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Climat-ÉnergieFinance
3 mai 2016

Hazelwood, le secret d’Engie

La centrale Hazelwood a été construite entre 1964 et 1971. Ses 8 unités produisent 1542 MW. Originellement publique, elle a été privatisée en 1996. Elle est aujourd'hui détenue par la compagnie International Power, dont Engie est actionnaire à 72 %.

Les 28 % restants sont détenus par la compagnie japonaise Mitsui. La centrale émet 16 millions de tonnes de gaz à effet de serre par an.

Championne de la pollution

Hazelwood se place en haut de nombreux classements. Selon une étude récente de la Commission européenne, Hazelwood atteint le 3e rang des centrales thermiques les plus polluantes au monde (1). En 2005, elle était en tête des centrales à charbon les moins efficientes des pays de l’OCDE avec une intensité de CO2 de 1,58 tonnes de dioxyde de carbone par megawatt-heure (t/MWh). En 2010, il était estimé que la seule centrale représentait 2,8 % des émissions totales de l’Australie (2).

Une note de 900 millions de dollars annuels pour la société

Un rapport publié par l’Université d’Harward a révélé en février 2015 que les coûts sociaux externes de la centrale, c’est-à-dire les coûts liés aux problèmes sanitaires et à la pollution qu’elle engendre, s’élevaient à 900 millions de dollars annuels, à la charge des finances publiques et non de l’entreprise (3).

Un mois d’incendie par négligence

Le 9 février 2014, un feu s’est déclaré dans la mine à ciel ouvert de Morwell, également opérée par Engie. Durant quasiment un mois, les 12 000 habitants de la ville de Morwell ont été exposés à des taux de pollution extrême, provoquant maux de tête, saignements de nez, difficultés respiratoires, infections, irritations de la peau, et comportant des risques de long-terme sur la santé. Le taux d’exposition aux particules fines PM2.5 a été évalué 28 fois plus élevé que les standards recommandés. Or une étude publiée dans le British Medical Journal en 2014 a prouvé qu’une légère augmentation d’exposition annuelle aux particules fines PM2.5 faisait accroître le risque de crise cardiaque de 13 %.
Le rapport de l’enquête rendu public le 29 août 2014 a établi l’absence d’anticipation par l’entreprise d’un incendie, une réponse inadéquate face à la catastrophe et une négligence totale dans l’appréciation des risques encourus par les travailleurs et les communautés. L’entreprise n’a même pas été capable d’interpréter les signaux informatiques soulignant dès le 8 février des menaces sérieuses d’incendie.
Outre ce manque de capacité de réaction et d’anticipation, le déclenchement de l’incendie est également lié au manque de volontarisme de l’entreprise à réhabiliter la mine (notamment par la re-végétalisation). Tout l’enjeu est aujourd’hui de déterminer à qui incombent les frais de réhabilitation de la mine. Alors que la licence d’autorisation de la centrale d’Hazelwood prévoit bien des dispositions contraignant le propriétaire à prendre en charge les opérations de réhabilitation, la sous-estimation des frais de réhabilitation par l’entreprise jette des doutes sur sa bonne volonté. L’obligation financière actuelle, fixée dans les années 1990 est effectivement de 15 millions de dollars. Selon Engie, les coûts supplémentaires ne dépasseraient pas les 100 millions. Pourtant, en 2010, une étude externe a estimé les coûts de fermeture et de réhabilitation à 350 millions de dollars (4).

Engie au-dessus des lois

L’incendie de Morwell n’est pas un cas isolé, mais s’inscrit dans une longue liste d’incidents (feux, effondrements, inondations) liés à la mine et révèle les négligences de l’entreprise et ses manquements par rapport aux normes locales. Or, il s’avère que l’entreprise International power est coutumière du fait. En novembre 2009, la parution publique de la Déclaration de conformité 2009 d’International power a révélé que l’entreprise a dérogé à pas moins de 22 conditions prévues par sa licence environnementale. Ce non-respect avait déjà été constaté en 2007 et 2008. Les manquements concernent la qualité de l’eau due aux rejets de la mine, la poussière et les niveaux de particules.

Des perspectives de transition juste

Le gouvernement de Victoria a manifesté la volonté d’une expansion considérable des énergies renouvelables dans la région, une orientation qui recueille un fort soutien au sein des habitants. Le développement des renouvelables dans la zone implique la fermeture d’un certain nombre d’unités fossiles. En effet, c’est aujourd’hui l’excès de capacité électrique dans le marché nationale qui freine le développement des renouvelables. Il est estimé aujourd’hui que le surplus de production énergétique dans le marché australien est de 8 gigawatts, soit l’équivalent de cinq centrales comme Hazelwood. Cela supposerait donc de retirer du marché 2,2 gigawatts de lignite, soit plus que la capacité d’Hazelwood. La fermeture de cette dernière permettrait ainsi de restaurer la confiance des investisseurs et de booster le marché des renouvelables.
Si aujourd’hui les habitants de la région sont relativement dépendants de la centrale en matière d’emplois, les scénarios de fermeture s’appuient sur une perspective de transition juste conciliant meilleures pratiques environnementales, accès à l’emploi et requalification pour les travailleurs. Le syndicaliste Luke van der Meulen du syndicat CFMEU (construction, forêt, mines et énergie) a notamment appelé les partis majoritaires à étudier les bénéfices en termes d’emploi que représenterait la réhabilitation de la mine.


Nos demandes

Par cohérence avec les principes de l’Accord de Paris et l’objectif de limiter l’augmentation de la température du globe en dessous de 1,5 °C, Engie, entreprise dont l’État est actionnaire à 33 %, doit :
Fermer la centrale d’Hazelwood et s’assurer que les travailleurs reçoivent l’ensemble de leurs droits
Réhabiliter la mine et la transformer selon les souhaits de la communauté

#EngieSecret
#AGM2016