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Climat-ÉnergieFinance
14 mars 2018

L’autre facette d’Engie : reportage dans les zones sacrifiées du Chili

Montreuil, 14 mars 2018 - Une semaine après la publication des résultats 2017 d’Engie interprétés comme la preuve du succès de la stratégie de décarbonisation des activités du groupe, la publication d’un reportage photo sur les impacts de ses centrales à charbon au Chili [1] démontre que le groupe est encore loin d’être le leader mondial de la transition énergétique qu’il prétend.

La photographe Marion Esnault s’est rendue au Chili, dans les communes de Tocopilla et Mejillones qui regroupent à elles seules 55% du parc charbonnier chilien. Ces deux communes, situées au beau milieu du désert d’Atacama, le plus aride du monde, sont communément appelées “zones sacrifiées”. Historiquement des ports de pêches, ce sont des zones à la concentration industrielle très forte. Engie y possède 8 unités charbon et s’apprête à en mettre en service une nouvelle à Mejillones. 6 de ces 8 unités sont parmi les plus polluantes du parc charbonnier chilien, notamment celles de Tocopilla en service depuis 1960.

J’ai entrepris ces reportages photographiques en Amérique du Sud parce que je voulais comprendre et témoigner des impacts sur les populations locales des activités des énergéticiens français . A Tocopilla et Mejillones, j’ai découvert les désastres sociaux et environnementaux auxquels Engie participe, loin des regards de ses actionnaires dont l’Etat français.” témoigne Marion Esnault, auteur du reportage photographique.

Au Chili, les études épidémiologiques manquent pour quantifier l’ampleur des dommages causés par les centrales à charbon sur la santé des populations vivant dans les communes concernées. C’est ce que constate la Société Chilienne de pédiatrie qui a récemment publié un rapport sur l’impact sanitaire de l’exposition des enfants aux centrales à charbon. [2] Les recherches les plus solides ont été publiées en 2016 par un groupe de chercheurs de l’Université du Chili. L’équipe a analysé les impacts des grandes industries sur les populations locales entre 2000 et 2010 et a révélé que dans les zones proches des centrales à charbon au Chili, la mortalité liée aux maladies cardiovasculaires, cancer du poumon et autres types de cancer augmente de l’ordre de 30% à 100%, pour 1000 MW de capacité installée. Les taux d’hospitalisation augmentent d’environ 70% pour les pneumonies et légèrement moins pour les maladies cardiovasculaires, respiratoires et cancers [3]. Les photos et témoignages de Marion Esnault attestent de cette réalité.

Fin janvier, le gouvernement Bachelet, qui a aujourd’hui été remplacé par le gouvernement Piñera, a abouti à un accord avec les énergéticiens au Chili pour stopper la construction de toute nouvelle centrale et mettre en place un groupe de travail pour planifier la sortie du charbon. [4] “Engie a signé cet accord, pourtant le groupe s’apprête à mettre en service une nouvelle unité. A ce jour, nous n’avons pas eu de réponse concrète de la part du groupe sur son plan de fermeture des centrales à Tocopilla et Mejillones. Les preuves des impacts de leurs activités sont là, le contexte politique est favorable : Engie doit prendre ses responsabilités et enclencher rapidement la sortie du charbon du Chili.” précise Cécile Marchand, chargée de campagne aux Amis de la Terre.

Ne pas se défausser de ses responsabilités c’est aboutir à un plan de fermeture des centrales juste et négocié avec les populations locales. Non les brader pour essayer d’en tirer le moindre centime comme Engie commence à en avoir l’habitude et s’apprête à répéter pour ses centrales en Allemagne et aux Pays-Bas, où les discussions sur la sortie du charbon sont pourtant en cours.” précise-t-elle.

Les Amis de la Terre demandent à Engie de procéder le plus rapidement possible à la fermeture de leurs plus vieilles unités à Tocopilla et Mejillones, et de leur activité charbon en général au Chili.

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