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Climat-ÉnergieFinance
Communiqué de presse7 mars 2016

Non à l’accréditation du pollueur Crédit Agricole au Fonds Vert pour le Climat !

Montreuil, le 7 mars 2016 - 170 organisations du monde entier appellent le conseil du Fonds Vert à rejeter les demandes d’accréditation du Crédit Agricole et de HSBC.

Pour les Amis de la Terre, c’est la légitimité du Fonds qui est en jeu : malgré quelques engagements climat adoptés en amont de la COP21, le Crédit Agricole peut toujours financer de nouvelles centrales à charbon dans au moins 94% du marché (1) et il serait aberrant de lui confier l’argent destiné à aider les pays les plus vulnérables à lutter contre les changements climatiques.

Lire la réaction des Amis de la Terre suite à l’accréditation mercredi 9 mars du Crédit Agricole et de HSBC par le Conseil du Fonds Vert.

Le conseil du Fonds Vert pour le climat se réunit à partir de demain à Songdo en Corée du Sud et devra notamment décider de l’accréditation ou non du Crédit Agricole et de HSBC. Pour 170 organisations de la société civile internationale, accréditer ces deux institutions serait renoncer à la mise en place d’une institution intègre en mesure de répondre aux besoins des pays les plus vulnérables et exposés aux changements climatiques.

« Crédit Agricole et HSBC, ce sont des scandales financiers tels que celui du LIBOR, un usage on ne peut plus soutenu des paradis fiscaux, et une très mauvaise application des principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’Homme (2). Mais ce sont surtout des milliards de financements aux énergies fossiles et notamment au charbon. Accréditer le Crédit Agricole au Fonds vert, c’est demander à un pyromane d’éteindre un feu » déclare Lucie Pinson des Amis de la Terre France.

Très contesté en 2015 pour ses soutiens aux énergies fossiles 7 fois supérieurs à ceux aux énergies renouvelables, et en particulier pour ses 9,5 milliards de dollars de financements au charbon entre 2009 et 2014 (3), le Crédit Agricole a adopté en amont de la COP21 de nouvelles politiques sur les centrales et mines de charbon (4). Mais celles-ci sont très loin de suffire à rendre le Crédit Agricole climato-compatible et à en faire un candidat légitime au Fonds Vert.

« Le mandat du Fonds Vert est de renforcer les capacités des institutions des pays en développement afin qu’ils puissent répondre aux besoins de leurs populations et non d’aider des grandes banques à verdir leur image. Tout acteur privé partenaire du Fonds devrait avoir une stratégie crédible pour aligner l’ensemble de ses activités avec l’objectif de limiter la hausse de la température du globe à +1,5°C. Or, le Crédit Agricole en est loin puisqu’il pourrait toujours financer de nouvelles centrales à charbon dans 94% du marché mondial et pourrait dès demain soutenir l’extension de la centrale à charbon de Tanjong Jati B – TBJ2 – en Indonésie (5) » ajoute Lucie Pinson.

Au lieu de chercher une place au Fonds Vert, le Crédit Agricole devrait donc travailler dès maintenant à combler les manquements de ses engagements concernant le secteur du charbon. En plus de renoncer à Tanjong Jati B, le Crédit Agricole doit s’engager à ne plus aider la construction de nouvelles infrastructures de charbon, que ce soit via du financement de projet ou du financement d’entreprises. Les Amis de la Terre France appellent la banque à notamment arrêter tout soutien aux entreprises qui sont derrière les 2440 projets de centrales dans le monde (6) ainsi qu’à adopter de nouveaux critères permettant un arrêt progressif de ses financements au secteur du charbon (7).

(1) Le Crédit Agricole s’est engagé en septembre 2015 à ne plus financer de nouveaux projets de centrales à charbon dans les pays à hauts revenus selon la classification de la Banque Mondiale. Selon la base de données Global Coal Plant Tracker, de CoalSwarm, 6,1% des centrales à charbon annoncées, en demande de permis ou permises depuis le 1er janvier 2010 se trouvent dans ces pays.

(2) Un rapport de BankTrack, de décembre 2014, donnait la note de 2,5 sur 12 au Crédit Agricole pour son application des Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’Homme. http://www.banktrack.org/manage/ems_files/download/bankingwithprinciples_humanrights_dec2014_pdf/hr_banking_with_principles_digital_0.pdf

(3) Voir le rapport « Banques françaises : quand le vert vire au noir » publié en novembre 2015 par Oxfam France, les Amis de la Terre France dans le cadre du projet Fair Finance Guide.

(4) Le Crédit Agricole a annoncé en mai qu’il ne financerait plus de projet de mine de charbon ni les entreprises principalement actives dans l’extraction de charbon. Sans inscrire de seuil d’exposition dans sa politique sectorielle, le Crédit Agricole dit utiliser 50% de chiffre d’affaire comme valeur de référence. Le Crédit Agricole s’est engagé en septembre à ne plus financer de projet de centrale à charbon dans les pays à hauts revenus selon la classification de la Banque mondiale mais à n’a pris aucun engagement concernant les producteurs d’électricité.

(5) http://www.pfie.com/ap-indonesia-two-french-banks-join-tjb2/21230756.article

(6) D’après l’étude « The coal gap » de Climate Action Tracker publiée en décembre 2015, chacun des 2440 projets de centrale à charbon menace l’objectif de limiter la hausse de la température du globe à +2°C.

Cette étude fait suite à une déclaration de scientifiques les plus reconnus pour leur expertise sur les questions énergétiques et climatiques et qui ont affirmé l’incompatibilité des centrales à charbon non équipées de technologies de captage et réduction de leurs émissions de CO2 au charbon avec l’objectif des 2°C. https://europeanclimate.org/expertises/power/

(7) Voir l’explication complète de ces critères.

Contact presse :

Sur le Crédit Agricole : Lucie Pinson, chargée de campagne Finance privée, Amis de la Terre, 06 79 54 37 15, lucie.pinson@amisdelaterre.org

Sur le Fonds vert pour le climat : Karen Orenstein, Friends of the Earth U.S., +1-202-640-8679, korenstein@foe.org