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Climat-ÉnergieFinance
27 octobre 2016

Crédit Agricole et Société Générale annoncent enfin l’arrêt de leurs financements de projets aux centrales à charbon

Montreuil, le 27 octobre 2016. A une semaine du Climate Finance Day qui se tiendra le 4 novembre à Casablanca, en amont de la COP22, Crédit Agricole et Société Générale s’alignent sur Natixis en annonçant la fin de leurs financements de projets aux centrales à charbon.

Les Amis de la Terre France en partenariat avec Fair Finance France saluent cette mesure. Cela ne signifie malheureusement pas, pour le moment, que ces banques renoncent à leurs soutiens aux nouveaux projets de centrales à charbon en Indonésie et République dominicaine. BNP Paribas, seule banque française à ne pas avoir mis un terme à ses soutiens directs aux centrales à charbon, se retrouve une nouvelle fois à la traîne des avancées climatiques.

Très critiqués par les Amis de la Terre France et leurs partenaires pour leur implication dans des nouveaux projets de centrales à charbon en Indonésie et en République dominicaine après la COP21, Crédit Agricole et Société Générale viennent d’annoncer la fin de leurs financements de projets aux centrales à charbon (1). Cette mesure complète celles déjà adoptées en 2015, à savoir la fin de leurs soutiens directs aux projets de mines de charbon, ainsi que l’arrêt des soutiens directs aux projets de centrales à charbon dans les pays à hauts revenus (2). Lucie Pinson, chargée de campagne Finance privée / Coface aux Amis de la Terre France commente :

« Société Générale et Crédit Agricole s’alignent sur Natixis qui avait compris dès 2015 que la seule politique climatique valable était celle qui excluait tout financement de projet à de nouvelles centrales à charbon, partout dans le monde. Désormais clairement isolée, BNP Paribas est la dernière grande banque française à toujours autoriser les soutiens directs aux centrales à charbon. Pourtant, comme Crédit Agricole, BNP Paribas s’est engagée à la COP21 à tout mettre en œuvre pour que les objectifs de l’Accord de Paris soient atteints voire dépassés (3). Il est urgent qu’elle prenne le même engagement afin de faire du secteur bancaire français le premier au monde à exclure tout financement direct au secteur le plus incompatible avec les objectifs de l’Accord de Paris ».

L’impact climatique de cette mesure reste toutefois limité puisqu’elle ne concerne que les financements de projet. Or c’est avant tout à travers des financements et services aux entreprises que les banques soutiennent l’industrie du charbon.

Yann Louvel, coordinateur de la campagne Climat – Energie à BankTrack ajoute :« L’urgence est d’empêcher les centaines de nouveaux projets de centrales à charbon prévus dans le monde d’accéder à des financements, qu’ils soient directs ou indirects. Donc si les annonces du Crédit Agricole et de Société Générale vont dans la bonne direction, elles sont bien insuffisantes puisque les banques peuvent toujours financer les entreprises qui construisent ces projets. Seule Société Générale ajoute qu’elle entend réduire ses soutiens aux entreprises du charbon afin de s’inscrire d’ici à 2020 sur la trajectoire du scénario 2 degrés de l’Agence Internationale de l’Energie (4). Cette approche est intéressante mais doit être complétée par l’adoption de critères d’exclusion précis (5) afin d’envoyer un signal clair aux entreprises du secteur ».

Enfin, les Amis de la Terre France et Fair Finance France dénoncent aussi des engagements qui ne s’appliquent pas aux projets de centrales à charbon en Indonésie et République dominicaine dans lesquels les banques sont impliquées (6) et qui ne prendront effet pour Société Générale qu’en 2017. Lucie Pinson conclut :

« Nous dénonçons le double jeu de Société Générale et Crédit Agricole qui n’entendent pas se retirer des projets de nouvelles centrales à charbon en Indonésie alors qu’aucun financement n’a été conclu. Nous restons également prudents quant à l’application qui sera faite de cet engagement par Société Générale puisqu’aujourd’hui, la banque viole toutes les politiques (sur les centrales à charbon) qu’elle a adopté depuis 2011 en finançant le projet ultra polluant et dépassé de Punta Catalina en République dominicaine (7).

L’adoption de nouvelles politiques est un pas qui va dans le bon sens. Mais seule leur application rapide sera une réelle avancée.

Contact presse :

  • Lucie Pinson, chargée de campagne Finance privée / Coface, Amis de la Terre, 06 79 54 37 15, lucie.pinson@amisdelaterre.org
  • Yann Louvel, coordinateur de la campagne Climat – Energie à BankTrack ; yann@banktrack.org ; 06 88 90 78 68

Note de bas de page :

1/ Nouvelle politique de Société Générale sur les centrales à gaz au charbon et Nouvelle politique de Société Générale sur les mines.

2/ Voir la synthèse des engagements pris par les banques françaises en 2015

3/ BNP Paribas a signé l’Appel de Paris, Paris Pledge for Action

4/ Société Générale indique comment elle entend opérationnaliser cet engagement en diminuant de 14% son exposition liée à l’extraction de charbon et en limitant la part de charbon dans son mix énergétique financé à 19% à fin 2020.

5/ La Société Générale indique un critère d’exclusion précis, celui des entreprises dont l’activité principale est liée au charbon, mais il reste insuffisant et ne concerne que les nouveaux clients et non les clients actuels de la banque.

6/ Crédit Agricole est impliqué dans les projets de Tanjung Jati B 2 et de Cirebon 2 en Indonésie. Société Générale est impliquée dans celui de Tanjung Jati B 2 et finance déjà le projet de Punta Catalina en République dominicaine. Pour en savoir plus sur les risques climatiques, environnementaux, sanitaires et économiques du projet de Tanjung Jati B 2, lire la note Indonésie : le test climatique du Crédit Agricole et de Société Générale publiée en mai 2016 par Les Amis de la Terre et Greenpeace. Plus d’informations sur Cirebon 2 sur le site de BankTrack.

7/ Dossier complet sur le projet de Punta Catalina et comment il viole toutes les politiques de Société Générale depuis 2011.