gaz et énergies fossiles
Climat-ÉnergieFinance
24 novembre 2017

L’UE maquille son soutien massif aux énergies fossiles

La Commission européenne a publié aujourd’hui une liste des principaux projets d’infrastructures dans le domaine de l’énergie, reconnus comme d’intérêt commun.

Cette liste 1, comprenant environ 90 projets d’infrastructures gazières, rend les projets sélectionnés éligibles à d’importants financements publics. Malgré sa tentative de maquillage du nombre de projets gaziers sélectionnés, l’Union européenne continue de soutenir massivement les énergies fossiles.

Publication
Luca Tommasini - Torchage de gaz dans le delta du Niger (Nigeria)

Le climat peut-il se permettre l’addiction au gaz de l’Europe ?

A l’occasion de la présentation de sa nouvelle liste de projets d’intérêt commun (PIC), la Commission européenne s’est vantée de réduire le nombre de projets fossiles sélectionnés par rapport à la précédente liste – 53 projets gaziers, contre 77 précédemment.2 Or, cette réduction n’est que le fruit d’un regroupement de projets. La liste publiée aujourd’hui contient en réalité autour de 90 infrastructures gazières, soit plus que la précédente. Vu le poids des lobbies dans l’élaboration de cette liste, notamment les importants conflits d’intérêts au sein de l’entité européenne chargée de définir les besoins en infrastructures gazières, il n’est pas étonnant de voir apparaître autant de projets gaziers.3

Publication
L'Europe enlisée dans le gaz - énergies fossiles
Rapport

L’Europe enlisée dans le gaz

Plusieurs projets sur le territoire français sont reconnus comme d’intérêt commun, dont le gazoduc Midcat/STEP entre la vallée du Rhône et l’est de l’Espagne. Ce projet, d’environ 500 km de long au total et évalué à 3 milliards d’euros, a bénéficié d’un avis négatif de la Commission de Régulation de l’Énergie, estimant que “compte tenu de la capacité du système français à faire face à des crises d’approvisionnement, Midcat n’a pas d’utilité pour la sécurité d’approvisionnement de la France.” 4

Le Parlement européen et les États membres ont à présent deux mois pour rejeter la liste des PIC. “Il est urgent que la France porte une voix critique au sein de l’Union européenne sur le sujet du gaz et rejette la composition de cette liste. Pour respecter les objectifs de l’Accord de Paris, l’Union européenne doit sortir des énergies fossiles d’ici 2030. Il est incompréhensible que la France, en tant qu’organisatrice du sommet du 12 décembre sur le climat et la finance, valide un tel soutien public aux énergies fossiles. D’autant que le projet du Midcat/STEP qui la concerne directement est totalement inutile pour la sécurité d’approvisionnement du pays“ estime Cécile Marchand, chargée de campagne aux Amis de la Terre.

La liste des PIC est publiée par la Commission deux semaines après la sortie d’un rapport démontrant qu’il n’y a clairement pas de place pour exploiter de nouvelles réserves fossiles, y compris de gaz, dans le budget carbone restant à l’Europe pour rester sous la barre des +2°C.5 Pour respecter ce budget carbone et au rythme actuel des émissions, remplacer le pétrole et le charbon par du gaz n’ajouterait que 3 ans – au mieux – aux 9 années restantes de combustion d’énergies fossiles. “Le gaz n’est donc ni une énergie bas-carbone, ni une énergie de transition. Investir dans de nouvelles infrastructures gazières nous enfermerait pour de nombreuses années dans notre dépendance aux énergies fossiles. Les flux financiers publics au niveau européen doivent être redirigés vers la réduction de nos consommations d’énergie et les énergies renouvelables”, conclut Cécile Marchand.

Notes
3

Appelé l’European Network of Transmission System Operators for Gas (ENTSO-G), cet organisme est composé exclusivement de membres de l’industrie du gaz. Pour plus d’information voir notre rapport “l’Europe enlisée dans le gaz”.

5

Le rapport, commandité par les Amis de la Terre Europe au Centre de recherche Tyndall sur le changement climatique, est disponible ici : « Nouveau rapport : pour respecter les objectifs de l’Accord de Paris, pas de place pour le gaz dans le budget carbone restant à l’Europe«