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Groupe localLes Amis de la Terre Côte d'Or28 juin 2025

Quand manifester contre la fast fashion déplaît aux autorités

Les Amis de la Terre Côte-d’Or étaient présent ce samedi 28 juin devant la boutique éphémère SHEIN à Dijon pour interpeller et informer consommateurs et passants. 700 tracts ont été distribués. Nous avons eu de nombreux témoignages de soutien, les français sont de plus en plus conscients du problème de la mode jetable !

La police nationale au service de SHEIN

Lors de notre mobilisation rue Piron ce 28 juin après-midi, nous tenions une banderole devant la boutique, sans gêner les clients. Toutefois cela n’ a pas plu au responsable du magasin qui a appelé la police. La police municipale nous a demandé de manifester plus loin, ce que nous avons refusé car ne gênant en rien la circulation et l’activité commerciale. Puis est venue la police nationale, un policier nous a menacé d’être emmené au poste si nous ne bougions pas. Il nous a demandé de nous mettre devant n’importe quelle autre boutique, mais pas devant SHEIN ! Finalement nous nous sommes décalé de 2 mètres, car nous ne voulions évidemment pas gêner les boutiques voisines !


Contrairement à ce qu’affirme Quentin Ruffat, porte-parole de Shein France, cette marque ne défend pas un modèle basé sur la proximité client, ne répond pas à la demande du consommateur, ne défend pas une «
mode abordable, accessible à toutes et tous », qui « bénéficiera à l’ensemble des commerçants dijonnais »1.

LA MULTINATIONALE SHEIN C’EST :

– un salaire de 0,04 € versé aux ouvrier.es par vêtement produit,
18h travaillées par jour pour les ouvriers,
– un chiffre d’affaires en 2022 de plus de 30 milliards €, tourné vers la rémunération des actionnaires et non  vers les salariés exploités
un modèle économique, comme le dit l’association de consommateurs CLCV 21, « incompatible avec les enjeux actuels de consommation responsable, de respect des droits humains et de préservation de l’environnement »2, pour une des industries les plus polluantes tous secteurs confondus,

Un lobbying au plus haut niveau de l’État pour aller à l’encontre de la réduction des gaz à effets de serre et desintérêts des citoyens en détricotant les efforts des législateurs pour réguler le secteur3, avec l’action du désormais lobbyiste Christophe Castaner, ancien ministre très proche de M. Macron, au travers de sa société Villanelle Conseil.

LA FAST FASHION, C’EST AUJOURD’HUI :
– 150 milliards de vêtements produits chaque année, 10 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales : la fast fashion est une production effrénée de vêtements et une course vers les coûts de production les plus bas. Elle piétine le droit à l’environnement et perpétue des violations des droits humains et des personnes qui fabriquent nos vêtements4.

– La mode est l’une des industries les plus polluantes de la planète. 3ème secteur consommateur d’eau dans le monde, après la culture de blé et riz.
70 % des fibres synthétiques proviennent du pétrole, ressource fossile limitée et polluante. Les vêtements en synthétique relâchent des microfibres plastiques à chaque lavage. 240 000 t. chaque année  finissent dans les océans, l’équivalent de 24 milliards de bouteilles plastique. 20 % de la pollution des eaux serait ainsi imputable à la teinture et au traitement des textiles5.
– Selon l’ADEME6 les émissions générées par l’industrie textile (vêtements et chaussures) représentent 4 milliards de tonnes équivalent CO₂par an. Plus que l’impact des vols internationaux et  trafic maritime réunis.
En 2050, le textile émettrait même 26 % des émissions de gaz à effet de serre si les tendances actuelles de surconsommation se poursuivaient.
– En Europe, on se débarrasse chaque année de 4 millions de t. de textiles. 80% finissent à la poubelle et sontenfouis ou incinérés… Seulement 10 à 12% sont valorisés sur le marché de la seconde main. La France (2023), collecte seulement 38% de nos textiles usagés, un chiffre bien insuffisant face à l’ampleur des déchets​.
– En France, en 2022, 3,3 milliards de vêtements ont été vendus7,48 vêtements par habitant·e. Pourtant, pour respecter l’Accord de Paris et limiter le dérèglement climatique à +1,5°C, on devrait « consommer » environ 5 vêtements neufs par personne / an. Cela s’aggrave encore,  l’ultra fast-fashion, comme Shein qui sort 7 200 nouveaux modèles par jour !!!.
Avec l’augmentation des salaires et  coûts de production, les marques se  réorientent vers des pays encore moins chers, comme le Bangladesh et le Pakistan, avec les salaires les plus bas au monde, respectivement 0,32 et 0,55 cents US$/heure. Les travailleur.euses sont surexploité.e.s et les accidents industriels fréquents. Plus d’autres maux, violations des Droits Humains et sociaux pour 80% des travailleuses, des temps de travail trop longs…

– L‘indispensable secteur du recyclage, comme Emmaüs et les organismes qui gèrent les collectes du textile sont totalement saturés de vêtements à base de pétrole, non recyclables, Situation causée par la surconsommation de produits à bas coûts, venant d’enseignes comme Shein, Primark, Temu, Boohoo. L’ensemble du système de collecte8, est ainsi en grave péril, conduisant certains acteurs de la filière à retirer  leurs containers.

Nos demandes (9) : 

1 – Limiter les quantités de vêtements produits
Mise en œuvre d’une loi contraignante, consistant à plafonner les volumes de vêtements produits par l’industrie de la mode. 
2 – Des salaires décents
Il est urgent d’imposer des salaires minimums dans les usines de textile des principaux pays. 
3 – Réguler la publicité
Promotions et marketing jouent un rôle majeur dans la surproduction. Interdire la publicité sur le textile ou à minima imposer une mention légale sur l’impact environnemental est crucial, pour réduire cette surconsommation et informer les consommateur·ice.s en toute transparence.
4 – Établir des standards énergétiques et climatiques 
Pour réduire l’impact environnemental et climatique, des standards européens obligatoires sur le mix électrique et l’efficacité énergétique de la production. Sans cela, les vêtements ne devraient pas être vendus dans l’Union européenne.
5 – Encourager la relocalisation et limiter les importations
Pour véritablement changer le modèle économique du secteur textile, il est urgent que le gouvernement développe un soutien public massif à la relocalisation en France. Il doit aussi s’engager à l’utilisation du fond mis en place avec la loi AGEC pour le réemploi et la réparation. Il doit aussi mettre en place des quotas sur les importations textiles afin de limiter la concurrence déloyale, face à des pays où les normes sociales et environnementales sont quasi inexistantes.
6 – Le juste prix
Pour mettre un frein à une concurrence débridée et à un marché totalement dérégulé, il est urgent de proposer une évolution des prix sur les vêtements en fonction de leur impact climatique à travers des mécanismes d’éco-contribution et de TVA modulée.