Climat-Énergie
17 décembre 2010

Un territoire engagé pour l’économie soutenable

A l’issue d’une vaste concertation, un tiers du département de la Drôme a décidé de s’investir dans Biovallée, un projet de territoire donnant la priorité à l’agriculture biologique et aux activités soutenables.

En mars 2009, quatre communautés de communes de la Drôme, représentant 102 municipalités et 52 000 habitants depuis le pays de Die jusqu’au Rhône (soit un tiers du département) se sont associées pour lancer le grand projet Biovallée. Celui-ci veut faire de la vallée de la Drôme un « Fribourg rural » d’ici à 2015, un écoterritoire exemplaire à l’échelle européenne en même temps qu’un laboratoire du développement soutenable. Aidés financièrement par la région Rhône-Alpes et le département de la Drôme, les décideurs locaux se sont activement concertés pour un programme d’action global : développement de modes de transport propres, rénovation écologique du bâti ancien et applications des normes thermiques les plus ambitieuses pour le neuf, construction de 15 écoquartiers, mise en place de formations techniques et universitaires spécialisées… et alors que 20 % des exploitations de la vallée sont déjà en bio, le projet entend porter cette part à 50 %.

Structuration des filières

Deux objectifs témoignent à eux seuls de l’ambition du projet : diviser par quatre la consommation énergétique par habitant (hors transports) d’ici à 2020, et la couvrir à 100 % par les énergies renouvelables locales grâce au fort potentiel éolien et solaire du territoire.

Mais il s’agit aussi de donner au territoire les moyens de vivre d’une façon plus respectueuse de la biosphère sans oublier les contraintes socio-économiques, qui constituent souvent un point d’achoppement dans la transition vers des économies soutenables. Le projet Biovallée ambitionne ainsi d’aider à la structuration de trois filières en plein essor dans la vallée de la Drôme, et appelées à un avenir radieux : la valorisation des « bio-ressources » ([/lexique]agriculture biologique[/lexique] et transformation des plantes aromatiques et médicinales en tête) les énergies renouvelables, et l’éco-construction à partir de matériaux transformés ou fabriqués sur place.

Faire adhérer la population

L’objectif est chiffré et volontariste : la première étape consiste à créer de 1 000 à 2 000 emplois dans ces filières d’ici à 2015. Autant d’emplois non délocalisables et soutenables qui permettront aux habitants de la vallée de travailler à la fois près de chez eux, et pour le développement et l’aménagement de leur territoire. Une dynamique positive qui devrait aussi permettre aux décideurs locaux de remporter l’adhésion de la population à Biovallée.

Nul ne sait encore si tous les objectifs du projet seront remplis, et le calendrier tenu. Mais dans une France ultracentralisée, en retard dans bien des domaines en matière d’écologie, Biovallée aura au moins le mérite de prouver que les territoires peuvent, eux aussi, expérimenter des solutions aussi innovantes que soutenables en matière d’emploi. Un vrai pied-de-nez à la crise économique actuelle, symptôme d’un modèle productiviste et ultramondialisé voué à décliner…

GWENAEL WASSE