Prise de parole lors du procès XR Dijon contre la BNP
Mercredi 16 août 2023, à 13h30, 7 rebelles d'Extinction Rebellion étaient covoqué·es au tribunal correctionnel de Dijon pour avoir effectué une action de désobéissance civile non violente le 10 mai dernier, une action contre la BNP.
L’Accord de Paris, adopté en 2015, posait comme objectif de contenir le réchauffement global à +1,5°C, mais depuis, les banques françaises ont soutenu les énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz) à hauteur de 406 milliards de dollars. Les banques françaises jouent donc un rôle clé dans la crise climatique. Si les banques françaises condamnent le climat et notre avenir, BNP se place comme chef de file de cette fuite en avant.
Depuis la COP21, ce sont 165 milliards de dollars que la banque au logo vert a accordés aux charbon, pétrole et gaz. 165 milliards de dollars, c’est quatre fois le montant qui serait nécessaire pour rénover toutes les passoires thermiques de France ! La contribution de BNP à l’emballement climatique est une tendance qui semble se confirmer année après année, alors que la banque s’est pourtant engagée à atteindre la neutralité carbone en 2050.
Ainsi, entre 2021 et 2022, la banque française a augmenté de 20% ses financements aux énergies fossiles, ce qui fait de BNP la banque européenne à avoir le plus augmenté ses financements à cette industrie l’année dernière.
Quels sont les principaux complices de BNP dans cette expansion toxique du pétrole et du gaz ? BNP est le 1er financeur mondial des 9 majors européennes et américaines (BP, Chevron, ConocoPhillips, Equinor, Eni, Exxon, Repsol, Shell et Total) et leur a accordé 45,4 milliards de dollars depuis 2016. Ces entreprises sont impliqués à elles seuls dans plus de 200 nouveaux projets d’énergies fossiles partout dans le monde. Or, ces projets dévastateurs ne pourraient pas voir le jour si des banques comme BNP n’étaient pas là pour les financer.
BNP est d’ailleurs le 1er financeur de Total en 2022 !
La responsabilité du secteur financier dans la crise climatique est immense. En effet, en choisissant notamment d’accorder des prêts à certains projets et entreprises, les banques ont le pouvoir de décider de quoi le monde de demain sera fait.
TILENGA / EACOP :
En 2006, de larges réserves de pétrole ont été découvertes sur la rive ougandaise du lac Albert. Elles constituent les quatrièmes réserves plus importantes en Afrique sub- saharienne, estimées à près de 6,5 milliards de barils de brut, dont au minimum 1,4 milliard récupérable.
Total est aujourd’hui l’opérateur principal du projet Tilenga qui vise à extraire environ 200 000 barils de pétrole par jour. Total prévoit de forer plus de 400 puits répartis sur 34 plateformes pétrolières. Dix de ces plateformes se trouvent dans la plus ancienne et grande aire naturelle protégée du pays : le parc national des Murchison Falls. Le projet comprend aussi des infrastructures associées : une usine de traitement du pétrole, un réseau de pipelines totalisant environ 180 kilomètres de longueur reliant les différents puits, et un système de prélèvement d’eau du lac Albert.
Total est aussi le principal développeur du projet EACOP. D’un coût estimé à 3,2 milliards d’euros, l’oléoduc fera 1 445 km de long et sera chauffé à 50 degrés, ce qui en fera « le plus long pipe-line de pétrole brut chauffé au monde ». Il transportera le pétrole jusqu’au niveau de l’océan indien, d’où il sera exporté.
Ces deux projets (Tilenga et EACOP) impliquent des déplacements massifs de population. Le projet Tilenga provoquera le déplacement de plus de 31 000 personnes. Quant EACOP, l’oléoduc traversera 178 villages en Ouganda et 231 en Tanzanie, provoquant le déplacement de plusieurs dizaines de milliers de personnes avec des violations du droit de propriété et une forte dégradation des conditions de vie des populations et de leurs moyens de subsistance.
Des risques de dommages irréversibles pour l’environnement et le climat
Le projet Tilenga met donc en danger la biodiversité du Parc des Murchison Falls, les cours d’eau dont les communautés dépendent pour leur quotidien, le lac Albert qui contient environ 30 % des pêcheries en Ouganda, ainsi que les sols dont les paysans dépendent pour l’agriculture, et l’air qu’ils respirent. Ces nombreux risques irréversibles pour l’environnement se rajoutent aux risques inhérents à toute activité pétrolière : fuites, fumées, rejet d’eaux usées et surtout réchauffement climatique.
L’oléoduc EACOP menace l’accès à l’eau et à la nourriture de millions de personnes dans la région ; il traversera des forêts, des zones humides et des mangroves, participant à la déforestation, à la destruction de la biodiversité et des moyens de subsistance des communautés locales.
En continuant à financer Total, la BNP est de ce fait responsable du développement du projet Tilenga / EACOP, et de toutes les conséquences qui s’en suivent.
Après avoir alerté depuis des années sur la lourde responsabilité de la finance dans la crise climatique, après avoir dialogué avec les banques pour qu’elles cessent de financer l’industrie des énergies fossiles, et face à l’inaction du gouvernement, Oxfam France, Les Amis de la Terre France et Notre Affaire à Tous ont lancé une action en justice inédite. L’objectif est d’obtenir de la justice qu’elle oblige BNP à cesser de développer les énergies fossiles – charbon, pétrole et gaz.
Mais cela prend du temps. Alors quand des citoyens cherchent à dénoncer la BNP, je veux parler notamment de nos amis de Extinction Rebellion Dijon, il est incroyable de voir qu’ils sont considérés comme des « éco-terroristes ». Sérieusement, les criminels climatiques sont connus, ce sont les dirigeants de la BNP et de Total qui devraient être jugés pour leurs actes climaticides, avec préméditation.
Retrouvez toutes les prises de paroles.