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Climat-ÉnergieFinance
Communiqué de presse15 septembre 2018

Société Générale tente une fois de plus de maquiller le noir en vert

Après une journée de mobilisation au cours de laquelle plus de 700 activistes des Amis de la Terre et d’ANV-COP21 ont mené des actions de nettoyage dans 40 agences de Société Générale pour dénoncer les soutiens de celle-ci aux énergies sales, la banque a réagi sur son site internet en publiant une note sur ses engagements climat.

Le 8 septembre, plus de 700 activistes des Amis de la Terre et d’ANV-COP21 ont nettoyé 40 agences locales de Société Générale, appelant la banque françaises à mettre un terme à ses soutiens aux énergies fossiles, et en premier lieu à se retirer du projet de terminal d’exportation de gaz de schiste Rio Grande LNG prévu au Texas [1]. Interpellée par les militants et sollicitée par les médias [2], Société Générale a publié sur son site internet une réponse présentant ses engagements climat [3]. Nous lui répondons.

Alors que l’Accord de Paris a pour objectif de limiter le réchauffement bien en-deçà de 2°C et de tendre au maximum vers 1,5°C, Société Générale se réfère pour sa politique climat non pas au scénario « Beyond 2°C », mais au scénario « Sustainable Development » de l’Agence Internationale de l’Énergie qui a vocation à suivre une trajectoire 2°C. Celui-ci est donc de facto insuffisant pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris [4]. De plus, les deux scénarios se fondent sur de nombreuses hypothèses qui rendent très incertain le respect des trajectoires qu’ils visent [5]. Enfin et surtout, Société Générale ne cherche à aligner que ses financements avec le scénario 2°C de l’AIE, et non l’ensemble de ses soutiens financiers.

Société Générale se défend en mettant en avant ses financements verts, mais ceux-ci ne sont en aucun cas une réponse à l’urgence climatique s’ils ne sont pas accompagnés d’une remise en cause de ses financements noirs. Cette stratégie climat ne convainc absolument pas, puisqu’elle laisse libre champ à la banque de soutenir le développement de nouvelles infrastructures qui poussent en amont l’extraction d’énergies fossiles, y compris l’ouverture de nouvelles réserves, et impliquent en aval la construction de nouvelles centrales électriques [6]. Cela alors que les gisements déjà en opération contiennent plus de carbone que nous pouvons en brûler dans un scénario 2°C [7], et que toute nouvelle infrastructure électrique carbonée construite après 2017 se situe déjà hors budget carbone [8]. Autrement dit, la stratégie climat de Société Générale revient à dire « pour émettre moins de gaz à effet de serre, faisons plus de fossiles ».

Quant à la dernière révision de sa politique pétrole et gaz, les Amis de la Terre ont déjà démontré à plusieurs reprises son caractère cosmétique [9]. Loin d’imiter BNP Paribas en excluant de tout soutien l’industrie des gaz de schiste, Société Générale entend en « minimiser les impacts climatiques et environnementaux ». Société Générale laisse entendre qu’il s’agit là d’une « démarche de transition énergétique progressive » et donc « responsable ». Or, les événements climatiques de cet été ont démontré une fois de plus que se suffire de petits pas est en réalité totalement irresponsable face à l’urgence.

La mobilisation se poursuivra pour dénoncer les activités destructrices de Société Générale. Les Amis de la Terre et ANV-COP21 appellent dès aujourd’hui à mener une « opération nettoyage » massive de l’agence centrale parisienne de Société Générale le 14 décembre, jour de la clôture de la COP24, si celle-ci ne revoit pas d’ici-là sa politique [10].