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Climat-ÉnergieFinance
4 juillet 2015

Appel de Paris : bilan d’étape à 5 mois de la COP21

Lancé il y a 2 mois en France, l'Appel de Paris a pris une ampleur internationale avec le lancement du site dotheparispledge.org. Sur l'initiative de BankTrack et relayé par des organisations dans le monde entier, dont les Amis de la Terre.

Lancé il y a 2 mois en France, l’Appel de Paris a pris une ampleur internationale avec le lancement du site dotheparispledge.org. Sur l’initiative de BankTrack et relayé par des organisations dans le monde entier, dont les Amis de la Terre en France, les banques internationales font désormais toutes l’objet d’une même demande : qu’elles s’engagent d’ici la COP21 à mettre un terme à leurs soutiens au secteur du charbon en signant le Paris Pledge.

L’occasion pour nous de revenir sur les (non) engagements pris par les banques françaises en la matière au cours des deux derniers mois.

Quelles avancées vers l’Appel de Paris ?

Les Amis de la Terre se sont félicités de cette décision mais en ont déjà noté certaines limites inhérentes à l’engagement :
la banque peut toujours financer la construction de nouvelles centrales à charbon malgré leur incompatibilité avec l’urgence à réduire nos émissions de CO2 à l’échelle planétaire et à maintenir le réchauffement de la planète en dessous du seuil d’1,5°C. Et loin d’être fictif, ce risque est déjà réel puisque la banque soutient activement le projet de centrale à charbon de Plomin C en Croatie.

La deuxième limite est que Crédit Agricole ne parle que des entreprises spécialisées dans cette activité, qui sont très peu nombreuses, alors que d’autres acteurs financiers comme Axa et surtout le Fonds souverain norvégien ont adopté des critères beaucoup plus ambitieux : alors qu’Axa a exclu de son champ d’investissement les entreprises dont plus de 50% de leurs chiffres d’affaires provient du secteur du charbon, le Fonds souverain norvégien a lui fixé un seuil de 30%. Les Amis de la Terre appellent donc Crédit Agricole à revoir sa position et à adopter un critère plus ambitieux.

  • Malgré ses limites, Crédit Agricole est la deuxième banque après Bank of America à prendre un tel engagement et sa politique a de quoi faire pâlir BNP Paribas et Société Générale qui n’ont sû se saisir des opportunités de mai – leur Assemblée générale et le Climate Finance Day – pour annoncer des mesures sur leurs soutiens aux énergies fossiles. Si Société Générale est timorée à prendre des initiatives en la matière, à noter surtout le gouffre entre les annonces ou non annonces de BNP Paribas et sa virulence quant à son engagement dans la lutte contre les changements climatiques. Il faudra plus qu’un sponsorhip de la COP21 pour faire oublier que la banque demeure dans le top 10 des banques les plus climaticides de par ses financements au charbon.
  • Natixis, la banque d’investissement et de financement du groupe BPCE, a annoncé la fin de ses financements au Mountain Top Removal (MTR), une pratique d’extraction de charbon qui consiste à faire exploser le haut des Appalaches (US) pour accéder aux veines de charbon. Rappelons que bien que la banque est moins exposée au financement du charbon à l’international (41ème banque), elle n’en demeure pas moins la 4ème banque française à l’avoir le plus financé mais n’a adopté aucune politique sectorielle relative à la diminution des impacts de ses activités dans les secteurs à risque. Natixis est donc loin de signer l’Appel de Paris, mais l’arrêt de ces soutiens au MTR est donc un premier pas encourageant sur lequel la banque ne doit pas s’arrêter.

Quelles avancées dans la mobilisation contre des nouveaux projets de centrales à charbon ?

Dans leur carte de voeux aux banques françaises, les Amis de la Terre ont souhaité à BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale de s’engager à ne pas financer les projets de mines de charbon du bassin de Galilée, et les projets de centrales à charbon de Batang (Indonésie), Rampal (Bangladesh), Plomin C (Croatie), et ceux dans le Waterbeg dont celui d’Engie de Thabametsi (Afrique du Sud).

Après la victoire sur le bassin de Galilée, les Amis de la Terre ont interrogé avec Maha Mirza, une militante venue du Bangladesh, les banques sur le projet de Rampal au Bangladesh . Et bonne nouvelle, BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale nous ont affirmé qu’ils ne financeraient pas ce projet qui menace les Sundarbans, plus grande forêt de mangroves au monde.

Et maintenant ?

Malgré des avancées conséquentes, la route est encore longue avant que les banques françaises ne signent l’Appel de Paris. La mobilisation continue particulièrement contre le projet de Plomin C dans lequel Crédit Agricole est directement impliqué.

Vous voulez nous aider à pousser les banques françaises à arrêter de financer le charbon ?

1. Soutenez la mobilisation en rejoignant un groupe local des Amis de la Terre et / ou les Jeunes Amis de la Terre.

2. Client d’une grande banque française, demandez-lui de signer l’Appel de Paris sur jechangedebanque.eu

3. Participez à la journée du changement de banque le 10 octobre 2015 pendant laquelle nous ferons savoir aux banques que nous refusons que notre argent finance les changements climatiques (contacter lucie.pinson@amisdelaterre.org)

Et à l’occasion des vacances, découvrez les bulletins de notes des banques et entreprises françaises.