Thématique

Agriculture

Face aux déséquilibres engendrés par le système agricole et alimentaire industriel, rétablir des agricultures biologiques et paysannes, seules susceptibles de nourrir les populations de façon soutenable, est un enjeu vital pour nos sociétés.

Problèmes

Effondrement de la biodiversité

La diversité des écosystèmes, des espèces mais aussi la diversité génétique cultivée sont gravement menacées. Alors que par le passé 10 000 espèces étaient cultivées pour nous nourrir, seule une vingtaine d’espèces végétales et animales assurent désormais notre alimentation. Les fermes reposant sur la polyculture-élevage au service d’une plus grande biodiversité régressent au profit d’exploitations spécialisées reposant sur les monocultures et l’élevage industriel. L’usage des pesticides  pèse lourdement sur les espèces vivantes. L’intensification de l’agriculture est ainsi devenue la principale cause de déclin des espèces d’insectes au niveau mondial. En France, les populations d’oiseaux vivant en milieu agricole ont perdu un tiers de leurs effectifs en 17 ans. La place toujours croissante de l’élevage industriel au niveau mondial contribue aussi fortement à la perte de biodiversité. Aujourd’hui, les animaux d’élevage représentent une masse 10 fois supérieure à celle des mammifères et oiseaux sauvages ; ils représentent aussi 1,7 fois la masse totale de l’humanité.

 

 

Dérèglements climatiques

Les paysan·ne·s sont parmi les premières victimes des impacts de la crise climatique qui accroît jour après jour leur vulnérabilité. La violence et la fréquence accrues des événements climatiques extrêmes comme les vagues de chaleur et sécheresses, les pluies torrentielles et inondations, le tempêtes ou les cyclones ont des conséquences directes sur leur activité agricole.

D’un autre côté, le système agricole et alimentaire mondial, toujours plus industrialisé, est à l’origine d’au moins un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre si on considère l’ensemble du système, du champ à l’assiette. En tenant compte des terres déforestées pour étendre toujours plus les plantations industrielles, les cultures et l’élevage sont à l’origine de 24 % des émissions mondiales. L’élevage industriel et les engrais de synthèse sont deux facteurs clés de ces émissions constituées de méthane et de protoxyde d’azote.  Au niveau mondial, l’utilisation d’engrais a été multipliée par 10 depuis 1960. Ces marqueurs de l’industrialisation de l’agriculture sont par ailleurs gourmands en énergies fossiles, notamment en amont et aval de la production.

Destruction des sols

Mondialement, les forêts et les savanes sont les premières à payer le prix de l’extension agricole pour l’élevage et les agrocarburants. En France, urbanisation, bétonnage,  recours accru à la biomasse pour l’énergie sont autant de sources de concurrence pour l’usage des sols  et mènent à une perte continue de terres agricoles. Dans le monde, 1 hectare par seconde disparaît en moyenne et ce sont 60 000 hectares de terres agricoles qui disparaissent en France chaque année (soit 6 fois Paris ou 85 000 terrains de foot). Pire encore, les sols agricoles qu’il nous reste sont de moins en moins fertiles : utilisation intensive des engrais et pesticides de synthèse, mécanisation exacerbée et érosion se renforcent au détriment de la santé des sols. Des techniques réduisant l’impact des machines sur les sols, comme le “non-labour” ou “agriculture de conservation”, se développent, mais en s’appuyant souvent sur des herbicides comme le glyphosate, ce qui n’est pas une solution satisfaisante.

Raréfaction et détérioration des ressources en eau

La raréfaction des ressources en eau, aggravée par le dérèglement climatique, entraîne une compétition croissante dans leur usage. Entre 1900 et 1975, la consommation de l’eau pour l’agriculture a été multipliée par 6. Actuellement, 70 % des prélèvements d’eau au niveau mondial sont destinés à l’agriculture. L’agriculture intensive a ainsi recours à d’importantes infrastructures d’irrigation incompatibles avec les ressources disponibles.

Elle est également un facteur majeur de détérioration de la qualité de l’eau. La pollution aux nitrates en France est par exemple imputable essentiellement à l’élevage et aux engrais de synthèse. Cette pollution entraîne d’importants coûts de dépollution supportés par les citoyen·ne·s.

Lobby du secteur de l’industrie agro-alimentaire

La recherche de profits croissants par l’industrie agro-alimentaire conduit à des risques collectifs qui vont en s’aggravant : outre la dégradation environnementale et sociale déjà évoquée, nous subissons les résidus de pesticides, les abus d’antibiotiques, les plantes manipulées et le brevetage des variétés, les OGM clandestins non-étiquetés ou évalués, les nanotechnologies profitant du quasi-vide réglementaire, etc. La recherche de standardisation et d’accroissement des exportations met à mal un modèle agricole et alimentaire soutenable, farouchement combattu par les lobbys agro-alimentaires. En témoignent les tentatives d’interdiction des alternatives comme les marchés en plein air, les semences fermières ou encore les préparations naturelles peu préoccupantes. La collusion des multinationales avec les pouvoirs publics et les difficultés rencontrées par le secteur de la recherche pour mener à bien des études alternatives à la vision productiviste sont aujourd’hui un immense défi à relever. En continuant de financer largement les fermes industrielles au service de ce modèle intenable, la Politique Agricole Commune (PAC) aggrave les enjeux environnementaux et sociaux.

