Finance
Communiqué de presse23 mars 2020

Plan de relance face au coronavirus : surtout, ne rien changer

Lors de l’examen de la Loi d’Urgence sanitaire samedi soir, le Gouvernement et l’Assemblée ont rejeté l’amendement transpartisan signé par 45 députés faisant de la transition écologique l’outil de relance de l’économie, passé les mesures d’urgence.

Montreuil, 23 mars 2020 – Lors de l’examen de la Loi d’Urgence samedi soir, le Gouvernement et l’Assemblée ont rejeté l’amendement transpartisan de 45 députés faisant de la transition écologique l’outil de relance de l’économie, passé les mesures d’urgence. Cette décision semble acter qu’il n’y aura pas de tournant dans la politique économique, sociale et climatique du Gouvernement après la crise sanitaire du Coronavirus. La priorité donnée au soutien à l’ensemble des activités, y compris les plus polluantes, risque même de provoquer un rebond des émissions de gaz à effet de serre, une fois la récession derrière nous. Décryptage.

Samedi soir, l’Assemblée nationale a rejeté un amendement transpartisan porté par 45 députés1, dont certains issus du bloc majoritaire, proposant de faire de la réponse aux besoins colossaux2 de la transition écologique l’instrument de relance de l’économie, passé les mesures de sauvetage d’urgence. Pourtant, si la courbe des émissions de gaz à effet de serre n’est pas rapidement inversée, le dérèglement climatique générera une multitude de crises écologiques, politiques et sanitaires, encore plus dramatiques que la pandémie actuelle.

Les marchés financiers ne résistant pas au choc du Coronavirus, la dépendance des banques et des multinationales au sauvetage public donne à l’Etat le pouvoir de leur imposer de nouvelles règles. Or, malgré la communication du Président de la République3, le Gouvernement semble s’orienter vers un soutien sans condition des multinationales les plus polluantes. Bpifrance s’est ainsi préparée à renflouer des entreprises cotées au CAC 40 à travers le fonds d’investissement Lac d’argent, en partenariat avec un fonds souverain émirati.4 Autres sujets d’inquiétude : le sauvetage du secteur aérien sans imposer de réduction du trafic5, ou l’éventuel renflouement des banques au niveau européen, sans exiger qu’elles mettent fin au 2700 milliards d’euros qu’elles ont investi dans les énergies fossiles depuis 2015.

“Face à ce séisme mondial qui n’en est sans doute qu’à ses premières ondes de choc, pèse déjà la menace de réponses soutenant les acteurs économiques et financiers les plus puissants, et qui viendraient renforcer un peu plus le système nocif à l’origine de la crise. Il serait inacceptable que les pouvoirs publics activent tous leurs outils financiers pour sauver les banques et les multinationales les plus polluantes sans condition. Pourtant, c’est exactement ce qui est en train de se dessiner !”, commente Cécile Marchand, chargée de campagne climat et acteurs publics aux Amis de la Terre.

Le plan de relance économique s’appuiera sans nul doute sur un “pacte productif”, imaginé par le gouvernement bien avant la crise, qui mise sur des fausses solutions qui risquent d’augmenter l’empreinte carbone de la France plutôt que de la réduire : agriculture digitale, agrocarburants, numérique… Les grandes entreprises polluantes pourraient bénéficier de baisses d’impôts, sans que cela ne soit conditionné à la réduction de leurs émissions.

Alma Dufour, chargée de campagne surproduction aux Amis de la Terre conclut : « Cette crise est un tournant historique. Il y aura un avant et un après” disait Emmanuel Macron. En rejetant l’amendement des 45 députés fléchant le plan de relance de long terme sur la transition écologique, les décideurs français font le choix d’un après qui nous conduit droit dans le mur. »

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Notes
1

 Amendement 214 au projet de loi D’URGENCE POUR FAIRE FACE À L’ÉPIDÉMIE DE COVID-19 – (N° 2764) 

2

Rénovation énergétique, transports publics, restructuration du tissu industriel et agricole français et européen pour réduire les chaînes de valeurs…