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Pollution de l'air et transports
Communiqué de presse22 mars 2018

5 raisons et mesures pour défendre le train

Méthodologie imparfaite du rapport Spinetta, bafouement des principes de la démocratie par le recours aux ordonnances, mépris des salarié.e.s du secteur et de l’intérêt général : la proposition de réforme de la SNCF n’est pas menée selon une démarche respectueuse des citoyens, des usagers et des salariés. Force est de constater qu’elle ne répond pas aux enjeux environnementaux et sociaux d’aujourd’hui. Les Amis de la Terre proposent 5 mesures nécessaires pour un service ferroviaire au service de tou.te.s et du climat.

1- Le train, un atout dans la lutte contre les changements climatiques

En comparaison de la voiture, de l’avion, et même du bus (si le taux de remplissage est suffisant), le train est le mode de transport permettant le déplacement du plus grand nombre de personnes en dépensant le moins d’énergie. Son intérêt pour la société ne peut pas se réduire à un « domaine de pertinence socio-économique » comme le propose le rapport Spinetta mais doit également intégrer l’enjeu climatique et de santé publique : proposer de supprimer des trains pour les remplacer par des voitures est en contradiction totale avec les engagements de la France à réduire ses émissions de gaz à effet de serre.

2- « Petites lignes » : il ne faut pas les fermer, il faut les développer

Il est temps de sortir d’une logique d’aménagement du territoire basée sur la concurrence de grandes métropoles, reliées par des lignes à grande vitesse, pour renforcer les solidarités entre les villes et les territoires ruraux. Si le taux de remplissage des TER plafonne à 25%, encore faut-il chercher à en comprendre les raisons pour y remédier : horaires inadaptés, difficultés pour rejoindre les gares faute de transports publics suffisants,… La priorité n’est pas de fermer des lignes mais, au contraire d’investir davantage, aux côtés des régions pour permettre aux transports publics régionaux de franchir un seuil d’attractivité permettant de réduire l’usage de la voiture.

3 – Le train, un moyen de transport plus juste socialement

Dans de nombreuses régions, l’accès aux bassins d’emplois, aux établissements d’études supérieures, aux services administratifs ou encore aux services de santé (hôpitaux…), concentrés dans les grandes villes n’est possible que si un réseau de transport public efficace et économique existe. Avec un prix des carburants et de l’utilisation des voitures qui augmentera désormais chaque année, il existe un risque réel de creuser la fracture entre les citoyens qui pourront prendre la voiture pour accéder à ses services de base et ceux qui y renonceront. Défendre les TER (en complément des bus pour les liaisons courtes), c’est donc défendre le droit à chacun à vivre dignement. Pour les transports inter-régionaux, nous refusons également que train ne soit réservé qu’à une « élite circulatoire » et sur le modèle du business first, prête à payer le prix fort avec un TGV, alors que les plus pauvres sont condamnés à faire des heures de bus pour un trajet identique. Plutôt que de démanteler les lignes Intercités et les trains de nuit, il nous paraît au contraire indispensable de les développer en qualité et en quantité.

4- Le transport de marchandise par fret ferroviaire, une alternative aux camions

C’était une promesse du Grenelle de l’Environnement et c’est un échec : le développement du transport de marchandise par le rail reste un angle mort des politiques publiques. Il s’agirait pourtant d’un moyen efficace pour réduire le nombre de camions sur les routes et la pollution que cela engendre tout en améliorant l’équilibre économique de la SNCF. Tant que le transport routier ne sera pas taxé à son juste coût, le fret ne sera pas compétitif économiquement.

5- Pour un service public du transport ferroviaire

Pointer du doigt les cheminots dans la responsabilité du déficit de la SNCF est une stratégie de diversion pour mieux faire oublier les responsabilités de l’État et de nombreux élus qui l’ont poussé à violer la règle de d’interdiction de lancer des projets non-financés et à multiplier les lignes LGV à la rentabilité douteuse. Le rapport Spinetta ne dit pas un mot sur les dérives des partenariats publics-privés déjà expérimentés et continue de considérer comme acquises les constructions des corridors européens malgré les liquidations judiciaires (notamment de la section Perpignan-Figueras présentée comme un modèle) et les prévisions reconnues comme fausses par les États eux-mêmes.

L’Etat doit enfin faire preuve de cohérence en arrêtant de pousser ces projets pharaoniques et orienter de façon réellement prioritaire l’investissement public vers l’entretien et l’amélioration du réseau existant. Le train doit redevenir un vrai service public accessible à tous citoyen, où qu’il soit sur le territoire, ce qui implique plus d’investissement dans les TER à travers les contrats Etats-région, vers des moyens de rabattement efficaces, mais aussi d’arrêter de pousser à plus de libéralisation du secteur car comme le reconnaît le rapport Spinetta « En situation d’ouverture à la concurrence, les nouveaux entrants ne s’intéresseront qu’aux marchés les plus rentables. La concurrence conduira nécessairement à une réduction des marges de l’opérateur historique sur ces lignes, et donc remettra en cause les péréquations finançant les lignes les moins rentables, conduisant à leur attrition. »

Nos 5 recommandations :

1. Un arrêt des projets de nouvelles lignes LGV et réorientation des investissements dans le renforcement du réseau existant.

2. Une stratégie d’accompagnement des régions pour rendre plus attractif les TER et augmenter leur taux de remplissage.

3. La mise en place d’une taxe sur les poids lourds permettant de financer des investissements dans le fret ferroviaire et de le rendre plus compétitif.

4. Aucune fermeture de ligne existante sans mise en place d’une vraie consultation publique permettant d’en évaluer les impacts sociaux et environnementaux.

5. Une reconnaissance des métiers de « cheminots » comme « emploi verts » afin de valoriser leur importance dans la transition écologique, un maintien du statut actuel de la SNCF comme EPIC et l’élaboration d’une stratégie pour renforcer le service public du train.