Accords de commerce

En 30 ans, le commerce alimentaire international a augmenté de 182 %. Les produits alimentaires, soumis aux normes industrielles, sont devenus de simples marchandises, affaiblissant la capacité des peuples à choisir leur alimentation. La pression publicitaire et celle des lobbies encouragent la consommation d’une nourriture grasse, sucrée, salée et ultra-transformée dont l’effet sur la santé est aussi sérieux que ceux de l’alcool et du tabac.

Les accords de commerce actuels aggravent cette situation mondiale où la quantité est privilégiée à la qualité. Surconsommation de protéines animales issues principalement des élevages industriels et défaut de traçabilité des produits sont aussi des conséquences de cette course aux accords de commerce, nivelant par le bas notre alimentation et contribuant à la malnutrition mondiale. Actuellement, près d’une personne sur trois dans le monde n’a pas accès à une alimentation de qualité. Le modèle de production agricole associé à cet emballement pour le commerce international contribue à une industrialisation croissante de notre agriculture, au mépris des paysan·ne·s. Depuis les années 60, la France a perdu 3 millions de paysan.ne.s.

Solutions

Souveraineté alimentaire et emploi paysan local

Les Amis de la Terre défendent le droit des peuples à la souveraineté alimentaire, à contrôler leurs ressources et à promouvoir des systèmes agricoles diversifiés et relocalisés permettant de développer des emplois respectueux de l’environnement. Les Amis de la Terre soutiennent la création de marchés locaux et de transformation à petite échelle, pour des paysan·ne·s nombreux·ses dans une économie de proximité qui garantit qualité et transparence. L’installation de nouvelles agricultrices et nouveaux agriculteurs détenant la maîtrise de leurs outils (terre, eau, semences, technologies) est indispensable.

Vocation alimentaire de l’agriculture

Les Amis de la Terre défendent la vocation nourricière d’une agriculture vivrière, le droit de tou·te·s à une alimentation saine, nourrissante et adaptée culturellement mais aussi accessible sur leur territoire. Cela implique l’accès aux ressources nécessaires pour produire ces aliments et le développement d’une agriculture soutenable à tous les niveaux : environnemental, économique et social. Les Amis de la Terre s’opposent à la vocation exportatrice de l’agriculture telle que défendue par le modèle industriel. Nous défendons des modèles alimentaires basés sur des produits peu transformés, comportant moins de viandes et de produits animaux et plus de légumes et de protéines végétales dans les pays industrialisés.

Protection de la biodiversité et mise en place de l’agroécologie

Les Amis de la Terre défendent la biodiversité domestique et culinaire ainsi que la préservation des savoirs paysans. La biodiversité domestique est indispensable pour s’adapter aux effets des changements climatiques. Rotation des cultures, polyculture, sortie des intrants de synthèse (pesticides et engrais), utilisation des races et semences de pays et élevages en plein air sur des zones pastorales doivent être privilégiés.

Refus des biotechnologies agricoles et brevetabilité du vivant

Les Amis de la Terre s’opposent par tous les moyens non-violents à l’utilisation des biotechnologies en agriculture : les OGM en plein champ, la biologie synthétique, les nanotechnologies et toute transformation de plantes par des méthodes non-naturelles qui ouvrent la voie aux brevets tout en bénéficiant souvent d’une absence d’étiquetage.

Convergence des mouvements de résistance

Les Amis de la Terre œuvrent prioritairement aux côtés des organisations paysannes et des réseaux de consommatrices et consommateurs. La pérennité des avancées doit passer par l’union des mouvements écologique et social. En ce sens, les Amis de la Terre agissent au cœur de cette convergence.

Demandes

01

Objectif zéro OGM

- Appliquer la législation européenne sur les OGM aux nouveaux OGM aussi appelés OGM « cachés » qui utilisent des techniques de génie génétique similaires visant à modifier une ou plusieurs caractéristiques de la plante - Mettre fin à l’importation de matières premières OGM (en particulier pour l’alimentation animale)

02

Objectif zéro pesticides de synthèse

- Acter une véritable politique de sortie des pesticides de synthèse (réorientation des aides publiques, accompagnement des paysan·.ne·.s, évaluation de la dangerosité des effets cocktails) - Mettre les PNPP dans le domaine public pour donner aux agriculteur·rice·s accès à des alternatives naturelles aux intrants chimiques, ce qui diminuerait les coûts d'exploitation tout en préservant l'environnement et la santé

03

Sortir de la dépendance aux engrais chimiques

- Taxer l’industrie des engrais de synthèse à hauteur des dommages environnementaux causés (principe du pollueur/payeur)

04

Développer les cultures de légumineuses

Pour remplacer les engrais chimiques, développons les cultures de légumineuses comme les lentilles, pois chiches, luzerne, etc...

05

Soutenir l’élevage paysan et mettre fin à l’élevage industriel

Interdire tout nouveau projet de ferme-usine qui contribue à l’industrialisation des élevages

06

Transformer la politique agricole commune

- Restructurer la politique agricole commune (PAC) afin de mettre fin aux subventions accordées au nombre d’hectares et qui favorise les grandes exploitations, au profit d'une aide à l'actif qui favorise l'emploi - Soutenir financièrement les paysan·.ne·.s pour l’accompagnement et le maintien d’une agriculture qui s’affranchit des intrants de synthèse, comme l’agriculture biologique