Le faux plan du gouvernement et de sa majorité parlementaire pour diminuer le soutien de la France aux énergies fossiles
Dans le cadre du Projet de loi de finances 2021, le gouvernement et sa majorité ont voté dans la nuit le maintien des aides financières de l'Etat pour les nouveaux projets d’exploitation pétrolière jusqu’en 2025, et gazière jusqu’en 2035.
Les Amis de la Terre et Oxfam France dénoncent vivement ce faux plan de sortie des subventions aux énergies fossiles, totalement incompatible avec l’urgence climatique.
L’inscription dans la loi des trajectoires de fin des soutiens publics aux énergies fossiles à l’étranger fait suite à la remise d’un rapport du gouvernement à l’assemblée nationale, le 12 octobre dernier, sur une série de mesures pour “verdir” les aides à l’exportation françaises. 1 Elles complètent les premières exclusions inscrites dans la loi en 2019 2 mais sont vivement critiquées par les organisations non gouvernementales, qui demandent la fin de toutes les subventions aux énergies fossiles dès 2021. Pas plus tard qu’hier, dans une tribune publiée dans le journal Le Monde 3, Gaël Giraud, Jean-Marc Jancovici et Laurence Tubiana appelaient les députés à faire preuve de lucidité et de cohérence en supprimant ces subventions. “Vous avez acté l’interdiction de la recherche et de l’exploitation d’hydrocarbures en France, accepterez-vous vraiment de les soutenir financièrement à l’étranger jusqu’en 2035 ?” interrogeaient-ils.
Les députés de la majorité sont restés sourds à cet appel. Une nouvelle fois, les mesures prises à court terme pour interdire le soutien aux hydrocarbures non-conventionnels sont anecdotiques. Elles ne permettent pas de freiner l’expansion des énergies fossiles dans le monde, ne forcent pas les industriels français actifs du secteur des hydrocarbures à changer radicalement de modèle économique, ni à enclencher la reconversion de leurs travailleurs. Les trajectoires adoptées laissent la porte ouverte au soutien à d’immenses projets gaziers jusqu’en 2035, à l’image du projet de Total en Arctique que le gouvernement s’apprête à subventionner 4. Les exclusions proposées ne concernent même pas toutes les infrastructures de transport d’hydrocarbures (gazoducs, oléoducs, terminaux GNL) ou les centrales de production d’électricité, qui pourront encore être soutenues. Elles représentent pourtant une partie conséquente du portefeuille de Bpifrance Assurance Export dans l’énergie. Tous les amendements visant à adopter des trajectoires plus ambitieuses ont été rejetés.
« Hier, Barbara Pompili répétait au Forum de Paris pour la paix qu’il était nécessaire de supprimer les subventions aux énergies fossiles. Aujourd’hui, la majorité remet aux calendes grecques la fin des soutiens publics aux hydrocarbures à l’étranger. C’est incohérent, hypocrite, irresponsable et le pire c’est qu’ils en sont fiers.”
« La majorité fait donc le choix de continuer à aider financièrement, pendant encore plus de 15 ans, le développement de projets d’énergies fossiles à l’étranger, que la France s’est elle-même interdite d’exploiter. Où est la cohérence ? Où est la réponse à l’urgence climatique ? Si Emmanuel Macron veut être cohérent avec son discours à la tribune des Nations Unies, en septembre 2019, sur la fin des financements export dans les infrastructures polluantes, il devra rectifier le tir le 12 décembre prochain lors du 5ème anniversaire de l’Accord de Paris » conclut Alexandre Poidatz, chargé de plaidoyer Finance et transition énergétique chez Oxfam France.
Les Amis de la Terre France, Décryptage du plan climat du gouvernement sur les financements export, octobre 2020.
Les Amis de la Terre et Oxfam France, Le gouvernement veut continuer à assurer le chaos climatique, novembre 2019
Gaël Giraud, Jean-Marc Jancovici et Laurence Tubiana, « Développer des projets pétroliers et gaziers reviendrait à verrouiller l’économie mondiale dans la dépendance aux hydrocarbures »
Le Monde, La France pourrait soutenir un gigantesque projet gazier dans l’Arctique russe, septembre 2020