Climat-Énergie
3 octobre 2012

Notre dépendance vis-à-vis du charbon, du pétrole et du gaz

L'industrie des hydrocarbures fossiles aggrave sans cesse notre dépendance vis-à-vis du charbon, du pétrole et du gaz. Les gouvernements emploient massivement votre argent pour la financer.

« Ça marche du tonnerre, Dieu merci. […] Nous utilisons davantage de combustibles fossiles. Nous envoyons davantage de CO2 dans l’air. Les centrales à charbon tournent à des niveaux record. Les affaires n’ont jamais été aussi bonnes. »

Fred Palmer
Western Fuels Association

Pour combattre le changement climatique, il faut rien moins qu’une révolution dans notre façon de produire et de consommer l’énergie. Mais cela n’arrange pas tout le monde : les propriétaires et exploitants des vieilles centrales électriques et installations industrielles aux rendements énergétiques déplorables tirent néanmoins profit de leurs dinosaures, et ont bien l’intention de continuer. Ceux-là sont prêts à beaucoup pour empêcher ou retarder toute intervention contre les changements climatiques qui leur imposerait de passer à des technologies plus propres.

L’industrie des hydrocarbures fossiles investit de l’argent dans des groupes de réflexion qui publient des rapports sophistiqués pour tenter de remettre en cause le consensus scientifique sur les dangers du changement climatique. Les gouvernements aussi soutiennent activement le secteur des carburants fossiles. A l’échelle mondiale, les industriels du charbon, du pétrole et du gaz reçoivent sous forme de subventions diverses 165 milliards d’euros d’argent public par an. Ceci est aggravé si on y ajoute les crédits consacrés à la recherche nucléaire. La suppression de ces subventions pourrait permettre de faire décroître les émissions mondiales de dioxyde de carbone de 18%, par exemple en forçant les fournisseurs d’énergie à investir dans les énergies propres pour rester compétitifs.

Des institutions financières internationales comme la Banque Mondiale et la Banque Européenne d’Investissement (BEI) financent l’extraction de toujours plus de charbon, de pétrole et de gaz pour les plus riches, ce qui entraîne très souvent dans les pays en développement des désastres économiques et sociaux et des destructions environnementales. Ces financements sont complétés par d’importants prêts de banques privées et de garanties d’agences de crédit à l’exportation, comme la Coface en France. L’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan, construit pour relier les gisements de pétrole de la mer Caspienne à la Méditerranée en donne un parfait exemple. La quantité de pétrole acheminée par cet oléoduc rejette chaque année dans l’atmosphère 170 millions de tonnes de dioxyde de carbone, soit l’équivalent de 40 % des émissions annuelles de CO2 de la France.