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Climat-ÉnergieFinance
15 novembre 2019

Le gouvernement veut continuer à assurer le chaos climatique

Contrairement aux déclarations d’Emmanuel Macron, le gouvernement et la majorité rechignent à mettre fin aux financements export de la France aux énergies fossiles.

A l’occasion des débats parlementaires dans le cadre du projet de loi finance 2020, les députés ont adopté des exclusions anecdotiques mais ont refusé de s’attaquer au cœur du problème : les soutiens financiers français aux secteurs du pétrole et gaz conventionnels.

A la tribune de l’ONU en septembre dernier, Emmanuel Macron a déclaré qu’il fallait “que les grands pays arrêtent de financer de nouvelles installations polluantes” à l’étranger. Pourtant, les députés de la majorité et le gouvernement ont refusé de mettre fin aux financements export dans les hydrocarbures dans le projet de loi de finance 2020, en renvoyant les décisions à plus tard. Les Amis de la Terre France et Oxfam France jugent cette décision “incohérente et irresponsable”, en reprenant les mots du chef de l’Etat sur la scène internationale.

En effet, depuis 2009, la France a octroyé 9,3 milliards d’euros de garanties publiques pour l’industrie du pétrole et gaz, via son agence de crédit à l’exportation Bpifrance Assurance-Export. Ces dernières années, des projets extrêmement polluants comme l’exploration de nouvelles ressources de gaz en Arctique ou en eaux profondes au Mozambique ont été soutenus par la puissance publique.

Le gouvernement et les députés de la majorité se sont contentés de mettre fin aux financements export dans le secteur du charbon et des hydrocarbures non-conventionnels (pétrole et gaz de schiste par exemple). L’engagement sur le secteur du charbon date du précédent quinquennat et est déjà mis en oeuvre depuis 2015. Les députés ont même laissé la porte ouverte au soutien à des projets pour “diminuer l’impact environnemental” de centrales à charbon, projets permettant bien souvent de prolonger leur durée de vie, comme le reconnaissent la plupart des banques privées françaises. Par ailleurs, ils ont refusé de s’attaquer à la majeure partie des garanties aujourd’hui octroyées : celles aux secteurs du pétrole et gaz conventionnels.

Pour Cécile Marchand, chargée de campagne climat et acteurs publics aux Amis de la Terre France : “ Dans un contexte d’urgence climatique, continuer à soutenir l’exploration de nouveaux gisements de pétrole et gaz à l’étranger, alors que ce gouvernement s’est vanté d’être le premier pays à interdire l’exploitation des hydrocarbures sur son propre territoire, est indécent”.

Pour Alexandre Poidatz, chargé du financement de la transition énergétique chez Oxfam France : “La France continuera à utiliser l’argent du contribuable pour aider les industries polluantes à développer des infrastructures fossiles à l’étranger. C’est irresponsable dans un contexte d’urgence climatique. C’est incohérent avec la posture d’Emmanuel Macron à l’international.”

Si le gouvernement français a été moteur pour mettre fin aux financements aux énergies fossiles de la Banque Européenne d’Investissement annoncé hier soir, il est incohérent qu’il n’en fasse pas de même pour ses propres subventions aux énergies fossiles à travers les aides à l’export.