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Climat-Énergie
11 juillet 2017

Radical et pragmatique : un logiciel stratégique !

L’urgence écologique et sociale conditionne nos modes d’action et d’organisation. La bataille que nous devons mener pour lutter contre le dérèglement climatique et l’effondrement des écosystèmes nous met dans une situation que nous n’avons jamais connue et que nous ne connaitrons plus jamais.

Elle nous impose de mettre en œuvre des stratégies capables de renverser les rapports de force. La politique partisane nous démontre les limites au quotidien et oppose les personnes dans une logique de clans.

La lutte pour le climat nous impose de dépasser tous les clivages pour nous réunir autour de valeurs universelles et permettre l’engagement de tou-te-s.

Notre charte écrite il y a près de 50 ans pose des bases de paix et de non-violence comme motrices dans notre combat. Aujourd’hui, la radicalité dans la non-violence s’impose comme une force indispensable pour réunir les énergies nécessaires qui nous permettront de remporter les victoires décisives. Nos stratégies et notre fonctionnement se construisent autour de ces valeurs positives et universelles, plus que jamais nécessaires vus les défis que nous devons relever.

Le logiciel radicalo-pragmatique que nous défendons aux Amis de la Terre s’impose dans une logique de dépassement des clivages, sans nier la réalité des objectifs que nous devons atteindre. La construction d’une culture de la résistance s’allie à la nécessité d’une mobilisation générale au service des transformations que nous devons mettre en place.

Aller chercher des victoires atteignables n’est pas une soumission à un système ou un déni de la réalité. C’est une stratégie qui vise à constituer les bases d’un mouvement qui va prendre l’ampleur suffisante pour permettre des victoires plus larges et changer le système en profondeur.

Ces luttes que nous menons contiennent en elles le logiciel global de changement de système. Elles sont issues de la conjonction entre des principes radicaux et l’adaptation à une situation. Nous avons pleinement conscience que nous ne sommes pas assez forts à l’heure actuelle pour changer le système. Alors, nous construisons des stratégies qui nous permettront de le devenir. Ces stratégies sont fondées sur des logiques d’alliances larges où tout le monde peut trouver sa place. Elles permettent une articulation entre différentes formes de résistances, qu’elles soient individuelles ou collectives. Elles sont aussi basées sur le constat que les changements individuels sont indispensables mais non suffisants.

La forme de nos luttes revêt ici une importance capitale. Elle doit permettre l’implication des masses et que chacun-e y trouve sa place. Seule la non-violence est à même de remplir ces conditions. La non-violence n’est aucunement la passivité et constitue le socle de la construction d’une culture de la résistance. L’opposition créée entre la violence et la non-violence et ramenée à ce qui serait l’action contre l’inaction est une erreur. Agir de façon 100 % non-violente est une force dont l’efficacité est incontestable et incarne totalement les valeurs que nous défendons.

Notre légitimité se fonde sur la qualité de notre expertise et les conclusions que la science nous dicte. Nous ne sommes pas opposés au progrès et à la science car ils nous donnent les moyens de ne pas reproduire les erreurs du passé et nous permettent d’en éviter de nouvelles.

Le pragmatisme nous amène à mener des combats pour obtenir des résultats immédiats et significatifs en nous permettant de générer des processus d’accumulation de forces. Nous sortons plus nombreux-ses et motivé-e-s de chaque bataille menée sans jamais nous compromettre.

Dans un contexte où la déformation de la notion même de société civile est en train d’être récupérée et déformée au service des entreprises qui seraient son incarnation, nous devons continuer de nous organiser. Le camp climat que nous organisons avec Alternatiba et ANV-COP21 en est un moyen et est déjà une réussite. Moins de deux semaines ont suffi pour afficher complet. Cet été, ce sont 500 personnes
qui viendront se former et construire avec nous ce mouvement radical et pragmatique fondé sur la convivialité et le respect de tou-te-s.

« Changer le système, pas le climat » n’est pas qu’un slogan. C’est une nécessité qui ne permet aucun compromis. Il nous impose de mettre en place les stratégies et les tactiques qui changeront la donne. Non seulement la résistance est possible, mais l’échec est quant à lui impossible.

Florent Compain, Président des Amis de la Terre France,