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Climat-ÉnergieFinance
10 mai 2019

Rothschild soutient un projet rejeté par 47 banques et assureurs internationaux

Rares sont les projets aussi controversés que celui de Carmichael, un projet de production et d’exportation de charbon au nord-est de l’Australie. Le projet comprend une mine de charbon mais aussi les infrastructures destinées à son exportation par voie ferrée par bateaux à travers la Grande Barrière de corail.

D’une production annuelle autorisée de 60 millions de tonnes, le projet pourrait contribuer à émettre sur sa durée de vie 4,6 milliards de tonnes de CO2, soit l’équivalent de 15 années d’émissions de la France. Outre la menace qu’il pose pour les réserves hydriques dans une région qui souffre déjà de sécheresses, l’industrialisation portuaire et le développement du trafic maritime menacent l’un des écosystèmes marins les plus riches au monde, la Grande Barrière de corail, inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco.

La majorité de la population australienne est opposée au projet, avec en tête de la mobilisation les propriétaires traditionnels, les peuples autochtones Wangan et Jagalingou, et les exploitants agricoles.

Le projet a aussi été rejeté par 47 grandes banques et assureurs internationaux. Parmi eux, les (ré)assureurs français AXA et SCOR, mais aussi les banques BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale qui ont été parmi les premiers à exprimer publiquement en 2015 leur rejet au projet et plus généralement au développement de l’exploitation du charbon dans le bassin encore intacte de Galilée.

« BNP Paribas n’a pas l’intention de participer au financement de projets de mines de charbon dans le bassin de Galilée en Australie, ni à celui d’infrastructure associées » . Courrier de BNP Paribas, 20 mars 2015.

« Compte tenu du nombre et de l’ampleur des émissions liées aux projets de développement du charbon prévus dans le bassin de Galilée, Crédit Agricole SA n’a pas l’intention de financer ces projets ou leurs installations associées. » Courrier de Crédit Agricole, 27 mars 2015.

« Société Générale confirme avoir suspendu son implication dans le projet Alpha Coal. En conséquence, Société Générale aujourd’hui n’est impliquée, ni n’envisage d’implication dans des projets de mines de charbon et d’infrastructures associées du Bassin de Galilée, situé en Australie ». Courrier de Société Générale, 27 mars 2015.

« Nous ne couvrons pas les actifs de la mine Carmichael, et n’avons pas l’intention de le faire à l’avenir. Nous avons actuellement une politique pluriannuelle de couverture partielle du patrimoine ferroviaire qui expirera en 2020 et que nous ne renouvellerons pas. Adani est exclu de nos investissements tant en actions que pour ceux à revenu fixe. » Courriel d’AXA du 13 décembre 2018

« SCOR n’est ni impliqué ni n’a l’intention d’être impliqué dans la couverture en assurance ou réassurance du projet d’investissement d’Adani connu sous le nom de projet Carmichael, incluant le projet ferroviaire ». Courriel de SCOR du 14 décembre 2018

Suite au refus des grandes banques internationales, Adani a annoncé en novembre 2018 qu’il auto-financerait le projet dont le coût s’elève à 1,3 milliards d’euros. Et pour réunir cette somme, Adani cherche à vendre une part des actifs qu’il détient dans le port d’exportation d’Abbot Point situé sur la côte du Queensland. C’est transaction ne peut se faire sans l’intermédiaire d’une banque et c’est donc la franco-anglaise Rothschild & co qui a signé en mai 2018 un contrat pour un mandat de conseil destiné à sortir le projet de l’impasse financière dans laquelle il se trouve.

Autrement dit, c’est une banque dont le siège social est situé à Paris, ville hôte de la COP21 et de la 7ème séance de l’IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques) qui pourrait signer le lancement d’une bombe climatique et l’arrêt de mort de la Grande Barrière de corail.

Echanges entre les Amis de la Terre et les banques