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Surproduction
Groupe localLes Amis de la Terre Hérault24 mars 2015

Métropole de Montpellier – Ras le bol d’immondices

Voici la petite histoire du « fourrez-moi tout ça dans un trou… » ou comment une pseudo installation de stockage de déchets non-dangereux (ISDND) devient une décharge nauséabonde et polluante dans un terroir villageois et résidentiel au nom de l’intérêt général et …du préfet.

C’est aussi la petite chanson du « produisez plus, consommez plus et jetez plus » au nom de la croissance, du PIB, du retour sur investissement des actionnaires, de la pseudo lutte contre le chômage de masse, et… de la gabegie comme fondement de l’économie de marché.

Voici Montpellier Métropole, Eldorado de parpaings où les centres commerciaux poussent dans la garrigue aussi vite que se répand le goudron sur les parkings et les autoroutes. On trie un peu, on mélange beaucoup. Sur les 250 000 tonnes de déchets collectées, 130 000 tonnes de diverse nature sont expédiées chaque année vers Amétyst, la méga usine de méthanisation de la ville située dans un quartier résidentiel. Il en ressort 110 000 tonnes qui sont jetées dans les trous de Castries ou incinérées. Le solde de 120 000 tonnes du total collecté est enfoui, brûlé, recyclé et/ou exporté.

Avec les énormes centrifugeuses du tri mécano biologique (TMB) Amétyst arrive, bon an mal an, à produire 465 tonnes de mauvais compost, lui même bon à jeter. Le gaz produit sert essentiellement à électrifier l’usine. Ca pue, ça brûle parfois, il y a des mouches et une noria de camions, mais ça va marcher, assure sans sourciller Cyril Meunier, vice-président de la Métropole qui reconnaît qu’il est difficile de : faire du biogaz avec des télés, des micro-ondes et des cadres de vélos. (La Gazette de Montpellier).

Certes, on fera mieux demain, car les élus et les administrateurs de la bonne ville de Montpellier ne sont jamais parvenus à mettre en place des systèmes efficaces de tri en amont des ordures qui permettrait d’alimenter Amétyst avec des biodéchets. Amétyst est géré par Novergie, filiale de Sita-Suez Environnement, dont le coeur de métier est la valorisation des déchets. Mais voilà : moins de déchets, moins de matière première, moins de turnover, moins de business, moins pour les actionnaires. Suez Environnement, c’est l’économie verte. Zero Waste, c’est pas pour eux. A l’autre bout de la chaîne, il y a les trous de Castries, six villages impactés, des milliers de résidents incommodés, des risques sanitaires, la nappe phréatique et des cours d’eau pollués, le risque de destruction d’habitat d’espèces protégées comme l’aigle de Bonelli et le busard cendré. La décharge est gérée par la Société montpelliéraine de traitement et de valorisation des déchets (SMTVD) où l’on retrouve notamment des filiales de Véolia Propreté et du Holding Nicollin.

« Cette décharge est caractérisée par une très forte teneur en hydrogène sulfuré dans le biogaz qui en sort (plus de 100 fois supérieur aux prévisions) et un taux d’oxyde de souffre avec un pic à plus de 3 000 fois les prévisions). » assure l’Association collectif intercommunal décharge de Castries (ACIDC). Outre un recours déposé au tribunal de Montpellier contre le préfet, ce collectif vient d’adresser une pétition à la Commission des pétitions et demande au Parlement européen, pour manifester son opposition à l’extension de la décharge, car les élus et les administrateurs de la Métropole n’ont d’autre solution, semblet- il, que celle de multiplier les trous au même endroit puisque il y en a déjà deux.

De fait, le casier 2 doit fermer en 2019. Mais c’est Nimby* dans tous les villages. Cerise sur le gâteau : les gestionnaires de l ‘ISDND de Castries envisagent l’installation d’une unité de méthanisation pour produire de l’électricité avec les émanations de la décharge. C’est écolo !

> ALAIN ZOLTY

Les Amis de la Terre Hérault

*Not in my backyard, pas dans mon arrière cour.