”.
Lucie Pinson, référente de la campagne finance privée des Amis de la Terre, poursuit : “Les politiques adoptées par la majorité des acteurs financiers français dans le secteur du charbon sont totalement inefficaces pour enrayer sa croissance. Elles couvrent avant tout les entreprises dont une large part des activités repose sur le charbon, mais cela est une mesure relative qui ne prend pas en compte la direction suivie par ces entreprises, si ces entreprises sortent ou au contraire s’étendent dans le secteur du charbon. Même AXA qui avait pourtant reconnu ce problème en 2017 en étant le premier grand acteur financier à exclure des entreprises en raison de leurs plans de développement continue de soutenir un grand nombre d’expansionnistes. Au total, BNP Paribas, Société Générale, Natixis et AXA soutiennent des acteurs qui ensemble prévoient le développement de nouvelles centrales à charbon pour une capacité au moins deux fois supérieure au parc allemand”.
“À quelques jours de la semaine climat qui se tiendra à New York et à laquelle bon nombre d’acteurs financiers français ne manqueront pas de participer, on note une fois de plus le gouffre qui sépare leurs discours en matière climatique et la réalité de leurs financements", conclut Lucie Pinson.