
2025 : l’heure du bilan
2025 touche à sa fin, il est donc temps pour les Amis de la Terre France de regarder en arrière et dresser le bilan de l’année qui s’est écoulée.
Une vague de dérégulation qui ravage tout sur son passage
L’année 2025 a démarré avec le terrible constat que l’année 2024 avait marqué pour la première fois depuis la COP21 le dépassement du seuil de +1,5 °C de réchauffement global1. Pourtant, cela n’a visiblement pas suffi à calmer les appétits voraces des intérêts privés de grandes entreprises, défendus par des lobbies à l’influence grandissante dans les instances européennes. Résultat : comme nous l’avons décrypté dans un article, 2025 a été ponctuée d’attaques offensives à l’encontre des droits sociaux et environnementaux. Sous prétexte d’une volonté de « simplification de la vie économique », ce sont plusieurs piliers du droit de l’environnement qui sont détricotés de toutes parts, dans des discussions qui se tiennent à huis clos. Une tendance qui ne semble pas aller dans le bon sens à l’approche de 2026, compte tenu des récentes annonces sur l’affaiblissement du devoir de vigilance européen.

Droits environnementaux et sociaux : le grand détricotage
Cette vague de dérégulation ne concerne pas que les institutions européennes. Elle est aussi visible en France et fait déjà des ravages partout sur le territoire. Depuis l’été 2024, l’instabilité politique et la succession des différents gouvernements ont relégué nos combats ont second plan dans le paysage médiatique. Pire encore, les luttes écologistes ont été, à maintes reprises, visées par une répression sans bornes. Vidéos accablantes de gendarmes lors des manifestations anti-bassines à Sainte-Soline2, menaces de mort proférées à l’encontre des écologistes par le nouveau président de la Coordination rurale3… Cette montée en puissance exponentielle de la répression des mouvements écologistes et sociaux4 s’est illustrée très concrètement dans le cadre de luttes locales contre des grands projets inutiles et imposés, la lutte contre l’A69 en est un exemple criant5. Le projet, dont l’autorisation environnementale avait été annulée en début d’année, est réactivé par un gouvernement qui fait tout pour faire construire cette autoroute de la discorde, quitte à ce que ce soit au forceps.
Une lutte TOTAL(e) pour la sortie des énergies fossiles
Total, le géant français du pétrole et du gaz, a encore entendu parler des Amis de la Terre en 2025, et pas qu’une fois. En septembre, nous avons décroché une victoire de taille dans la bataille judiciaire nous opposant à Total pour son méga-projet pétrolier en Ouganda et en Tanzanie : le tribunal a ordonné au pétrolier de communiquer des documents cruciaux pour nous aider à prouver l’insuffisance des compensations versées par la multinationale aux communautés affectées par le projet.
Un mois après, nous avons de nouveau rappelé Patrick Pouyanné à ses obligations. Cette fois-ci, Total était condamnée par la justice pour pratiques commerciales trompeuses, dans le cadre du procès qui opposait nos associations (Les Amis de la Terre France, Greenpeace France et Notre Affaire à Tous, avec le soutien de ClientEarth) à l’entreprise. Le marteau du juge est tombé : la justice a considéré que les communications de Total relatives à ses efforts en matière de transition énergétique étaient incohérentes avec la réalité des activités du groupe, et notamment ses multiples projets d’exploitation de gisements de pétrole et de gaz, dont la responsabilité dans le réchauffement climatique n’est plus à démontrer.

