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Groupe localLes Amis de la Terre Côte d'Or1 juin 2021

Dans la côte de Nuits, l’École du dehors va jusque dans les entrailles de la terre

Une vingtaine d'élèves de cours élémentaire de Nuits-Saint-Georges a eu droit à une excursion dans la forêt proche sur les hauteurs de la côte viticole, vendredi 28 mai, toute la matinée, grâce au programme École du dehors mis en place par leur institutrice engagée dans l'éducation à l'environnement et l'association Pirouette Cacahuète.

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Une plongée dans les entrailles de la côte de Nuits, voilà entre autres ce qui attendait les élèves de Christine Porte, scolarisés à l’école Henri-Challand, au cœur de Nuits-Saint-Georges. Ce vendredi 28 mai 2021, ils et elles étaient une vingtaine de jeunes curieux, âgés de 9 à 11 ans, à se promener dans la forêt surplombant les célèbres vignobles bourguignons à la découverte des nombreuses cavités karstiques*, creusées pendant des millions d’années par les eaux de pluie, et de leur faune locale…
Encadrés par une poignée de parents d’élèves et bénévoles adhérent·e·s aux Amis de la Terre Côte d’Or, la classe s’est divisée en deux petits groupes d’étude sous la houlette de leur institutrice Christine d’une part et, d’autre part, de Chloé, éducatrice environnement au sein de l’association dijonnaise Pirouette Cacahuète.

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Il était une association, Pirouette Cacahuète…

Créée en 2006, Pirouette Cacahuète conçoit, accompagne et anime de nombreux projets pédagogiques à destination de publics variés dans les secteurs de Dijon et de Gevrey-Nuits. Ces projets ont pour essence une meilleure compréhension, pour un plus grand respect, des environnements qui nous entourent et ce, dans le but d’agir concrètement pour leur sauvegarde à n’importe quelle échelle (du pied d’immeuble au jardin, du parc public à la forêt, des territoires locaux à toute la région, etc.)

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Tandis qu’un premier groupe entamait une petite marche sur un sentier pédestre balisé en direction de cavités à explorer, le second allait faire classe à l’entrée d’un renfoncement rocheux témoignant déjà de traces d’activités humaines (feux de camp, etc.). Au programme, une pêche à la ligne pédagogique consistant à identifier plusieurs espèces animales aquatiques ou subaquatiques et à les classer selon leurs besoins : alimentation, reproduction, lieux de vie ou de développement… Trop absorbés par le jeu et l’amélioration de leur dextérité, nombreux furent les élèves à se mélanger les pinceaux (et les cannes à pêche), l’occasion pour leur enseignante de revoir avec eux les spécificités de plusieurs espèces plus ou moins connues. Et pour les parents et bénévoles des Amis de la Terre, d’en découvrir certaines même !
Après le jeu, place aux mathématiques. 
La matière scolaire que redoutent une majorité de Français·e·s était, ici, abordée sous un nouvel angle : avec quelques bouts de bois, des tracés dans le sol, des pommes de pin ou encore des feuilles mortes, la compréhension des aires, des fractions ou de problèmes arithmétiques s’est vite transformée en un champ d’exploration ludique du terrain. Une belle leçon d’innovation pour l’enseignement que l’École du dehors rend possible chaque vendredi matin à l’école Henri-Challand de Nuits-Saint-Georges.

Le clou de la matinée était bien sûr l’exploration d’une grotte à double entrée, accessible soit par un boyau au plafond abaissé, soit par une belle entrée circulaire à flanc de coteau forestier. Armés de courage et de lampes torches ou frontales, les aventuriers en herbe ont donc suivi calmement, et avec précaution, leur guide Chloé entre les parois de calcaire sculptées par les eaux de ruissellement. D’une chambre souterraine à l’autre, l’humidité persistante, les toiles d’araignées éparses et les quelques éboulis tassés sous un tapis de boue n’ont pas découragé les élèves et leurs accompagnateur·rice·s, tantôt prudent·e·s, tantôt émerveillé·e·s, mais toujours attentifs aux explications de l’éducatrice environnement. 
L’objectif réel de cette immersion dans les entrailles de la terre était de tenter d’apercevoir une colonie de chauves-souris, tout en respectant au maximum leur tranquillité et leur sécurité. Une mission peu couronnée de succès pour le second groupe hélas, les petits mammifères volants, ayant déjà senti et entendu l’approche du premier groupe, s’étaient tous volatilisés.
Tous, sauf un !
Au sommet d’une chambre étroite en forme de pyramide, une petite cavité abritait encore un minuscule chiroptère de moins de 5 centimètres, accroché tête en bas à des appendices de stalactites, regardant fixement mais sans paniquer les lueurs des lampes torches qu’agitait les enfants pour mieux l’apercevoir… Un instant de découverte magique qu’il fallu néanmoins écourter pour ne pas déranger outre mesure le petit animal nocturne. À quelle espèce appartenait-il ? L’observation fut trop rapide pour le deviner et même un œil expert aurait certainement dû s’y reprendre à plusieurs fois pour l’identifier au fond de son refuge troglodyte : cet ensemble de grotte est toutefois connu pour accueillir des grands murins, grands rhinolophes, minioptères de Schreibers et d’autres espèces de passage lors de leurs migrations.
NB : Les élèves du premier groupe à pénétrer dans la grotte ont eu plus de chance lors de leur observation puisqu’ils ont pu admirer une bonne quinzaine d’individus nichés au plafond d’une autre chambre plus vaste, et même en voir s’envoler quelques-uns…
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À la sortie de la grotte, à la faveur de la fraîcheur forestière, les jeunes biologistes se sont alors essayé au jeu de l’écholocation : essayer de repérer une proie ou d’éviter un prédateur au seul son de son écho renvoyé par ces obstacles. Bien entendu, l’oreille humaine n’étant pas aussi sensible que celle d’une chauve-souris, l’écho en question était artificiellement émis par les joueur·se·s : tantôt “bzzz” pour la proie, tantôt “grrr” pour le prédateur, la “chauve-souris” adaptant ainsi son déplacement pour attraper l’un·e ou éviter l’autre sans le·la voir.

La matinée achevée, les deux groupes d’écolier·ère·s se retrouvèrent avant de prendre le chemin du retour vers leur établissement scolaire, sous un soleil radieux. 
Nul doute que cette expérience d’apprentissage in situ à deux pas de la ville leur a permis non seulement de découvrir des milieux naturels rarement fréquentés et méconnus mais également d’être sensibilisés durablement à la préservation des espèces locales et de leur environnement. Mission accomplie pour l’École du dehors, Christine Porte, Chloé Fourneret, l’association Pirouette Cacahuète et les Amis de la Terre Côte-d’Or !