Emmanuel Macron enterre la transition écologique
Communiqué de presse12 octobre 2021

France 2030 : Macron candidat enterre la transition écologique

Alors que Emmanuel Macron ouvre sa campagne pour la présidentielle avec l’annonce d’un Plan de Recherche et Développement de 30 milliards d’euros, les Amis de la Terre dénoncent l’enfumage autour d’investissements qui ignorent totalement les besoins réels de la transition écologique.

Alors que l’écologie est en tête des préoccupations des Français1 , Emmanuel Macron, dont le Gouvernement vient d’être condamné par la justice pour ne pas avoir réduit les émissions de gaz à effet de serre du pays,2  présentera son plan France 2030 comme la solution miracle pour la transition écologique. Or, il s’agit avant tout d’un plan pour booster la compétitivité internationale de la France, en cohérence avec la vision économique ultra libérale qui a animé l’ensemble de son quinquennat.

Ce plan ne vise pas à réduire les émissions de gaz à effet de serre de la France. Seuls 40% du plan d’investissement – de 30 milliards – seront fléchés pour le développement de technologies vertes. Or ces recherches n’apporteront de résultats potentiels qu’après 2030, soit bien trop tard pour atteindre nos engagements internationaux et européens.

France 2030 investira extrêmement peu dans des infrastructures concrètes de la transition écologique, alors qu’elles font l’objet d’un sous-investissement chronique. L’effort public français en matière d’économie bas carbone s’élève à 15 milliards d’euros chaque année. 22 milliards d’euros manquent à l’appel tous les ans pour atteindre nos objectifs.3

A titre d’exemple, passer de 60 000 rénovations énergétiques complètes de logements à 700 000 par an, coûterait environ 25 milliards d’euros par an 4 . Pourtant, le plan de relance ne lui a consacré que 7 milliards. Où sont les milliards manquants ? Pas dans France 2030.

Alma Dufour, chargée de campagne surproduction aux Amis de la Terre déplore : “Vu la pression à la baisse des dépenses publiques de la part de l’Union européenne, défendue au niveau national par LREM et LR : il n’y aura probablement plus de grands investissements publics dans les infrastructures vertes dans les prochaines années ! Nous n’allons pas être en capacité de réduire nos émissions !

Pour les investissements en R&D, le gouvernement priorise les technologies incertaines. Agriculture de “précision”, hydrogène, « micro » centrales nucléaires, 1er avion vert en 2030 : les nouveaux fétiches de la croissance verte tiennent le haut du pavé de ce plan de R&D, alors qu’aucun encadrement de ces secteurs ne va permettre de réduire les émissions d’ici 2030.

Emmanuel Macron accorde 2 fois plus d’argent au nucléaire qu’aux énergies renouvelables ! France 2030 ne corrige donc pas le sous-investissement chronique dans la recherche qui aurait pu nous permettre de trouver des solutions aux enjeux de stockage posés par les EnR. 0,007% du PIB a été investi par la puissance publique dans la recherche sur les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique ces dernières années.5

Sur le volet agricole, ce plan démontre la fuite en avant d’un gouvernement qui s’entête à prioriser des orientations qui n’ont pas fait leur preuve, voire pourraient être nocives socialement et écologiquement, comme la digitalisation.

Sur les engrais par exemple, le plan vise l’amélioration des matériels d’épandage. Pourtant, les scientifiques soulignent l’inefficacité de ces outils, qui ne s’accompagnent pas, généralement, d’une réduction de l’utilisation d’engrais 6 . Le Haut Conseil pour le Climat s’inquiète même d’un possible effet rebond 7. De surcroit, les agriculteurs sont de plus en plus dépassés par une mécanisation excessive en partie due à ce genre d’aides que la profession appelle des “aides pousse au crime » .8

Pour Manon Castagné, chargée de campagne agriculture : “France 2030 semble conçue pour permettre aux entreprises françaises comme Air France, EDF, Renault, Total ou Roullier de continuer à croitre et polluer, privant pour les années à venir la transition écologique des investissements financiers nécessaires. Or nous n’avons pas le temps d’attendre 10 ans !”.

Enfin, les Amis de la Terre s’inquiètent des modalités de ce soutien public aux entreprises et notamment aux grandes multinationales. Aucune condition environnementale ou sociale globale n’est imposée aux bénéficiaires de ces fonds, aucune propriété publique des technologies n’est prévue. Dans la droite ligne du Crédit d’impôt Recherche, des baisses d’impôts colossales qui n’ont produit aucun effet significatif pour la R&D dans le pays,9  des aides COVID et de la baisse des impôts de production sans aucune contrepartie, il est difficile de ne pas voir dans le plan France 2030 un énième cadeau d’Emmanuel Macron à son meilleur allié de campagne : le CAC 40.

Notes
1

« Fractures françaises » d’Ipsos Sopra-Steria pour Le Monde

2

France Inter, L’Affaire du siècle : l’État condamné pour son inaction climatique, décision « historique »

3

La Tribune, Plan d’Investissement : les propositions chocs des chercheurs pour verdir l’économie, 15 septembre 2021

4

Le Monde, « Où trouver 25 milliards d’euros pour rénover 700 000 logements chaque année ? », 20 juin 2020

5

Actu-environnement, « Fit for 55 » : un casse-tête pour la France, à la traîne dans la production d’énergies renouvelables, 4 mai 2021

6

INRA. Pellerin S., Bamière L., et al. « Quelle contribution de l’agriculture française à la réduction des émissions de gaz à effet de serre ? Potentiel d’atténuation et coût de dix actions techniques », juillet 2013.

7

Haut Conseil pour le Climat, « France Relance : quelle contribution à la transition bas-carbone ? », décembre 2020.

8

« Pourquoi les charges de mécanisation dérapent-elles ? » La France agricole, 2021.

9

France Stratégie, Évaluation du Crédit d’impôt recherche – Rapport CNEPI 2021