Victoire historique ! Total condamnée pour greenwashing
Fin octobre, Total a annoncé vouloir relancer son méga-projet gazier au Mozambique, malgré un contexte humanitaire catastrophique sur le terrain et une mobilisation d’activistes quelques mois plus tôt pour alerter les financeurs du projet sur le désastre en cours. Total, faisant déjà l’objet d’une information judiciaire pour homicide involontaire dans le cadre de ce même projet Mozambique LNG, a ensuite été visée fin novembre par une plainte pénale pour complicité de crimes de guerre, torture et disparitions forcées au Mozambique. Cette plainte, déposée par le European Center for Constitutional and Human Rights (ECCHR), est soutenue par les Amis de la Terre, qui travaillent d’arrache-pied depuis six ans pour dénoncer ce projet associé à de graves violations des droits humains. La sonnette d’alarme semble enfin fonctionner : début décembre, nous apprenions que le financement de Mozambique LNG était fragilisé par le retrait du Royaume-Uni et des Pays-Bas6. Une annonce qui sonne comme un signal de plus pour les banques françaises Crédit Agricole et Société Générale, qui n’ont toujours pas annoncé, à ce jour, se retirer du projet.
Les communes françaises dans le gaz
L’année a commencé avec, à l’occasion de la Saint-Valentin, la publication par les Amis de la Terre d’une note de décryptage visant à faire toute la lumière sur les liens qui unissent la France et la Russie, à travers la consommation française de gaz et les importations françaises de GNL (gaz naturel liquéfié) russe. Loin de s’arrêter là, nous avons lancé, début novembre, une vaste campagne d’interpellation pour sensibiliser les citoyen·nes à la consommation de gaz dans leur commune et aux impacts de cette consommation, mais aussi pour les inviter à interpeller leur mairie. Les alternatives existent ! La preuve, avec des exemples concrets de plusieurs villes ayant déjà engagé leur sortie du gaz fossile.

La France dans le gaz
Enfin en découdre avec la mode jetable
Plus d’un an après son adoption à l’unanimité par l’Assemblée nationale, la proposition de loi « fast-fashion » prenait la poussière dans les tiroirs. Pour remettre le sujet au goût du jour, les associations de la coalition Stop Fast-Fashion, dont les Amis de la Terre France, ont organisé en mars une mobilisation devant le Sénat pour que la loi y soit enfin examinée. Faisant encore l’unanimité, le texte a été adopté par la chambre haute en juin. En attente d’un accord final entre le Sénat et l’Assemblée nationale, nos associations n’ont rien lâché. Nous avons ainsi saisi l’occasion du Black Friday pour remettre sous le feu des projecteurs – c’est le cas de le dire – la problématique des impacts dévastateurs que fait peser l’industrie de la mode sur les droits humains des personnes qui fabriquent nos vêtements à l’autre bout du monde.

Exploitation, pollutions… La face cachée du Black Friday
Solidarité avec le peuple palestinien : un engagement de chaque jour
Depuis toujours, les Amis de la Terre sont profondément ancrés dans des valeurs de solidarité internationale et de liberté pour tous les peuples. Le génocide en cours en Cisjordanie et en Palestine, perpétré par l’État d’Israël, a été dénoncé tout au long de cette année par notre fédération, à travers plusieurs leviers. Diffusion de la déclaration des Amis de la Terre International suite à la rupture du cessez-le-feu par Israël en mars, dénonciation du siège en Cisjordanie en juin, décryptage en trois articles (1/3, 2/3, 3/3) des liens étroits entre le système énergétique et l’appareil colonial israélien, l’espoir affiché d’une fin du génocide dans les revendications des marches Climat Justice Libertés fin septembre… Toute cette année encore, les Amis de la Terre France et la fédération internationale des Amis de la Terre ont rappelé leur soutien indéfectible au peuple palestinien. Nous continuerons de rappeler haut et fort, aussi longtemps que nécessaire : l’écologie n’est rien sans la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes.
La défense de l’environnement et des droits humains n’est rien sans vous !
Dans un contexte budgétaire extrêmement tendu, où nos financements publics ont chuté de moitié en à peine trois ans, le soutien de nos adhérents et adhérentes est plus que jamais primordial. Pour nous aider à garantir notre indépendance, vous pouvez nous soutenir par un don. Jusqu’au 31 décembre à minuit, profitez de la déduction fiscale ! 66 % du montant de votre don est déductible d’impôts.
Le seuil de 1,5 °C de réchauffement officiellement dépassé en 2024, Reporterre, 10 janvier 2025
« Faut qu’on les tue » : les vidéos documentant les violences de gendarmes à Sainte-Soline imposent des réponses administratives, judiciaires et politiques, Alliance écologique et sociale, 14 novembre 2025
Amnesty International dénonce « la répression des défenseurs de l’environnement et du climat » en France, Le Monde, 3 juillet 2025
Un « déluge de grenades » : un rapport accable la répression des militants anti-A69, Reporterre, 4 août 2025
Le méga-projet gazier de TotalEnergies au Mozambique perd le soutien du Royaume-Uni et des Pays-Bas, Le Monde, 2 décembre 2025