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Climat-ÉnergieFinance
15 février 2016

Tanjung Jati B : un projet charbon très risqué en Indonésie

Crédit Agricole et Société Générale ont rejoint en janvier 2016 un groupe de financeurs pour le projet d'extension de la centrale à charbon de Tanjung Jati B en Indonésie.

Leur soutien à ce projet montre les doubles standards des banques quant à la lutte contre les changements climatiques ainsi que leur peu d’égard pour les populations des pays non riches où les deux banques continuent de financer de nouveaux projets charbon extrêmement polluants. En plus des impacts sur le climat, la centrale aggraverait la pollution atmosphérique et ses impacts sur la santé des populations, et exacerberait les tensions autour de l’accès à l’eau.

Pollution de l’air et impact sanitaire

La combustion du charbon est une des premières causes de la pollution atmosphérique, responsable de plus de trois millions de décès prématurés dans le monde chaque année et de milliards de cancers du poumon, d’accident vasculaire cérébral, de maladies cardiaques et de maladies respiratoires.

En Indonésie, la pollution de l’air provenant des centrales au charbon causent environ 6 500 décès prématurés chaque année. Et chaque nouvelle centrale à charbon, d’une capacité de 1000 MW environ, entraînerait en moyenne la mort de 600 Indonésiens chaque année. Si la centaine de nouveaux projets de centrales prévues en Indonésie voit le jour, le nombre de morts pourrait atteindre les 28.300 personnes chaque année.

La centrale de Tanjung Jati B est estimée être responsable de 1020 décès prématurés par an (intervalle de confiance à 95% : 620-1440). Cela comprend 450 décès par accident vasculaire cérébral, 400 décès dus à une maladie cardiaque ischémique, 60 décès par cancer du poumon, 90 décès dus à des maladies respiratoires chroniques et 20 décès de petits enfants dus à des maladies respiratoires aiguës.

La demande en eau à partir du charbon

Comme les 4 unités existantes, il est prévu que les deux nouvelles unités utilisent un système de refroidissement à passage unique. Ce système consiste, comme son nom l’indique, à faire circuler qu’une seule fois l’eau dans les circuits de la centrale afin de la refroidir pendant son opération. Les quantités d’eau nécessaires sont donc colossales et proviennent généralement des sources en eau proches – rivières, lacs ou mer – entraînant sur elles une forte pression. Une fois utilisée pour refroidir la centrale, l’eau est rejetée…où elle a été prise, mais cette fois polluée et beaucoup plus chaude, de 8 à 12 degrés de plus. Cette pollution thermique des eaux menace les écosystèmes environnants et bien entendu les ressources en poissons dont dépendent les populations locales (1).

Les pêcheurs comptent donc parmi les premiers opposants à la centrale de Tanjung Jati B et à son projet d’extension. Ils ont à plusieurs reprises, notamment pendant la consultation organisée pendant le processus d’évaluation des impacts environnementaux, contesté publiquement le projet de construction des deux unités.

Ils ont en particulier rappelé les impacts des 4 unités déjà existantes – atteinte aux récifs coralliens, baisse prouvée des stocks de poisson et des pêches depuis la construction de la centrale, collision entre les bateaux de pêche et les barges qui transportent le charbon – ainsi que les manquements de l’entreprise quant à ses engagements pris en 2007 avant la construction des unités 3 et 4 – à commencer par l’absence de filtres lors du pompage de l’eau afin d’éviter la prise de poissons.

(1) http://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/8/3/035006/pdf
Selon WRI Aqueduct model