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Climat-ÉnergieFinance
Communiqué de presse10 septembre 2015

Plomin C : à quand la fin de l’incohérence climatique du Crédit Agricole ?

Montreuil, le 10/09/2015 – Le Crédit Agricole soutient un projet de centrale à charbon en Croatie, Plomin C, pourtant incompatible avec la politique RSE de la banque.

C’est ce que révèle une étude publiée aujourd’hui par les Amis de la Terre et leurs partenaires et qui passe au crible les risques du projet, notamment sur le climat (1). A trois mois de la COP21, et alors que le Crédit Agricole tente de se racheter une image de défenseur du climat, les associations lancent une mobilisation visant le retrait immédiat du Crédit Agricole du projet. Les actions organisées aujourd’hui à Paris, en Croatie et sur la toile pourraient demain gagner d’autres villes.

Le Crédit Agricole annonçait en mai 2015 l’arrêt de ses financements aux mines de charbon et entreprises spécialisées dans cette activité « afin de réduire l’utilisation des énergies fossiles et respecter l’objectif de limiter le réchauffement de la planète à 2°C d’ici la fin du 21ème siècle » . Mais à moins de trois mois de la conférence climat, ce premier pas vers l’arrêt des financements aux énergies fossiles s’efface derrière les soutiens toujours massifs de la banque aux centrales à charbon. Avec 4.7 milliards de soutiens aux centrales à charbon entre 2005 et avril 2014, le Crédit Agricole figure dans le top 20 des banques les plus climaticides (2). Et aujourd’hui, la banque est l’unique banque internationale à soutenir la construction d’une nouvelle centrale à charbon en Croatie, le projet Plomin C (3).

« L’arrêt des soutiens du Crédit Agricole aux mines de charbon est un premier pas salutaire vers la sortie des énergies fossiles. Mais la banque semble avoir raté la moitié de la leçon dictée par les scientifiques : car s’il faut laisser plus de 80% des réserves de charbon dans le sol pour limiter le réchauffement du globe en-dessous du seuil de 2°C, cet objectif ne pourra pas être atteint si nous continuons de construire de nouvelles centrales à charbon qui émettraient des millions de tonnes de C02 par an » (4) rappelle Lucie Pinson, chargée de campagne finance privée / Coface aux Amis de la Terre. « La banque doit immédiatement se retirer du projet si elle est sincère lorsqu’elle dit vouloir lutter contre les changements climatiques. Car tant qu’elle soutiendra un projet climaticide porté par des pollueurs notoires, Marubeni et Alstom, le Crédit Agricole continuera de faire partie des responsables de la crise climatique ».

D’après une étude publiée aujourd’hui par les Amis de la Terre France, Zelena Akcija (Les Amis de la Terre Croatie), Zelena Istra, CEE Bankwatch et BankTrack, ce projet est non seulement incompatible avec les ambitions climatiques de la banque, mais enfreint aussi de nombreux points de sa politique sectorielle sur les centrales à charbon (1). « Violation des législations et réglementations locales et européennes, absence d’étude alternative, non réponse aux problèmes de pauvreté et de dépendance énergétique, risques économiques, notre étude passe au crible l’ensemble des impacts du projet et le verdict est sans appel : en maintenant son soutien au projet, le Crédit Agricole viole les principes dont il se prévaut auprès de ses clients et actionnaires » ajoute Pippa Gallop, coordinatrice de recherche à CEE Bankwatch.

Le projet évalué à 800 millions d’euros est massivement rejeté par la population qui s’est prononcé contre à 94% en mars 2015 et fait l’objet de plusieurs attaques en justice. « La Croatie ne produit plus de charbon depuis des années, donc ce projet ne fera rien pour résoudre la sécurité énergétique du pays ni la pauvreté des populations. Au contraire, le prix de l’électricité risque d’augmenter, causant un double fardeau pour la population qui souffre déjà sévèrement des impacts de la pollution de l’air. Si cette centrale à charbon entre en activité, elle causera la mort prématurée de 680 personnes » rapporte Bernard Ivčić, directeur de Zelena Akcija, les Amis de la Terre Croatie.

Par des actions organisées aujourd’hui à Paris, en Croatie et sur les réseaux sociaux à l’échelle internationale, les associations appellent le Crédit Agricole à se retirer immédiatement du projet. A Paris, les Jeunes Amis de la Terre ont organisé une conférence au sein d’une agence parisienne de la banque et ont rappelé l’impact sanitaire du projet à travers des photos de ceux et celles qui seront impactées par le projet s’il aboutit. A Zagreb, des militants de Zelena Istra et Zelena Akcija se sont réunis devant l’ambassade de France pour appeler les acteurs publics et privés français à mettre un terme à leurs soutiens aux énergies fossiles. Tous affichent leur détermination à maintenir la mobilisation jusqu’à la COP21 et au-delà.

(1) « THE PLOMIN C COAL PLANT Analysis of compatibility with Crédit Agricole energy policies” Les Amis de la Terre France, Zelena Akcija (Les Amis de la Terre Croatie), Zelena Istra, CEE Bankwatch, BankTrack. September 2015, http://issuu.com/amisdelaterre/docs/plominc_compliancestudy_sept2015/1?e=5912788/30055015

(2) http://coalbanks.org/
Un certain nombre de banques publiques (BEI, BERD, Banque mondiale) et privées ont déjà réduit et arrêté leurs soutiens aux centrales à charbon. HSBC ne finance plus de projets de centrales qui émettraient plus de 55OgCO2/kWh, un critère qui exclut le projet de Plomin C.

(3) Le Crédit Agricole conseille l’entreprise japonaise Marubeni chargée de la construction de la centrale et qui achètera l’équipement nécessaire à Alstom. Le Crédit Agricole est en charge du montage financier du projet et de diriger les études (économiques, environnementales, etc.) préalables à la recherche de financements.

(4) Discours d’Angel Gurria, OCDE, à la London School of Economics, le 3 juillet 2015 : http://www.oecd.org/environment/climate-what-has-changed-what-has-not-and-what-we-can-do-about-it.htm