À 9h30 aujourd’hui, des militants des Amis de la Terre et d’ANV-COP21 se sont rendus devant l’agence centrale de Société Générale à Paris et y ont dénoncé le soutien de la banque à l’industrie du gaz de schiste, des fumigènes noirs symbolisant l’impact climaticide de ces activités. Cette action s’inscrit dans une vague de mobilisations entamée vendredi 27 avril par des ONG et les communautés impactées par les projets de terminal d’exportation de gaz de schiste Rio Grande LNG et de double gazoduc Rio Bravo Pipeline au sud du Texas [1]. Si elles voient le jour, ces nouvelles infrastructures émettront autant de gaz à effet de serre que 44 centrales à charbon [2].
Une action était organisée en simultané à Bonn à l’ouverture de l’intersession des négociations climat en vue de la COP24, et une autre se tiendra plus tard dans la journée à New York. Ce mouvement, baptisé « Break The Fracking Cycle », cible notamment Société Générale pour son rôle clé dans le développement du gaz de schiste aux États-Unis. Via un mandat de conseil financier auprès de l’entreprise américaine NextDecade, la banque française est responsable de lever les 20 milliards de dollars que coûtera ce complexe gazier monumental. Dès l’année dernière, Les Amis de la Terre alertaient BNP Paribas et Société Générale des dangers irréversibles des projets de terminaux méthaniers prévus dans la vallée du Rio Grande [3]. Si la première s’est entre-temps retirée du projet Texas LNG en raison de ses risques pour le climat et les droits des peuples autochtones [4], Société Générale n’a pour sa part adopté que des mesures de diligence raisonnable bien incapables de répondre aux réels enjeux [5].
Et Rio Grande LNG n’est pas un projet isolé dans le portefeuille fossile de Société Générale. Lorette Philippot, chargée de campagne Finance privée aux Amis de la Terre, explique : « Société Générale fait de l’exportation du gaz de schiste américain un secteur prioritaire : elle est désormais la première banque au monde à financer cette industrie en Amérique du Nord, avec plus d’un milliard de dollars rien qu’en 2017 [6]. Elle justifie ces soutiens climaticides en essayant de faire passer le gaz de schiste sous forme de GNL – gaz naturel liquéfié – comme une énergie de la transition [7]. C’est un contresens total ! Le fait que nous ayons banni en France le gaz de schiste suffit à démontrer qu’il n’est ni propre ni vert. » [8].
« L’année dernière, deux parmi les principales banques internationales – BNP Paribas et Sumitomo Mitsui Banking Corporation – ont mis un terme aux rôles clés qu’elles jouaient dans des projets d’exportation de gaz de schiste liquéfié dans la vallée du Rio Grande. Société Générale devrait suivre leur leadership et reconnaître que des projets comme Rio Grande LNG et Rio Bravo Pipeline présentent des risques bien trop élevés pour être soutenus. Ils nuisent aux populations locales, menacent les droits des peuples amérindiens, mettent en danger la survie d’espèces protégées, et accentuent le dérèglement climatique », conclut Jason Opeña Disterhoft, chargé de campagne Climat et Energie au Rainforest Action Network.
Les Amis de la Terre et ses partenaires appellent à poursuivre les mobilisations aussi longtemps que Société Générale ne se sera pas engagée publiquement à exclure de ses soutiens Rio Grande LNG et tous les terminaux méthaniers prévus outre-Atlantique.
Organisations participantes : Les Amis de la Terre France, Sierra Club, Rainforest Action Network, UK Youth Climate Coalition, Gastivists, Save RGV from LNG, Not Here Not Anywhere, la tribu Carrizo Comecrudo du Texas.