Surproduction
3 janvier 2014

Quand les entreprises recyclent les initiatives citoyennes

Partager ses biens, une bonne idée pour en finir avec notre société de surconsommation... à condition de bien choisir ses plate-formes d'échange.

En privilégiant l’usage sur la propriété, en mettant en commun et en partageant leurs biens, depuis quelques années, des citoyens ont fait le choix de la « consommation collaborative », un mode de consommation en pleine expansion qui compte de plus en plus adeptes, 3 millions de covoitureurs en 2012. Depuis quelques mois, de nouveaux sites se créent et s’ouvrent à un public plus large, en offrant de nouvelles garanties de paiement ou en lançant des campagnes de communication grand public. Une question se pose néanmoins : qui se cache derrière ces sites qui surfent sur la vague de la consommation collaborative ?

Loin des initiatives citoyennes ou locales qui ont popularisé le covoiturage, ces sites sont dirigés par des sociétés attirées par l’appât du gain ou la recherche de nouveaux marchés. Blablacar est devenu en quelques mois la nouvelle référence du covoiturage en France et en Europe, après le rachat des sites concurrents (covoiturage.fr ou 123-voiture. org) et poursuit son développement avec la conclusion de partenariats avec des entreprises comme Total. Une autre start-up bien connue des adeptes du partage d’appartement, AirBnb, mise sur des commissions élevées, 12 %, payées par les usagers pour accroître son chiffre d’affaires et satisfaire l’intérêt des actionnaires de cette société cotée en bourse. Rappelons que ces sites ne sont que des plate-formes de mise en relation, les entreprises qui sont derrière ne gèrent pas l’entretien des voitures ou des logements, l’augmentation des commissions ne poursuit qu’une logique spéculative. Pour que la consommation collaborative continue d’être porteuse de valeurs éthiques et de reposer sur l’idée de moins consommer, soutenons donc les plate-formes associatives comme Covoiturage-libre.fr ou des plate-formes d’hébergements qui privilégient l’échange.

> CAMILLE LECOMTE