Projections
Projections "Stop fast-fashion", Paris, le 27 novembre 2025. crédit : Basile Barjon
Surproduction
1 décembre 2025

Exploitation, pollutions… La face cachée du Black Friday

Vendredi était le point d’orgue de la semaine du Black Friday et de la vague de surconsommation qui y est associée chaque année. Pour marquer le coup, les Amis de la Terre et les autres associations de la coalition « Stop fast-fashion » ont ponctué la semaine de plusieurs actions révélant l’envers du décor de la mode jetable.

Les écrans géants de la honte

Jeudi soir, les associations de la coalition Stop fast-fashion ont organisé des projections sur des façades de bâtiments parisiens. Rue de Rivoli, opéra Bastille, rue Réaumur, Trocadéro… Les lieux choisis, emblématiques et très passants, ont permis de faire passer des messages forts comme « Je travaille 75h/semaine », « J’ai commencé à travailler à 12 ans », « Je suis payée entre 0,06€ et 0,27€ par vêtement », « Je suis exposée à des produits toxiques », ou encore « J’ai survécu à l’effondrement du Rana Plaza ».

En donnant la parole aux ouvrières de l’industrie de la mode, ces écrans géants ont illustré en vidéo l’indécence des conditions de travail qui s’exercent dans les usines de fabrication des vêtements des marques d’ultra fast-fashion (incarnées par Shein notamment) mais aussi de fast-fashion (incarnées par Zara, H&M, Primark…).

Le cri d’alerte des organismes de collecte

Après les projections de jeudi soir, la séquence de mobilisation s’est poursuivie samedi après-midi avec une vingtaine d’opérations de tris citoyens partout en France. Coordonnées par la coalition « Stop fast-fashion », dont sont membres les organismes de collecte comme le Réseau National des Ressourceries et Recycleries ou Emmaüs France, ces actions ont lancé l’alerte sur l’impasse dans laquelle se trouvent les acteurs de la collecte de vêtements à cause de l’essor exponentiel de la mode jetable. En effet, les vêtements déposés en ressourceries ou recycleries sont en grande majorité issus de la fast-fashion ou de l’ultra fast-fashion, et sont donc de trop mauvaise qualité pour être réemployés puis revendus. Depuis le début des années 2000, et donc depuis l’essor de la fast-fashion, la durée d’usage d’un vêtement a été divisée en moyenne par deux 1! Par ailleurs, 26 % des consommateur⸱ices de fast-fashion déclarent regretter 1 ou plusieurs de leurs achats sur les 12 derniers mois, un chiffre qui monte jusqu’à 45 % pour l’ultra fast-fashion2.

Une loi qui se fait toujours attendre

Alors qu’une proposition de loi visant à réguler la fast-fashion a été adoptée à l’unanimité à l’Assemblée nationale il y a plus d’un an et demi, les changements de gouvernements successifs ont ralenti le parcours d’adoption du texte. Alors que le temps passe et que la surproduction textile continue de battre son plein, la loi « fast-fashion » attend toujours son passage en commission mixte paritaire avant de pouvoir être définitivement adoptée.

Pierre Condamine

Pour les droits des travailleuses du secteur textile, pour l’environnement, mais aussi pour l’économie française et les marques éthiques qui agissent pour faire émerger une mode plus durable, il faut que la loi fast-fashion soit repriorisée par le gouvernement. Presque deux ans après l’adoption de la proposition de loi à l’Assemblée, il est temps de ressortir des tiroirs ce texte crucial !

Pierre Condamine
Chargé de campagne surproduction aux Amis de la Terre