Climat-ÉnergieFinance
Communiqué de presse15 juillet 2025

Gaz au Mozambique : alerte sur les risques environnementaux

Un nouveau rapport de Justiça Ambiental! / Les Amis de la Terre Mozambique et Fair Finance Southern Africa — soutenu par Les Amis de la Terre France — révèle l’ampleur de la catastrophe écologique que préparent les majors gazières au Mozambique.

Cette analyse indépendante s’est penchée sur les risques environnementaux liés aux quatre projets de gaz fossile prévus dans le bassin de Rovuma — Mozambique LNG, Rovuma LNG, Coral South FLNG et Coral North FLNG. Elle conclut que leurs impacts dévastateurs n’ont jamais été correctement évalués, et donc atténués, par Total, Eni et ExxonMobil

Ces projets prévoient d’exploiter d’immenses réserves gazières, en forant pour le seul projet de Total Mozambique LNG jusqu’à 55 puits dans le fond marin, à plus de 2 km de profondeur. Mozambique LNG et Rovuma LNG sont en outre associés à un méga parc industriel de 18 000 hectares sur la côte, des infrastructures fossiles qui occuperaient un site de près de deux fois la taille de Paris. Ces activités d’extraction, de transformation et d’exportation gazières de grande ampleur sont prévues au sein de l’une des plus importantes et fragiles zones de biodiversité de l’océan Indien et du continent africain. 

Émissions de gaz à effet de serre, fuites de gaz, pollutions chimiques, nuisances sonores, introduction d’espèces invasives, déchets toxiques de forage et de dragage… Ce nouveau rapport dresse les lourds risques de telles opérations sur le climat et les écosystèmes marins et terrestres, pourtant largement ignorés par les études d’impact environnemental réalisées par Total et les autres majors. Car ces évaluations sont insuffisantes, lacunaires, truffées d’omissions, et ne permettent dès lors pas de prendre des décisions éclairées et crédibles concernant les projets gaziers. 

Total, Eni et Exxonmobil appréhendent très mal les écosystèmes dans lesquels ils prévoient d’opérer : il ne peuvent ainsi pas prétendre être en capacité d’anticiper et de réduire leurs impacts, et pourront encore moins demain évaluer les dommages potentiellement irréversibles qu’ils auront causés. Ce sont pourtant sur ces études d’impact de 2014 et 2020 que repose le soutien des banques françaises Société Générale et Crédit Agricole au projet de Total Mozambique LNG. 

Pour Lorette Philippot, responsable de campagne finance privée aux Amis de la Terre France : “Société Générale et Crédit Agricole ont décidé en 2020 d’accorder des prêts pour le développement de Mozambique LNG en se basant sur les études d’impact environnemental manifestement défaillantes de Total. Elles ne doivent pas reproduire aujourd’hui la même erreur, alors que la major française les appelle à valider à nouveau leurs financements pour assurer la relance de son méga-projet de gaz fossile.”

Les potentielles conséquences des projets gaziers aujourd’hui prévus sont en effet d’une ampleur toute autre. Le rapport révèle que l’exploitation des réserves gazières du bassin de Rovuma pourrait être responsable de l’émission de près de 10 gigatonnes de gaz à effet de serre, soit 17 % du budget carbone mondial restant pour limiter le réchauffement global à 1,5 °C

Il alerte en outre sur les graves menaces qui pèsent sur les écosystèmes et la biodiversité. En mettant en danger des habitats marins et terrestres clés – forêts, zones humides, mangroves, récifs coralliens –, les projets gaziers posent des risques pour les animaux qui y vivent et les communautés qui en dépendent. La région est notamment le refuge de nombreuses espèces, dont des espèces en danger : guépard, lion, hippopotame, éléphant, lycaon, pangolin, baleine à bosse, rorqual boréal, dauphin, dugong, tortue verte, tortue caouanne, tortue imbriquée, tortue luth… 

Une série d’enquêtes publiées en février dernier par Médiapart sur la base de documents confidentiels obtenus par l’ONG Climate Whistleblowers avait déjà pointé du doigt les graves impacts négatifs de Mozambique LNG sur l’environnement et la biodiversité, malgré les fausses promesses de Total. Médiapart soulignait notamment le rôle joué par la société de conseil Biotope — à laquelle Total a fait appel pour produire des études d’impact pour Mozambique LNG — dans le greenwashing de ce projet. 

Par ailleurs, une enquête journalistique publiée par l’ONG ReCommon a révélé en mars dernier les opérations de torchage excessives et non déclarées du projet Coral South FLNG d’Eni, aujourd’hui le seul actif au large du Mozambique. Les émissions liées à ce torchage sont ainsi jusqu’à sept fois supérieures à ce que déclarait Eni dans l’étude d’impact environnemental du projet. 

Au regard des lacunes flagrantes dans les données relatives aux impacts des activités gazières, les ONG demandent un moratoire sur les projets du bassin de Rovuma, dont Mozambique LNG, aussi longtemps que les entreprises concernées ne seront pas capables de prouver qu’elles ne causeront pas de dommages irréversibles. Les Amis de la Terre France appellent Société Générale et Crédit Agricole à refuser de financer la relance du projet Mozambique LNG, en outre déjà associé à de graves violations des droits humains et allégations de crimes contre les civils