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photo prise à paris le 21/03/22 par Basile Mesré-Barjon. Tous droits réservés
Multinationales
Communiqué de presse21 mars 2022

Action : Total ciblé pour ses liens toxiques avec le régime de Poutine

Alors que depuis près d’un mois le régime de Vladimir Poutine mène son offensive meurtrière en Ukraine, les activistes des Amis de la Terre France, d’Alternatiba Paris et d’Action Non-Violente COP21 ont ce matin mené une action coup de poing au siège de Total pour dénoncer le maintien de ses activités pétrolières et gazières russes.

Les militants pointent du doigt la complicité du gouvernement français, et appellent Emmanuel Macron à appliquer sans exception les sanctions européennes et à contraindre Total à se retirer de Russie.

À 09 heures ce matin, une quinzaine d’activistes ont fait irruption à l’intérieur de la tour de Total à La Défense. Ils ont repeint en noir le hall de la multinationale française et ont brandi leurs mains peintes en rouge. Les militants ont affiché le message « Vos pétrole et gaz – leur sang », pendant que les porte-paroles des organisations ont expliqué la raison de leur présence.

Pour Marie Cohuet, porte-parole d’Alternatiba Paris et d’Action Non-Violente COP21 : « Ce sont les énergies fossiles qui arment le régime de Vladimir Poutine et prennent chaque jour de nouvelles vies aux portes de l’Europe. Non seulement nous le savons, mais la quasi totalité des majors pétrolières et gazières en a pris acte en annonçant son retrait de Russie dès les premiers jours de l’invasion militaire  1. Patrick Pouyanné persiste au contraire à faire preuve d’une fermeté criminelle en s’accrochant à ses actifs russes et à son business avec des oligarques proches du Kremlin. Cette position est honteuse : Total, profiteur du chaos climatique, s’illustre aujourd’hui en profiteur de guerre. »

Total est notamment actionnaire de Novatek, aux côtés de l’oligarque russe Guennadi Timtchenko – un très proche de Poutine directement visé par les sanctions européennes et de Gazprom entreprise aux mains du Kremlin. Le groupe français est par ailleurs lié à l’entreprise Zarubezhneft, placée également sur la liste des sanctions pour sa proximité et son soutien au régime de Vladimir Poutine. Les intérêts de Total sont lourds en Russie et notamment dans le secteur gazier : il y détient 40 % de ses réserves mondiales et mise sur de méga-projets d’exportation en Arctique russe comme Yamal LNG et Arctic LNG2. Au regard de ces liaisons très dangereuses, les Amis de la Terre France et Greenpeace France ont déjà la semaine dernière mis en demeure Total de cesser toute activité dans le secteur pétro-gazier russe 2.

Lorette Philippot

« Le gouvernement français s’est jusque-là lâchement caché derrière l’engagement lacunaire de Total à ne pas faire de nouveaux investissements en Russie 3 pour ne pas lever le petit doigt. Mais les sanctions européennes publiées la semaine dernière changent la donne et pourraient porter un coup sévère à la multinationale. »

Lorette Philippot
chargée de campagne aux Amis de la Terre France

Lorette Philippot, poursuit : « Les respecter signifierait qu’aussi longtemps que Total restera en Russie, il ne pourrait plus compter sur les précieux soutiens financiers de ses banquiers 4. Emmanuel Macron doit aujourd’hui choisir : s’opposer délibérément à ce que ces sanctions s’appliquent à Total et afficher au grand jour sa complaisance avec les activités toxiques du groupe pétro-gazier ; ou arrêter ici l’hypocrisie et enfin contraindre Total à se retirer ».

 

En effet, les sanctions annoncées par l’Union européenne le 15 mars prévoient une interdiction de tout nouveau service financier aux entreprises opérant dans le secteur énergétique russe et devrait donc concerner Total. Le gouvernement français pourrait cependant décider de lui accorder une dérogation spéciale, un geste de complicité lourd de conséquence face à la violence de l’agression du Kremlin en Ukraine 5. Les Amis de la Terre France, Alternatiba Paris et Action-Non Violente COP21 exigent qu’il sanctionne et non exempte Total de ses graves responsabilités.

Photos disponibles ici (à créditer avec : « Photo prise à Paris le 21/03/2022 par Basile Mesré-Barjon lors d’une action menée par les Amis de la Terre, Alternatiba Paris et ANV-COP21, tous droits réservés »)

Notes
1

C’est notamment le cas de BP, Shell, Equinor, Eni et ExxonMobil.

 

2

Voir les détails sur les liens entre Total et la Russie ainsi que sur la mise en demeure des ONG dans cet article publié sur le site des Amis de la Terre France.

www.amisdelaterre.org/total-mis-en-demeure-de-quitter-la-russie

4

Début mars, plus de 75 organisations ont appelé dans une lettre les banques, assureurs et investisseurs à ne plus accorder de services financiers aux entreprises du charbon, pétrole et gaz opérant en Russie.

www.reclaimfinance.org/site/2022/03/04/la-finance-appelee-a-ne-plus-soutenir-les-energies-fossiles-en-russie

Deux investisseurs, Church of England et Clearway, pressent déjà Total de quitter la Russie.

www.reuters.com/business/energy/church-england-funds-press-totalenergies-exit-russia-2022-03-15

5

Texte des sanctions européennes du 15 mars 2022. Voir l’article 3 bis concernant l’interdiction des services financiers et les possibles dérogations. www.eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32022R0428&from=FR