Climat-ÉnergieFinance
Communiqué de presse11 juin 2014

Charbon : la France manquera-t-elle encore un rendez-vous avec le climat ?

Après plusieurs rendez-vous manqués avec le climat et en perspective de la loi sur la Transition énergétique et de la COP 21 à Paris en 2015, la France a l'occasion de se prononcer pour l'arrêt de ses soutiens publics aux projets fossiles et notamment aux plus émetteurs dont le charbon.

Après plusieurs rendez-vous manqués avec le climat et en perspective de la loi sur la Transition énergétique et de la COP 21 à Paris en 2015, la France a l’occasion de se prononcer pour l’arrêt de ses soutiens publics aux projets fossiles et notamment aux plus émetteurs dont le charbon.

Aux côtés de plus de 50 organisations internationales, les Amis de la Terre appellent le gouvernement à saisir l’opportunité de la réunion des gouvernements de l’OCDE la semaine prochaine pour cela et acter la fin des soutiens des agences de crédit aux exportations au développement du charbon à l’étranger, une étape essentielle en vue de la sortie des énergies fossiles.

Avec plus de 1,2 milliard d’euros de soutiens au développement du charbon à l’étranger depuis 2011 à travers la Coface – son agence de crédit aux exportations (ECA) – devant bien des pays, comme le Royaume-Uni ou le Canada, la France est loin de l’image de leader climatique qu’elle voudrait se donner (1). Après plusieurs rendez-vous manqués avec le climat (2), la France a de nouveau la possibilité la semaine prochaine à l’OCDE d’appuyer l’arrêt des soutiens publics aux projets les plus intensifs en carbone. En effet, réunis dès lundi 16 juin, les pays de l’OCDE devront se prononcer pour ou contre le maintien des soutiens les plus climaticides de leurs agences de crédit aux exportations. Mais alors que la ministre de l’Environnement travaille sur la loi sur la transition énergique, le gouvernement de monsieur Hollande semble refuser d’en finir avec l’énergie fossile la plus carbonée.

« Après avoir déjà pris des engagements à mettre un terme à leurs soutiens publics au développement de nouvelles centrales à charbon à l’étranger, les États-Unis et le Royaume-Uni feront une proposition commune pour que tous les pays de l’OCDE qui ont une agence de crédit aux exportations en fasse de même. Mais au lieu de soutenir et renforcer leur initiative, la France préfèrerait un scénario conservateur d’après les fuites de la Direction générale du Commerce au niveau de l’Union européenne (3). En complète contradiction avec les objectifs de réduction de nos émissions, il encouragerait, et non limiterait, la construction de nouvelles centrales ! Une hypothèse qui ne vise qu’à protéger les intérêts privés d’Alstom » explique Lucie Pinson, chargée de campagne Finance privée/Coface aux Amis de la Terre.

La France rejetait déjà en février dernier une proposition du président Barack Obama d’annoncer conjointement la fin de leurs soutiens publics au charbon à l’étranger. Alstom, le seul bénéficiaire des garanties au charbon délivrées par la Coface, menaçait alors de supprimer 100 emplois en France (4). De plus, après les engagements de la Banque mondiale, de la Banque européenne d’investissement et de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, de ne plus financer de nouveaux projets de centrales à charbon à l’étranger, sauf rares exceptions, les pays exportateurs de technologie charbon, comme la France, ne chercheraient-ils pas à augmenter leurs soutiens au charbon au niveau des agences de crédit aux exportations ?

La France doit se rappeler que nous devons réduire nos investissements dans les énergies fossiles conventionnelles de 30 milliards de dollars par an entre 2010 et 2029 si nous voulons rester sous la barre des 2 °C. La priorité est d’en finir avec le charbon. Le charbon propre n’existe pas et quelle que soit la technologie utilisée, il restera la ou une des énergies fossiles les plus polluantes et émettrices de CO2. Aux côté des autres pays du G7, la semaine dernière à Bruxelles, la France a rappelé son engagement à éliminer les subventions inefficaces aux combustibles fossiles, notamment celles des agences de crédits aux exportations (5). « Il est temps de passer des paroles aux actes en révisant l’ensemble de la politique de la France en matière d’énergies fossiles. En maintenant ses soutiens au développement des fossiles à l’étranger via la Coface, les banques multilatérales de développement dont elle est membre et les entreprises privées dont elle est l’actionnaire majoritaire, la France met en jeu sa crédibilité en tant que futur hôte de la conférence sur le climat l’année prochaine » conclut Lucie Pinson.

Après avoir envoyé aux gouvernements des pays de l’OCDE un document commun (6) les appelant à mettre un terme aux soutiens de leurs agences de crédit aux exportations aux projets à forte intensité carbone – centrales mais aussi aux mines et aux infrastructures – plus de 50 organisations internationales les interpellent aujourd’hui directement via Twitter en vue de la réunion à l’OCDE.

Contact presse : Caroline Prak – 06 86 41 53 43

(1) Voir la note de synthèse [Ending fossil fuel support: the way forward NGO recommendations for OECD countries on their Export Credit Agencies] (en anglais) signée par plus de 50 organisations au niveau international sur les soutiens au charbon des agences de crédit aux exportations.

(2) La France s’isolait en décembre dernier en votant oui au projet de centrale à charbon de Jamshoro au Pakistan, puis manquait d’annoncer avec Barack Obama la fin de leurs soutiens publics au charbon lors de sa visite d’Etats aux Etats-Unis en février 2014.

(3) http://af.reuters.com/article/commoditiesNews/idAFL6N0OJ54S20140603

(4) Les ambitions vertes de la France noircies par ses aides au charbon

(5) Voir la déclaration du G7, juin 2014.

(6) Voir note (1).


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