Jeff Bezos - PDG d'Amazon
© Reuters - Lindsey Wasson
Surproduction
19 février 2020

Jeff Bezos, PDG d’Amazon : le pyromane qui fait mine d’éteindre le feu ?

Hier, Jeff Bezos le PDG du géant du commerce en ligne Amazon a annoncé la création du "Bezos Earth Fund", pour lequel il prévoit de donner 10 milliards de dollars afin de financer scientifiques et ONG "pour la planète". Alors, Bezos est-il écolo ?

Sentant les critiques monter, notamment chez ses salarié·e·s qui dénoncent son impact climatique, Amazon a changé de ton cette année. Jusqu’ici, l’entreprise se passait  des stratégies de greenwashing que mettent en place la plupart des multinationales pour continuer leurs activités sans être soumises à la régulation. Mais cette fois-ci, la multinationale a opéré un virage à 180° et multiplie les annonces médiatiques sur la lutte contre le changement climatique : commande de 100 000 camionnettes électriques (alors qu’elle en utilise plus d’1 million chaque jour), reforestation…

Ainsi, Jeff Bezos vient d’annoncer ce 17 février 2019, qu’il donnait 10 milliards de dollars de sa fortune personnelle à un fond de lutte contre le changement climatique, le Jeff Bezos Earth Fund. Un chiffre impressionnant, qui représente un peu moins de 10% de la fortune personnelle de l’homme d’affaires, mais qui révèle surtout une stratégie bien calculée.

Les annonces concernent de la recherche et développement, des ONG et probablement des programmes de reforestation. Cette annonce grandiloquente permet d’éviter de remettre en question le modèle économique d’Amazon, climaticide par essence. Cela détourne l’attention de la nécessité de réduire directement les émissions causées par la fabrication des 15 milliards de produits vendus par an, et donc le nombre de produits vendus, ainsi que le transport par avion en augmentation de 30%.

Cela permet également de se racheter une bonne image, au moment où la victoire d’un candidat de la ligne gauche du parti démocratique américain aux primaires est de plus en plus plausible. Bernie Sanders arrive en tête dans la plupart des Etats. Or son opposition aux pratiques sociales d’Amazon et sa proposition de Green New Deal laissent prévoir une forte réglementation de la multinationale, en cas de victoire aux présidentielles, ce qui inquiète les marchés.

Pour Bezos, se poser en philanthrope du climat est une triple réussite : elle permet de rassurer les marchés, d’adoucir les potentiels gagnants de la primaire, et de diffuser un récit positif sur les grandes multinationales à même de favoriser les candidats plus modérés.