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Climat-ÉnergieFinance
Communiqué de presse9 avril 2010

Copenhague est passé, la Banque mondiale accorde des milliards au charbon

Malgré l’opposition massive de la société civile dans le monde, et l’abstention de cinq pays (1), la Banque mondiale a d’approuvé hier un prêt de 3,75 milliards de dollars pour la société sud-africaine Eskom.

Ce financement servira principalement à la construction de la méga centrale à charbon de Medupi, qui sera l’une des plus polluantes au monde. Les Amis de la Terre condamnent fermement ce soutien à un projet dramatique pour l’environnement et qui maintient un apartheid énergétique dans le pays. L’organisation regrette que la France n’ait pas eu le courage politique de voter contre le projet.

Près de 200 organisations de la société civile en Afrique du Sud et dans le monde étaient mobilisées contre le projet Eskom. Elles dénoncent notamment les impacts climatiques très lourds du projet : il rejettera 25 millions de tonnes de CO2 par an, soit 5 % des émissions françaises.

Anne-Sophie Simpere, chargée de campagne Responsabilité des acteurs financiers aux Amis de la Terre, explique : « La centrale de Medupi va émettre des millions de tonnes de CO2 sur les trente années à venir. Ce type de projets enferme l’Afrique du Sud dans un modèle énergétique archaïque et compromet les efforts internationaux de lutte contre les changements climatiques. Il est scandaleux que la Banque mondiale choisisse d’utiliser ses ressources pour des centrales à charbon quand l’Afrique du Sud a un énorme potentiel en matière de renouvelables et d’efficacité énergétique, qu’il faudrait développer. Que pensera-t-on de ce choix déplorable dans quelques décennies ? ».

Les associations expliquent également que le projet ne va pas contribuer à la réduction de la pauvreté. Au contraire, l’électricité produite par Medupi profitera avant tout à des multinationales occidentales, qui bénéficient de tarifs très bas pour l’énergie. Les Sud-Africains verront quant à eux leur facture augmenter, pour contribuer au remboursement de la dette d’Eskom (2). En outre, ils subiront les impacts locaux de la centrale, en particulier les pollutions au soufre et au mercure qu’elle engendrera.

Anne-Sophie Simpere conclut : « La Banque mondiale ne remplit pas sa mission de lutte contre la pauvreté, mais se met au service des entreprises et d’intérêts de très court terme. Elle a fait ce choix au mépris de l’opposition massive de la société civile. Il faut noter que la France a soutenu le projet, violant tous ses engagements et contredisant les déclarations du président Sarkozy en matière de climat et de développement. Pourtant, ce vote n’a pas été facile : cinq États se sont abstenus, et le ministère des Finances états-unien a publiquement exprimé ses doutes quant au projet : c’est une situation exceptionnelle.»

La Banque mondiale vient de lancer un processus de révision de sa politique énergétique qui devrait durer toute l’année. Le vote d’aujourd’hui annonce que des réformes très profondes seront nécessaires.

Contact presse :

Caroline Prak

01 48 51 32 22 / 06 86 41 53 43

Notes :

(1) Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la Norvège, les Pays-Bas et l’Italie se sont abstenus

(2) Voir notamment : « Medupi (Afrique du Sud) : le Crédit Agricole finance un projet charbonnier climaticide« .