crédit photo : Betsy Katherine Brown
Climat-Énergie
Communiqué de presse22 janvier 2014

L’Europe laisse la voie libre aux gaz de schiste

Abandonnant toute volonté de proposer des normes contraignantes sur l’exploration et l’exploitation des gaz et huiles de schiste, la Commission européenne publie finalement aujourd'hui de simples recommandations aux États-membres.

Elles sont totalement insuffisantes pour protéger les populations et l’environnement des risques posés par l’extraction de ces hydrocarbures. Les Amis de la Terre France dénoncent le manque absolu de courage de l’Union européenne qui, face aux pressions des lobbies, a renoncé à prendre des mesures concrètes dans ce domaine.

Faisant la sourde oreille aux demandes des citoyens européens, l’Union européenne est en train de reproduire le mauvais exemple des États-Unis : adopter des législations sur mesure pour les industriels, laissant la voie libre au développement des hydrocarbures non conventionnels – gaz et huiles de schistes, tight gas, gaz en couche de charbon (CSG ou CBM) –, en fermant les yeux sur leurs lourds impacts sociaux et environnementaux.

Malgré les efforts de quelques décideurs européens, les tentatives de réguler cette industrie ont été sapées par d’intenses lobbies des entreprises ainsi que par les pressions de certains États-membres, tels que le Royaume-Uni et la Pologne, qui veulent exploiter les gaz de schiste sur leur territoire. La proposition actuelle est d’une extrême faiblesse, contredisant des recommandations précédentes et des études réalisées par le Parlement européen et la Commission elle-même 1.

Juliette Renaud, chargée de campagne sur les Industries extractives aux Amis de la Terre France, commente : « Ce cadre proposé par la Commission européenne n’est qu’une coquille vide ! Ces recommandations non contraignantes ne seront appliquées que par les États-membres qui le souhaitent et sont de toute façon insuffisantes. Dans les faits, cela laisse la porte ouverte à un développement incontrôlé des hydrocarbures non-conventionnels. Sur ce dossier comme sur d’autres, à Bruxelles, ce sont les intérêts des industriels qui prévalent sur la protection des communautés locales, de l’environnement et du climat  ».

Partout, depuis plus de trois ans, la mobilisation citoyenne contre ces projets gaziers et pétroliers se montre des plus fortes, avec pour réponse, hélas, des répressions parfois violentes comme récemment en Roumanie. La semaine dernière, plus de 380 collectifs citoyens et organisations issus de 22 pays d’Europe, dont les Amis de la Terre France, ont signé une lettre ouverte aux décideurs européens exprimant leur préoccupation face aux décisions prises par l’Union européenne en la matière et exigeant un « sursaut de sagesse » 2.

Cette lettre alerte aussi sur le vote final prochain, au Parlement européen, de la révision de la directive sur les Études d’impact environnemental, les membres du Conseil européen ayant fait supprimer l’obligation de toute évaluation pour les activités d’exploration ou d’exploitation utilisant la fracturation hydraulique.

Quelle que soit la technique utilisée, l’exploitation des gaz et huiles de schiste et des gaz de couche a un impact climatique désastreux, et nous enferme dans un modèle énergétique polluant dépendant des énergies fossiles.

Juliette Renaud conclut : « Malgré l’interdiction de la fracturation hydraulique en France, le gouvernement français ne mène pas de combat actif pour freiner l’expansion de ces projets hors de nos frontières, et a aussi, par son silence et son inaction à Bruxelles, sa part de responsabilité. On est bien loin des beaux discours promettant de lutter contre le changement climatique et cela présage du pire concernant la tenue de la COP21 en France en 2015 ».

Alors que les multinationales françaises multiplient leurs projets de gaz et huiles de schiste à l’étranger, tel que Total en Argentine et au Royaume-Uni 3, les Amis de la Terre attendent du gouvernement français qu’il mette en cohérence ses politiques nationales et européennes et joue un rôle moteur au sein des institutions européennes pour arrêter définitivement cette course folle aux hydrocarbures non conventionnels.

Contact presse :
Caroline Prak, Les Amis de la Terre France : 09 72 43 92 65 – 06 86 41 53 43