Energies fossiles et engrais
Climat-Énergie
28 février 2022

Ce qu’il faut retenir du nouveau rapport du GIEC

Le nouveau rapport du GIEC, publié aujourd’hui, sonne une nouvelle fois l’alarme sur l’urgence climatique. Il dévoile un constat grave et menaçant qui remet en question toutes les prévisions scientifiques faites jusqu’ici : les impacts du changement climatique sont déjà là et ils frappent plus fort et plus vite que ce prévu.

Qu’est-ce que le GIEC ?

Créé en 1988, le GIEC est une instance neutre et autonome composée de centaines d’experts. Il est chargé de synthétiser la littérature scientifique existante sur le changement climatique pour donner aux gouvernements les éléments nécessaires pour développer leur politique environnementale.

Les impacts du changement climatique, plus forts et plus rapides que prévu

Certains événements et conditions climatiques extrêmes qui n’étaient pas censées se produire avant 2100 ont déjà été constatés. Plus encore, leur ampleur et leur fréquence ne feront qu’augmenter. Chaque année, 20 millions de personnes sont ainsi forcées de devenir réfugiées dans leur propre pays en raison de phénomènes météorologiques extrêmes. En effet, d’ici à 2050, l’élévation du niveau de la mer affectera plus d’1 milliard de personnes (soit 1 personne sur 10) qui pourraient voir leur habitat détruit.

3,3 milliards de personnes sur Terre vivent dans des pays hautement vulnérables au changement climatique. Ainsi, ce sont 10% des surfaces d’élevage et de culture actuelles qui pourraient devenir inexploitables d’ici 2050. Le réchauffement climatique provoquant une flambée des prix des produits alimentaires, la population entière devra faire face à une situation d’insécurité alimentaire, où les produits alimentaires seront moins variés et moins abondants qu’aujourd’hui. Cette insécurité alimentaire fragilisera en premier lieu les minorités, les femmes, les personnes âgées, les enfants des ménages à faibles revenus et les petits producteurs.

Les premières extinctions dues au changement climatique sont en train de se passer sous nos yeux. En effet, 24% des espèces seront menacées d’extinction si le réchauffement atteint 1,5 degré. De plus en plus, si l’on franchit le seul de 1,5 degré, les dommages infligés aux écosystèmes seront irréparables et il sera impossible pour de nombreuses communautés de s’y adapter. Notre capacité à gérer les impacts et à nous adapter aux changements dépend fortement de notre capacité à réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Sans la mise en œuvre d’une politique ambitieuse, la fréquence et l’intensité des désastres climatiques augmenteront drastiquement et vite, y compris en France.

La nécessité d’un réveil de la classe politique

Les preuves des impacts de l’inaction politique sur les écosystèmes sont déjà là. Moins les politiques de diminution des émissions de gaz à effet de serre seront rapides et ambitieuses, moins nous serons en mesure de nous adapter aux conséquences du dérèglement climatique. Il est impératif que les dirigeants politiques prennent la mesure de l’urgence soulignée par les scientifiques et mettent en place dès maintenant des mesures permettant une réduction drastique des émissions.

Après l’échec de la COP26 de Glasgow, ce rapport du GIEC nous rappelle que les mesures actuelles sont bien loin de suffire face à l’urgence. Pire : les pays les plus riches sabotent les mesures efficaces contre le changement climatique, et ce au détriment des plus vulnérables.

« Pertes et dommages » : celui dont on ne doit par dire le nom

Les impacts irréversibles du changement climatique subis par les pays en développement sont désignés dans les textes internationaux comme « pertes et dommages ». Les pays développés, principaux responsables de l’impasse climatique, tentent de supprimer ce terme du rapport. Une façon de nier leur responsabilité et leurs obligations lorsqu’il s’agit de payer pour les impacts climatiques qu’ils ont eux-mêmes causés. Or, de nombreux dommages ont déjà eu lieu (notamment dans les pays du Sud) et sont irréparables. Les pays occidentaux doivent assumer leur responsabilité et soutenir financièrement les pays en première ligne du changement climatique pour favoriser leur capacité d’adaptation.

Les responsables du changement climatique sont connus : industrie fossile, agro-industrie, finance, lobbies, multinationales… Ces mastodontes qui alimentent la surproduction (et donc la surconsommation) sont les responsables de ce désastre et doivent être régulés par les gouvernements. Les décideurs des pays riches ne peuvent plus se permettre de détourner le regard. Il est impératif que les pays du Nord s’engagent dès maintenant dans une sortie des énergies fossiles et une transition équitable et rapide vers les énergies renouvelables.

Face à l’inaction politique, la mobilisation citoyenne s’organise

Alors que la semaine du 14 février le climat représentait seulement 2,7%1 des débats politiques dans les médias, 94%2 des Français considèrent pourtant le dérèglement climatique comme un enjeu capital. À la veille des élections présidentielles, nous sommes nombreux·ses à souhaiter placer l’écologie et la justice sociale au cœur des débats.

Nous pouvons agir ! Le 12 mars, des marches auront lieu partout en France. Ensemble, faisons entendre notre voix !

Sans attendre le 12 mars, des activistes des Amis de la Terre et d’ANV-COP21 se sont mobilisés ce matin pour faire résonner l’alerte climatique donnée par le GIEC et appeler les responsables politiques à réagir à la hauteur des enjeux.

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Photo prise à paris le 28/02/22 par Basile Mesré-Barjon. Tous droits réservés