Bonjour!

Vendredi nous avons exploré les nuisances et pollutions induites par l’entrepôt logistique. Notre thème du jour est le risque incendie 🔥, qui est particulièrement élevé dans ce type d’entrepôts. Un sujet qui devrait nous interpeller dans le Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne.

Mais avant cela, histoire de bien savoir de quoi il s’agit, voici un bref rappel :
Depuis 3 ans, la communauté de commune du Val de L’Eyre porte un projet de construction d’une plateforme logistique de grande ampleur (env. 72000 m2) auprès du promoteur PRD.
Cet entrepôt, probablement dédié au e-commerce, serait implantée sur une parcelle de 19 hectares dont 13 concernent une zone humide, sur la Zone Sylva 21.

Les incendies d’entrepôt

Une étude réalisée en 2017 par les services de l’état nous apprend que l’incendie est le type d’accident le plus fréquent dans les entrepôts avec 82% des cas. (à comparer avec la moyenne tous secteurs de 60% en 2016).

Ces incendies nécessitent l’intervention de nombreux pompiers et engendrent parfois des interruptions de circulation routière et ferrée, et-ou l’évacuation des logements alentours, ainsi que des conséquences sur l’environnement et la santé des riverains : fumées toxiques, pollution de l’eau et des sols par les eaux d’extinction.

De plus les pompiers rencontrent des difficultés majeures pour maîtriser ces incendies : manque d’eau d’extinction, effondrement de structure métallique, mauvaise accessibilité aux façades, etc…

À Rouen, lors du projet de construction d’un entrepôt Amazon de 150 000 m², les pompiers ont alerté sur l ‘impossibilité de maîtriser le feu :

Le premier rapport (12 juin) pointe une « impossibilité opérationnelle de limiter la propagation de l’incendie » pour les pompiers en cas de non-maîtrise de l’incendie par les systèmes d’extinction automatique (sprinklers) en raison du risque d’effondrement des structures qui empêcherait les pompiers de pénétrer dans le bâtiment.

Les Échos, 2 nov. 2020.

Les matières et produits combustibles

Les départs de feu sont généralement liés aux matières stockées elle-mêmes (chocs thermiques, mauvaises manipulations), regardons ce qui est prévu à Belin-Béliet. D’après les annonces déjà en ligne, l’entrepôt logistique sur la zone Sylva 21 sera autorisé à stocker les matières combustibles suivantes : papiers, cartons, bois, polymères (matières plastiques, caoutchoucs, élastomères, résines et adhésifs synthétiques) et pneumatiques.

Des produits combustibles courants, correspondant bien à un cahier des charges e-commerce. Toutefois le volume de stockage sur un seul lieu défie l’entendement : huit “cellules” de stockage contiguës de 10 000m² sur 10.2m de haut, pour un volume total utilisable de plus de 820 000m³!

Une démesure fatale en cas d’incendie, qui transforme rapidement un départ de feu en brasier. Un brasier toxique dont le panache de fumée peut inquiéter le quartier Lauray dont les premières habitations sont à 300m environ, et dont les eaux d’extinction n’auront d’autre choix que de ruisseler vers la Leyre en aval.

Le Parc et le réchauffement climatique

Enfin, replaçons ce projet dans son environnement exceptionnel au coeur du parc régional naturel des Landes de Gascogne. (La formulation est dans l’annonce de location!). Ce même parc, constitué en grande partie de monoculture du Pin, particulièrement inflammable. Si la pinède est aujourd’hui bien surveillée par les services d’incendie et de secours, on sait que le réchauffement climatique va poser de sérieux défis très rapidement : départs de feux de plus en plus fréquents, sur des forêts de plus en plus sèches :

L’entrepôt sur la zone Sylva 21 est situé à proximité de parcelles de pins et une propagation d’incendie de l’entrepôt vers ces parcelles, ou l’inverse, est à prendre en compte dès maintenant, en tenant compte du changement climatique déjà engagé pour les décennies à venir.

Interrogé par France 3 en 2020 sur les méga feux, un spécialiste met en garde :

Nous avons de grandes raisons d’être inquiets pour l’avenir. Est-ce que ce qui s’est passé en Californie ou en Australie pourrait se produire en France ? Cela arrivera certainement un jour, et probablement dans les Landes.

Julien Ruffault

chercheur à l’Institut national de la recherche agronomique (INRAE) et spécialiste de l’Ecologie des Forêts Méditerranéennes

Sachant que ce type d’entrepôt, et le mode de vie qui va avec, ne sont pas étrangers au dérèglement climatique, la boucle est bouclée. Il semble urgent d’envisager autre chose…

Pour plus d’informations sur ces thèmes, consultez les sources suivantes  👉🏼

• L’annonce de location pour l’entrepôt
• Le dossier de TPZH sur le risque incendie du projet PRD
• Le dossier de Météo-France sur les feux de forêts

Continuons à réfléchir ensemble à l’occasion du débat public :

Débat en présence d’Alma Dufour
Chargée de la surconsommation aux Amis de la Terre France

Merci d’avoir lu cet article jusqu’au bout. Vendredi prochain retour des vidéos avec le sujet crucial des emplois promis par le promoteur PRD.