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9 février 2017

Trump, Dakota Access Pipeline et les banques françaises

L’administration Trump vient de donner le dernier feu vert au Dakota Access Pipeline, cet énorme projet d’oléoduc controversé. Les Amis de la Terre France appellent BNP Paribas, Crédit Agricole, Société générale et Natixis à se retirer immédiatement du projet.

Moins de trois semaines seulement après son arrivée au pouvoir, l’administration Trump vient de donner le dernier feu vert manquant au Dakota Access Pipeline, cet énorme projet d’oléoduc extrêmement controversé en raison des menaces qu’il fait peser sur les réserves en eaux des Sioux de Standing Rock et surtout de la violente répression menée à leur encontre par les forces de l’ordre fin 2016. Alors que la construction sur ce lieu également sacré pour les Amérindiens serait désormais inéluctable, les Amis de la Terre France appellent BNP Paribas, Crédit Agricole, Société générale et Natixis à se retirer immédiatement du Dakota Access Pipeline et à exclure de leurs financements les entreprises en charge du projet.

L’Administration Trump, à travers le corps des ingénieurs de l’armée des États-Unis, a délivré hier la dernière autorisation manquante pour la construction de l’oléoduc du Dakota Access Pipeline, levant les obligations d’étude d’impact environnemental et donnant un coup d’accélération au projet. Les travaux de construction du tronçon jusqu’alors contesté par les Sioux de Standing Rock pourraient débuter de manière imminente.

Lucie Pinson, chargé de campagne des Amis de la Terre France commente : « En donnant son feu vert au projet, l’administration Trump prend le contrepied de la position tenue par l’administration Obama qui avait demandé à ce que le projet soit suspendu le temps d’évaluer tous ses impacts et d’identifier en particulier un autre tracé possible. Dramatique en raison des menaces qui pèsent sur les ressources en eau locales, cette décision est aussi de très mauvais augure puisqu’elle valide les craintes d’un gouvernement déterminé à faire primer les intérêts des pétroliers sur ceux des populations et du climat ».

D’une capacité de transport de 500 000 barils de pétrole par jour, le Dakota Access Pipeline est contesté en raison de son passage à travers le lac Oahe situé à moins d’un kilomètre de de la réserve des Sioux de Standing Rock. Non seulement le lieu abrite une riche biodiversité, mais il fournit surtout l’eau potable à la réserve et aux régions avoisinantes, et constitue un lieu sacré très utilisé dans les cérémonies des Sioux.
En délivrant l’autorisation nécessaire au projet, l’administration Trump déclare la guerre aux Amérindiens déterminés à protéger leurs ressources et leur patrimoine, mais il s’attire aussi les foudres des milliers de citoyens américains mobilisés contre les plans de développement d’énergies fossiles du gouvernement et en particulier contre Keystone XL et le Dakota Access Pipeline.

Lucie Pinson ajoute : « Des appels au désinvestissement des banques qui soutiennent le projet et ses entreprises retentissent dans tous les Etats-Unis et déjà la ville de Seattle et de Davis California ont rompu leurs relations avec la banque Wells Fargo. Mais la mobilisation est internationale et les banques européennes sont également appelées à ne plus verser de nouveaux financements à ce projet de 2.5 milliards de dollars 1. La banque néerlandaise ABN Amro a annoncé le 2 février qu’elle arrêterait toute relation avec Energy Transfer Equity, la maison mère d’ETP, la principale entreprise derrière le projet, et la banque suédoise Nordea a carrément exclu hier les trois principales entreprises du projet. Malheureusement, jusqu’à présent, les banques françaises n’ont pris aucun engagement similaire, et Natixis et Crédit Agricole ont même récemment refinancé ETP 2 ».

Une pétition ayant recueillie plus de 700 000 signatures étaient remises aux banques actives dans le DAPL la semaine dernière. Mais les banques françaises, qui ont toutes déjà financé le Dakota Access Pipeline à hauteur de 120 millions d’euros, voulaient attendre les résultats d’une étude commandée sur les impacts du projet et la prise en compte des Sioux de Standing Rock avant de se prononcer (3). L’accélération par le gouvernement Trump ne permet plus d’attendre et c’est dès maintenant qu’elles doivent donc s’engager à ne plus verser de nouveau financement au Dakota Access Pipeline et à exclure les entreprises actives dans le projet de tout nouveau soutien financier.

Contact :

Lucie Pinson, chargée de campagne finance privée, les Amis de la Terre France, lucie.pinson@amisdelaterre.org, 0679543715.

Notes
1

Un peu moins de la moitié des fonds ont été versé suite à la signature par 17 banques d’un contrat de financement pour un prêt de 2 ,5 milliards de dollars. Voir le détail des financements sur le site de BankTrack : http://www.banktrack.org/show/dodgydeal/dakota_access_pipeline#popover=financiers

2

En plus de s’être engagée à versé 120 millions de dollars au projet, BNP Paribas, Crédit Agricole et Natixis ont, a minima, financé depuis 2015 les entreprises actives dans le projet, principalement ETP à hauteur de 400, 455 et 402 millions d’euros. A la mi-janvier, après l’arrivée de Trump au pouvoir et ses déclarations sur le Dakota Access Pipeline, Natixis et Crédit Agricole ont soutenu des financements de 72 et 35 millions de dollars à ETP. Enfin, toutes les banques françaises hormis Société Générale une fois de plus, ont soutenu un prêt un prêt de 2,2 milliards de dollars ces derniers jours.

3

Retrouvez l’intégralité des échanges avec les banques sur le site de BankTrack : http://www.banktrack.org/show/dodgydeal/dakota_access_pipeline#popover=documents